L'Imbalsamatore - Matteo Garrone : nouvelle gifle ritale!

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Superwonderscope
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L'Imbalsamatore - Matteo Garrone : nouvelle gifle ritale!

Message par Superwonderscope »

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Datant de 2002 et titré L'Etrange Monsieur Peppino, sortui à la sauvette le 14 janvier 2004, il fut un échec sans appel en France.

je viens de voir le DVD sorti chez Columbia. Z2, Scope 16/9, vost et VF 2.0, et seulement la bande annonce.

:shock: Et c'est un choc!

Peppino, l'homme trop petit, est taxidermiste. Valerio, le jeune homme trop grand, est serveur. Deborah, la bouche refaite, change tout le temps de métier... Ils ont des rêves différents, des pulsions secrètes. Peppino engage Valerio dans son atelier. une relation étrange s'installe jusqu'à l'arrivée de Deborah qui bouleverse un univers un peu trop calme. Il est aussi clair que Peppino n'enbaume pas que des animaux et possède une connexion étrange avec la Camorra.

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Avec des SFX assez réalistes de Sergio Stivaletti : les cadavres d'animaux -la scène du taureau baigné de rouge est Greenaway-esque!-sont plus vrais que nature.


Visuellement, le film est une totale splendeur et la qualité du telecinema y est pour beaucoup. Peu de grain (hormis dans ula scène en gros du marabout africain au zoo), l'image magnifie les choix visuels du réalisateur. Le film se passe dans une banlieu de Naples et la mise en scène fait un choix curieux de montrer de manière obsessionnelle en arrière plan des barres d'immeubles dévastées ou non terminées, si coutumières en Italie (de Naples en passant par le coeur de la Sicile). Les personnages évoluent dans des extérieurs vides de toute présence humaine, ce qui donne un caractère quasi-fantastique de fin du monde, de trio de la dernière chance. La camera y est posée, lente, privilégiant l'atmosphère et dotant l'écran de magnifiques travellings avant, dont un dans une rue de bord de mer grisatre où l'humain a déserté.

Meme les scènes d'intérieurs sont tout aussi calmes, dans l'appartement de Peppino ou dans les boites où les deux hommes vont ramasser des filles pour finir la soirée...filles ou travestis, transexuels...là aussi, l'image ne tranche pas et laisse le spectateur dans le flou. Les décors & l'image sont un reflet de la vie de Peppino et il n'est pas un hasard si le film glisse d'un ciel lumineux et d'un bord de mer désert mais quasi idyllique vers une ville anonyme noyée dans le brouillard et la nuit.

Le film brasse beaucoup d'éléments. Outre l'homosexualité latente (mais jamais montrée de manière caractéristique) entre Peppino et Valerio, on y trouve aussi une relation fraternelle, paternelle sur le père de Valerio qu'on découvre absent (mort?). Une amorce de dialectique hegelienne et du pouvoir de séduction qui ne repose pas sur le physique. Valerio tombe ensuite amoureux de Deborah, volcanique napolitaine qui croit avoir tout saisi et croit retenir valeio tout d'abord sur la qualité de ses exploits sexuels, puis sa séduction et enfin pour une normalité apparente de vie de famille.

Le grand avantage du film est de reposer sur un scénario original, ne cherchant pas la facilité et renouvellant l'éternel trio amoureux. Comme il repose sur le non-dit (on ne saura jamais la nature de la relation entre Peppino et Valerio), la psychologie demeure approchante mais jamais évidente. Meme les relations que Peppino entretient avec la Camorra, où il découpe des cadavres afin de récupérer de la drogue enfouie dans les corps, restent ambigues. Le Don a visiblement un moyen de pression sur Peppino (une dette?) mais Matteo Garrone s'ingénie à brouiller les pistes et à laisser le spectateur faire son choix.

Le choix de la musique de Banda Osiris, oscillant entre électronique rythmé, mélancolique et désepéré semble logique aux vues du traitement moderne imposé par Matteo Garrone. La musique colle aux images de manière éthérée, étrange. Une partition magique.

On nage un peu dans un cauchemar éveillé qui vire du drame psychologique au fantastique à la fin... c'est d'ailleurs pour cela que je l'ai mis dans cette section, la fin restant à mon sens sujette à caution sur le fantastique. Tant là aussi le spectateur est laissé à son libre arbitre. Non pas que le réalisateur ne sache pas choisir, mais que le film se construit comme un jeu de pistes délibéré, à la logique d'un rêve hypnotique. Beau, pervers et tragique.


Le site du film : http://www.limbalsamatore.it/home.htm, où vous pourrez retrouver photos, trailers, etc.. c'est en italien only mais il est facile de s'y retrouver.


avec Ernesto Mahieux, Valerio Foglia Manzillo, Elisabetta Rocchetti, Lina Bernardi, Pietro Biondi, Bernardino Terracciano, Marcella Granito.

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nick
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Message par nick »

Voilà un film que je regrette d'avoir raté au cinéma, faut que je me rattrape! Pour info, le film est tiré (librement) d'un vrai fait divers italien, survenu vers 1990, et qui avait pas mal défrayé la chronique. Le nain, empailleur de profession, était dans la réalité un personnage beaucoup plus "hard" que dans le film. Habitué de la fréquentation de petits délinquants, il avait pris sous son aile un couple de jeunes camés (18-19 ans) qu'il exploitait et fournissait en came, couchant avec le mec et la fille. Ils ont fini par le tuer et laisser son corps dans un sac poubelle près de la gare Termini de Rome (d'où le nom de l'affaire, "le nain de la gare Termini").

Curiosité pour les cinéphiles: il était occasionnellement acteur et apparaît notamment dans "La Longue nuit de l'exorcisme" (Non si sevizia un paperino) de Lucio Fulci! :!: Ainsi que dans "Ator 3 l'épée du Saint-Graal" de Joe D'Amato, mais ça c'est moins glorieux.
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Message par dario carpenter »

vu l'an dernier au Latina,et j'avais bien aimé! :P
c'est clair que le réalisateur a le sens du décor et de l'atmosphère (qui m'a parfois fait penser à du Lynch),atmosphère poisseuse et mystérieuse...et les 3 acteurs principaux sont excellents!
Superwonderscope
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Message par Superwonderscope »

Pour info, la musique de Banda Osiris se trouve sur un CD avec la musique du nouveau film de Matteo Garrone, Primo Amore.

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Seuls 5 morceaux sont disponibles.
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Zecreep
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Message par Zecreep »

JE ne l'avais pas trouvé très abouti. Je m'étais déplacé jusqu'au Montparnos espréant voir un chef d'oeuvre de l'étrange homoérotique. et puis, bof, su sous David Lynch version italienne.

XX
Superwonderscope
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Message par Superwonderscope »

Zecreep a écrit :JE ne l'avais pas trouvé très abouti. Je m'étais déplacé jusqu'au Montparnos espréant voir un chef d'oeuvre de l'étrange homoérotique. et puis, bof, su sous David Lynch version italienne.

XX
tu as été déçu par rapport à tes attentes ou par rapport au film lui même?
De mon côté, je n'en attendait rien de paritculier, c'est aussi, je pense, pour cela que j'ai trouvé si forte cette parabole sur l'impossible amour.
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Message par Zecreep »

Le titre, la bande annonce, les critiques.. Tout me donnait envie de voir le film. Je me suios dit que c'était le genre de petite perle qui sortait anonymement dans l'indifférence générale et que je ne pouvais me permettre de râter. J'avais même emmené mon Virgile, qui en a pensé la même chose.
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