
Le DVD Z2 sorti chez SNC (et non pas l'édition TF1) offre une version remastérisée 1.66:1 avec 16/9, 2H11, une VF 2.0 surround (discret mais présent), une interview de Jean Becker et deux films annonces (celui du film et Le petit Bougnat).
D'après un roman de Sébastien Japrisot, le film fut un succès surprise en 1983. Il forgea le "mythe" Isabelle Adjani, qui remporta le César de la meilleure actrice.
La durée peut rebuter, mais curieusement, le scénario assez alambiqué et les relations complexes qui s'établissent entre chaque personnage justifie de la longueur inhabituelle.
Je ne l'avais pas revu depuis sa sortie, en fait, et j'en gardais un souvenir relativement flou.
Je suis agréablement surpris de cette nouvelle vision, et à quel point Becker maitrise son sujet. Oscillant entre comédie de mœurs, portrait psychologique et récit policier, il réussit à trouver un parfait équilibre entre chaque pan de son histoire.
Adjani dérange un peu au début du métrage avec un jeu qui sonne terriblement faux. ce qui devient en fait la meilleure arme de cette femme/enfant, jouant avec les conventions, teneuse d'un discours à la fois terriblement sombre, adulte et une manière de s'exprimer quasi enfantine.
Les seconds rôles sont magnifiquement servis par des dialogues percutants et une direction d'acteurs impeccable. Jenny Clève est réjouissante de duplicité, Suzanne Flon (qui a euaussi un césar, il me semble) excelle dans le role de la vieille sourde qui en sait plus long qu'on ne croit et Maria Machado s'en tire avec tous les honneurs d'un rôle difficile (la mère d'Adjani).
SPOILERS La scène du viol est en ce sens assez dure. FIN SPOILERS . Galabru fait bonne figure, aussi, dans le role du père paralytique. Et offre au film une de ses scènes les plus bizarres : lorsqu'il touche sa fille au niveau des cuisses alors qu'elle se trouve sur une échelle. est-ce l'acte d'un père? souhaite-t-il plus de sa fille? Pas de réponse apportée, le spectateur est laissé à l'appréciation de ce que la caméra montre de manière naturelle. Un peu à l'image du film qui malgré les explications finales, laisse pas mal de zones d'ombres.
Le film est aussi une machination mise en branle de manière assez naïve par Elle, mais qui s'avère redoutable. Et les retournements de situation s'enclenchent là aussi de manière précise et ce jusqu'au dénouement final, même s'il est prévisible aux 3/4 du métrage, reste malgré tout efficace. Un suspense qui fonctionne.
Un bon film populaire dans le meilleur sens du terme, très sombre, un tantinet pervers et qui a traversé les années avec une relative bonne santé. Le fait aussi d'avoir choisi une décennie autre que son année de tournage joue en sa faveur et ne montre pas (trop)les stigmantes d'une décennies 80's à la patine facilement visible. La mise en scène est très fonctionnelle, parfois trop démonstrative (entre autres, il y a un zoom malheureux qui appuye beaucoup trop le propos sur le piano mécanique!) mais la cadre sert le propos du film et ne souhaite jamais aller plus loin que ce que le scénario n'indique. Ce qui est une bonne chose, au final.