France Boutique - Tonie Marshall (2003)

[Superwonderscope]

Revu hier soir en DVD la sympathique comédie de Tonie Marshall. Toujours agréable à regarder je l'ai revu sans ennui aucun, avec ses personnages toujours attachant.

Ce que j'en ai pensé à l'époque où je l'ai vu acinéma n'a pas vraiment changé, si ce n'est que la comédie en surface est bien plus amère en fin de compte.

France Boutique (nom du film et de la chaîne de télévision en question) décrit un petit monde sur le qui-vive, du côté professionnel comme personnel. Les deux créateurs-présentateurs vedettes sont mariés et l’ennui commence à poindre. L’intérêt subit d’un partenaire et l’arrivée d’un nouveau collaborateur soupçonné d'espionnage va accélérer le mouvement.

Partant avec un ton mi-mordant, mi-satyrique, le film prend rapidement une autre direction, celle de la comédie de mœurs : l’usure du temps sur le couple et…l’écoute de l’autre.Tonie Marshall a conçu un monde à part composé de personnages très hétéroclites : Judith Godrèche à nouveau en contre-emploi dans le rôle de la blonde un peu pouffe (un peu comme si les racines lui avaient poussé à l’intérieur de la tête) qui visiblement double des films pornos. C'est d'ailleurs que j'ai trouvé la plus drole et la plus émouvante. Bernard Menez est épatant en réalisateur qui essaye "de faire de l'artistique" en filmant des carrés magiques à décongélation Nathalie Baye en business woman vorace, Micheline Presle en actionnaire fauchée mais connaissant sur le bout des doigts les statistiques de ventes de chacun des produits…
Plutôt pétillante et taillée avec des dialogues percutants mais toujours justes, France Boutique sait aussi bien émouvoir (Noémie Lvovsky formidable en amoureuse éconduite, entre autres) que faire rire. Excellant dans les ruptures de ton, le film de Tonie Marshall pourra agacer certains par la minceur du sujet (l’argument de base est un peu expédié à la fin) mais récompenser les amoureux de galeries de personnages colorés.

Car c'est au final toujours l'exercice cinématographique le plus délicat, a effectuer un portrait de groupe sans diminuer les roles de chacun au profit de ceux vers qui la préférence penche. Equilibré mais surtout frais.

le film est dispo sur cdiscount en edition pas chère (1.85:1 16/9 mais seulement en DD 2.0 un peu faiblard) 3,99 €.

[Zecreep]

Une comédie pink! testée et approuvée. D'autant qu'il y a de la pouf inside! Marshall a réussi là où Philippe Harel a lamentablement échoué avec Tu vas rire mais je te quitte. Elle dépeint un milieu superficiel, pas très charismatique, avec une humanité touchante, et surtout avec un humour bien dosé. A voir.

XX

[kill bill]

Bon sang, je vous trouve super gentils les gars. Pour moi, ce film est le prototype de la comédie de fumiste, un projet opportuniste juste écrit à la va-vite pour faire rentrer du pognon dans les caisses et permettre à sa réalisatrice d'enchainer avec un projet plus ambitieux.
Alors certes, c'est bien joué parce que bien dirigé (je lui reconnais ce talent), mais voila tout. La peinture de l'univers du téléachat ne dépasse jamais ce qu'on a déja vu chez les Inconnus ou tout autre parodie, et l'histoire sentimentale entre Viard et Cluzet est d'une banalité a toute épreuve. Comment croire un seul instant à ce rapprochement entre les deux protagonistes, juste parce qu'ils dansent ensemble et redécouvrent leur désir dans les yeux là, subitement, contre toute attente, après tout ce qui s'est passé ?! Incroyable d'écrire encore des raccourcis de la sorte à notre époque !
Voila, donc bon point à l'ensemble du cast pour l'effort prodigué (et effectivement Godrèche et Menez sont pile-poil ! ), mais très mauvais point à la réalisatrice pour tout le reste !!

[Superwonderscope]

toujours le même sentiment à la vision de cette comédie fun et douce-amère. Beaucoup de plaisir, pas mal de scènes en rupture de ton qui étonnent car tranchant dans les tons colorés et youplaboum de la superficialité télévisuelle. Jamais caricatural envers le métier décrit (et il aurait été facile de tomber dedans), un brin moqueur mais un regard assez tendre envers chacun(e).
Il y a un "ton" Tonie Marshall, une vraie patte. Je viens de revoir les deux saisons de sa série Venus Apollon faite pour Arte, on y retrouve cette même volonté de comédie de situation, de contrariétés sentimentales, de contradictions dans les rapports homme/femme et des personnages à la dualité assez fine. La peinture des failles sentimentales est bien vue.
Une fois encore, c'est Judith Godrèche qui s'en sort le mieux. Son rôle de blonde idiote (qui est en fait actrice X et addict à la coke) est à la fois amusante et touchante. Viard et Cluzet s'en sortent eux aussi avec tous les honneurs dans la finesse d'interprétation. En fait, Tonie Marshall prouve qu'elle est une excellente directrice d'acteurs.
Un peu inconséquent au final, c'est le reproche que je ferais au film. Qui envoie dans le décor les trois ou quatre sous-intrigues développées un peu trop sommairement à mon sens... mais c'est un "feel good movie" qui laisse un sentiment de bonne humeur légère qui fait du bien un mardi soir où on est crevé (par exemple )

(le dvd belge est toujours aussi moche et au son vraiment pauvre...)

[Superwonderscope]

Nouvelle vision, toujours sur le DVD belge, qui doit être la dernière possibilité pour voir le film, jamais réédité depuis.

Typiquement pour moi le genre de film-doudou. C'est pas génial, mais je m'y sens à l'aise, je m'attache très rapidement aux personnages qui dégagent beaucoup de dynamisme dans leurs rapports. et comme toujours chez Tonie Marshall, une comédie de moeurs à priori facile mais qui se dégrade graduellement en rupture de ton qui fonce dans le mélancolique. Ca se rapproche du ton général de Vénus Beauité (institut), en ce sens.
C'est plus léger que Venus beauté (institut), moins réussi aussi à mon sens, dans la confusion des sentiments et la richesse des portaroats, mais la bonne humeur l'emporte sur la gravité et le constat d'échec du personnage principal.
aussi, Le discours (et parcours) de Judith Godrèche est désormais à double détente, eu égard aux éléments récents qui hélas la concernent.

Ca apparait inconséquent au premier abord, mais les portraits brossés virent rapidement à quelque chose de plus calculé et lassitude de quasiment chacun devient une évidence. Ce qui ne manque pas de piquant t sur certains moments (le coté SM d'Hélène Fillières, très drôle!)

Le ton un peu nunuche emprunté au monde policé du téléachat peut prêter à sourire, mais tout est savamment orchestré (pour en avoir connu l'envers du décor); C'est même assez juste.
Ce monde du télé-achat a bien sûr bien changé depuis 21 ans, j'imagine, mais cette histoire de couple en mode ennui et tentant de faire redécoller le désir est toujours d'actualité.

J'aime bien.



Le film avait cumulé 437 489 entrées au final.