Attention petit bijou venu d'Autriche. Tout simple, sans aucune fioriture et rebondissement. Bienvenue dans le monde de l'art et essai. Comprenez par là que le film n'est pas fait pour le grand public. Son rhytme est lent et l'action totalement inexistante. Un petit repère, ce film ressemble parfois à Innocence sorti en janvier dernier. Film statique: la réalisatrice privilégie l'ambiance (pesante et lanscinante, assez proche de l'univers de Lynch) aux gros effets qui sont tout simplement inexistants. Elle pose sa caméra dans un somptueux hôtel (enfin un titre qui n'est pas mensonger) perdu au milieu d'une forêt de conte de fées où pourrait bien se loger une sorcière rancunière. On parcourt des couloirs vides où les lumières se font menaçantes et Irène, la nouvelle réceptionniste, aussi rigide que ce lieu et ses occupants va vite se sentir menacée et fascinée par cet environment. Fascination que j'ai partagée sur toute la longueur de cette oeuvre (1h20, c'est cadeau...)
Le prob de passer après zecreep, c'est que bien souvent, j'aime les mêmes films que lui, et pour les mêmes raisons. Mon avis risque donc d'être un peu redondant.
Ses couloirs vides baignés d'une lumière blanchâtre, sa musique d'ambiance discordante, son étrange poupée (sorte de fétiche local) : bienvenue à l'Hotel ou la réalisatrice autrichienne choisit de situer son film.
Lieu de rencontres et d'anonymat, de perdition, d'errance et d'attente, les hotels, lieux cinématographiques par excellence, ont toujours attirés les cinéastes. Ici, le personnel et les clients se fondent dans une masse indistincte. Des séminaires organisés quotidiennement, des nombreux clients de passage, il ne sera pas (ou peu) question.
Hotel joue clairement la carte de l'angoisse sourde et mentale, celle qui s'introduit insidieusement dans l'esprit du spectateur, l'envoute et le captive. Ou bien l'ennuiie terriblement, il n'y a pas de demi-mesures. Film atmosphérique(s) et radical, la caméra suit imperturbablement les pas de la jeune héroïne (à l'aspect sévère d'un expert comptable), tiraillée, comme le spectateur, entre la fascination et l'effroi. Comme devant l'entrée de cette grotte, sombre et hostile, mais terriblement attirante. Oeuvre autricihenne oblige, la mise en scène millimétrée, organique et statique, est accompagnée par un photographie froide.
Difficile en effet de ne pas penser au récent Innocence, avec lequel le film partage beaucoup de points commun, la verve métaphorique en moins (ou en plus atténuée, en tout cas). Par moment, le film trouve une résonance fantastique assez troublante. Et si la sorcière de la foret de Suspiria rodait toujours ?
Hrundi V. Bakshi a écrit :Beaucoup aimé aussi... J'y reviens plus tard.
Bon bah, Le Cripe et Batman-San ont déjà tout dit...
Si vous aimez les films d'ambiance qui font très peur alors qu'il ne s'y passe rien, si vous aimez l'architecture froide et inquiétante d'un hôtel autrichien, et si vous aimez vous promener dans les bois, alors ce film envoûtant est pour vous.
Pas grand chose à rajouter ! superbe ambiance, magnifique esthétique glacée. Le fantastique répondant à nos peurs de l'obscurité, de la zone d'ombre là-bas au fond du couloir, ou du petit craquement qui résonne suffisemment pour nous effrayer.... Pas de réponse, juste des questions qui tournent autour de la perception, et de notre manière d'appréhender le quotidien.... oeuvre magistrale d'inquiétude. Pique Nique à Hanging Rock rencontre Suspiria... (tout à fait d'accord avec toi Battosai, et la forêt ressemble à celle d'Helena Markos !)
c'est bizarre mais quand je lis que Creep, Infernalia et Battosai aiment un film je me dis que la plupart du temps je vais me faire chier manque plus que Wonderscope et là j'ai le quarté dans l'ordre
Superfly a écrit :c'est bizarre mais quand je lis que Creep, Infernalia et Battosai aiment un film je me dis que la plupart du temps je vais me faire chier manque plus que Wonderscope et là j'ai le quarté dans l'ordre
Plus sérieusement, à tous les éloges mérités plus haut, il ne faudrait pas oublier de saluer l'interprétation de la jolie Franziska Weiss, presque omniprésente de tous les plans. Son visage figé et le caractère rigide de son personnage font très bien passer ce mélange de curiosité et d'inquiétude, alors qu'elle aurait pu devenir énervante... Ah, ses cheveux blonds, ses lunettes et son collier !
Vraiment intéressant, mais vraiment très, très sobre quand même. Pour tout dire j'avais commencé de rédiger un texte "points forts/points faibles" et en écrivant des images du film me revenaient, me disant en substance "t'as aimé et c'est tout!"
En fait le seul truc est que je n'ai pas franchement eu peur et que j'aurais préféré un côté fantastique ne serait-ce qu'un poil plus poussé, mais bon, ça aurait été un autre film... C'est très con ce que je dis...
Bref, des images marquantes et superbes, une actrice qui m'a fait grave fantasmer (les filles au look stricte et timides qui marchent dans des couloirs sombres je suis très client...), mais peut-être encore un poil trop long, je ne sais pas... A revoir en DVD tout seul dans le noir.
C'est quand même pas fameux. Cela pique à droite et à gauche : en vrac, "Suspiria" pour la trame, Kubrick pour les corridors et les cadrages frontaux et symétriques, et, surtout, Lynch, en particulier pour la seule scène un peu effrayante du film, qui emprunte à "Lost Highway" (le personnage dévoré par les ténèbres) et la série "Twin peaks" (le personnage qui se suit lui-même). Malheureusement, faute d'histoire, faute d'intensité, le film ne décolle jamais, et se contente de jouer la carte de l'expérience formelle. Mais avec une photo aussi banale (comme on est loin d'"Innocence" !) et une bande-son aussi pauvre, c'est perdu d'avance.
Bon, je suis méchant, car tout n'est pas à jeter. Certains décors fascinent (la piscine, la forêt...), il y a un petit plus insolite grâce à l'ambiance MittelEuropa (et pourtant, c'est si peu exploité). Les prémices d'un bon film, mais celui ne démarre pas et la fin est incroyablement frustrante.