
Je ne suis pas un grand spécialiste de la vraie vie de Gainsbourg, de fait je ne peux pas juger du fond de la chose, uniquement de la forme.
A mes yeux, ce "conte" puisque Sfar nous dépeint sa vision de la vie du chanteur comme telle, est un petit délire personnel d'un fan, ou plutôt il imagine le petit Lucien Ginsberg, enfant juif sous l'Occupation et qui n'aime pas le piano, rêvant à une vie idéale faite de musique, de peinture et de femmes charmées, le tout virant au cauchemar assumé.
Le parti-pris de Sfar est de montrer la vie de Serge par segments, sans jamais trop s'appesantir sur une période particulière, de son enfance à l'après Jane. Aucun moment marquant de sa vie n'est vraiment montré, seuls des avant-après, le tout tournant généralement autour des femmes qui jalonneront son succès, Gréco, Bardot, Birkin. Mais aussi ses parents, les Frères Jacques, Vian (Philippe Katerine !), Fréhel -l'autre Piaf-, son chien... autant d'anecdotes dont on est pas sûr qu'elles aient jamais été vraies. Cela dit, au générique de fin est titré comme consultant Gilles Verlant, grand spécialiste de Gainsbourg. On peut donc penser que dans ce conte il y a une grande part de vérité. Mais jusqu'à quel point ?
Bref, ce biopic se base sur une vie romancée. C'est pourquoi on peut aussi voir à l'écran le double de Gainsbourg, en la personne d'une caricature au nez, aux doigts et aux oreilles démesurées, qui sera non seulement sa muse, mais aussi sa conscience, ses mauvais penchants, son ennemi... sans pour autant être identifié à Gainsbar le maléfique. Très curieux, lequel des deux est le vrai Gainsbourg, d'autant plus que cette marionnette est visuellement très bien intégrée à l'écran, et joue aussi bien que l'acteur lui-même. Lequel s'en tire bien sans pour autant chercher à singer Gainsbourg, tout est dans la mimique scrupuleusement reproduite, ce qui fait très bien passer sa non ressemblance avec le vrai Gainsbourg. Les actrices féminines s'en sortent bien aussi, Casta malheureusement ne peut pas éviter de parodier le phrasé de Bardot, mention à Lucy Gordon qui campe une Jane plus vraie que nature, sauf physiquement, mais bon, tout le monde ne peut pas ressembler à une planche à pain. Pardon, une planche à toast.
Bardot :

Birkin :

Gainsbourg :

Les musiques sont bien entendu présentes pendant tout le film, très souvent retravaillées, mais pas forcément celles qu'on attend le plus. Par exemple, Harley-Davidson est juste évoqué dans une conversation, Love on the beat est joué en discothèque, on entend rarement les paroles ou alors chantées par l'acteur. Seule exception, et de taille : "je t'aime moi non plus", là on entend la vraie version. Mais pas de "je suis venu te dire que je m'en vais", ni cette bouse qu'est "aux enfants de la chance". Le film ne va heureusement pas jusqu'à cette période où sa déchéance est plus que visible.
Au final, ce film n'est pas LE film de la décennie, mais il est bien foutu, sans (trop) de temps morts, et mérite de devenir culte rien que pour l'apparition de Brigitte Bardot/Laétitia Casta en lonnnnnnngues cuissardes moulantes, sur un fond de refrain d'"initials BB".

Tout ça me donne une furieuse envie de lire une biographie sérieuse de Serge Gainsbourg, et de me plonger dans sa discographie des débuts, quand il pouvait encore chanter.