Ruben confirme son talent de metteur en scéne avec ce Beau père, film malsain dont il pose progressivement les pierres. Une des forces du film en effet réside dans cette façon d'agencer la mise en scéne et cette histoire pour en faire monter lentement mais surement l'inquiètude puis l'horreur.
L'ouverture du film nous présente donc cet homme, Jerry, comme un terrible psychopathe ayant décimé sa famille précédente suite à l'échec de son mariage , un beau-père, image même du père de famille équilibré et sain à la recherche de la cellule famillale parfaite, de la plus parfaite des harmonies, centre névralgique de son obsession.
Le propulsant dans une nouvelle famille, Ruben s'attache alors à la relation qui va l'unir à sa nouvelle belle-fille. C'est dans un premier temps sur le mode du conflit qu'il décide de la traiter, relation conflictuelle doublée de méfiance surtout lorsque la jeune fille le surprend en pleine crise d'hystérie dans la cave.
Puis il renverse son jeu et c'est sur le mode de l'apaisement qu'il la fait dévier lorsque Stephanie, rassurée par ce qu'elle pense être enfin un retour à une vraie vie de famille, croit s'être trompée sur son compte. Et c'est dans la paix et la sérenité que se partagera le repas de Thanksgiving.
Mais ce calme apparent et ce bonheur si semble t'il parfait ne sont là que pour mieux nous lénifier juste avant l'horreur et l'hystérie finale. Il ne faut pas oublier que sous cet aspect idyllique se cache un homme aux multiples vies, vies qu'il a du mal parfois à ne pas emmeler lorsqu'il évoque son passé, se contredisant parfois.
Lentement, le masque se craquèle et Ruben nous fait de nouveau entrevoir le psychopathe qui se cache en lui, le merveilleux beau-père laissant transpirer le monstre qui sommeille en lui.
C'est à une lente montée du suspens auquel on a alors droit entrecoupée de moments parfois insoutenables comme ces silences pesant à table, lorsqu'il parle seul ou est pris de tics nerveux sans oublier les flashes où il change de visage et part en quête d'un nouveau boulot donc d'une nouvelle vie et par conséquent d'autres victimes.
Là où Ruben réussit particulièrement bien le portrait de son psychopathe c'est lorsqu'il en fait un homme presque pathétique, tentant de le montrer sous son meilleur jour en pleurs devant le tableau d'une enfant et sa famille, ému le jour de Thanksgiving ou heureux un jour de fête entouré de ses amis.
Jerry devient alors presque humain, trop humain, tendre et sentimental, homme fragile et vulnérable, cherchant un bonheur que la vie lui refuse.
Ruben joue sur le même tableau que William Lustig dans son approche systematique du comportement clinique de son tueur, cette approche humaine du monstre, cette face cachée tapie au plus profond de lui et qui resurgit de temps en temps, fournissant un semblant d'excuse aux horreurs qu'il commet.
Ruben sait également jouer la carte de l'auto-dérision avec son inspecteur fadasse et ridicule, frère de la première feme de Jerry, enquêtant sur la disparition de sa nièce et qui se fera poignarder tout aussi bêtement par l'assassin qu'il traquait.
Déroutant et étonnant de justesse, The stepfather est un film sur la boulimie familiale, ses normes qu'imposent le cocon familial. Mieux vaut vivre dans une famille éclatée que dans une famille qui se déchire semble vouloir nous dire Rubens.
Fort bien interprété par Terry O'Quinn qui campe ici un véritable fou au sens proprement pathologique du terme et sur les épaules duquel tient toute la force et le génie du film, Le beau père est un véritable petit thriller psychologique, s'éloignant facilement des traditionnels psycho-killers par sa volonté d'être original et de developper son suspens.
A ses cotés la Hack ex-Drole de dames sur le retour.
S'il demeure plutôt classique dans son scénario, il se differencie de tous ces petits frères par cette mise en scène aussi parfaite que veut l'être son triste héros.
Le corbeau psychopathe qui adore jouer les beau-pères martyrs!
