Je ne peux résister au plaisir de citer cet extrait de la plaquette parue dans le ACTUFNAC de mars :
Longtemps considérés en France comme de la sous-marchandise, exploités exclusivement dans des salles de quartiers pour ouvriers et parfois surnommés "le porno de l'immigré", les films de la Shaw Brothers ont souffert d'un dédain inouï, parfois teinté d'un racisme évident. une époque où certains des plus beaux films de Chang Cheh sortaient sous des titres comme La Brute, le Bonze et le Méchant ; Karaté à mort pour une poignée de soja ; Il faut battre le Chinois pendant qu'il est chaud, etc. Une époque où le film de kung-fu était appelé le "cinéma karaté" et où Annie Cordy parodiait à la télévision cette culture filmique en chantant "Ya Kasiti Ya Kasoto".
A préciser que ces propos qui font allusion aux années 70 étaient encore tout à fait d'actualité plus de dix ans après. Eh oui, preuve en est une fois de plus que la vie était "dure" pour nous autres passionnés.
Ces films éminemment populaires et héroïques ont pourtant triomphé de toutes ces humiliations et bercé les premières années d'une nouvelle génération cinéphile, qui leur ouvre aujourd'hui les portes de la Cinémathèque. ...
Et ça n'aura pas été grâce à la FNAC, qui se vantait, lors de l'inauguration de la Cigale en salle de concert, de faire venir la "vraie" culture là où ne sévissait, quelques mois plus tôt, que la série Z. C'était en substance l'annonce faite sur les écrans qui fleurissaient alors sur les quais du métro.
Mais comme je suis objectif, je vais également me faire l'avocat du diable en rebondissant sur la remarque d'Arioch :
arioch a écrit :C'est super sympa mais en même temps 46 films, c'est une goutte d'eau par rapport au catalogue de la Shaw Brothers. Ce serait bien que des personnes s'intéressent d'ailleurs à autres choses que le kung fu et le film de sabres dans leur catalogue.
Pour avoir aperçu du coin de l'oeil, dans les salles du quartier asiatique, au mitan des années 80, un film de guerre et deux-trois polars seventies produits par les Shaw, peut-être vaut-il mieux que certaines bandes restent à l'état de fantasmes cinématographiques. Voir nos artistes martiaux peiner à faire preuve de compétences de jeu dans leurs costumes étriqués, ou les habituels décors du studio maladroitement reconvertis en illustrations d'autres époques, provoquaient quand même la pitié plus qu'autre chose.
Ceci dit, moi je veux bien tout voir (vous me connaissez), mais là je pense franchement qu'on foncerait dans le mur du suicide "commercial".