"Ne reveillez pas unn flic qui dort" + Reflexions
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team
-
- Messages : 5458
- Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 1:03 pm
- Localisation : Higher, toujours ailleurs
"Ne reveillez pas unn flic qui dort" + Reflexions
Je sais qu'on avait fais un thread sur ce film sur l'autre forum mais j’ai revu « Ne réveillez pas un flic qui dort » ce weekend et j’ai eu qques idées qui me sont venues.
Scorsese disait un jour qu’on apprend autant à la vision d’un bon film que d’un mauvais. C’est ce genre de phrase qui trouve sa raison d’être à la vision de « Ne réveillez pas un flic qui dort ». Soyons clair d’emblée, ce n’est pas un bon film. C’est même un vrai nanar. Il accumule tous les défauts possibles et imaginables, entre dialogues complètement foireux, acteurs jouant (pour la plupart) tous plus mal les uns que les autres (la palme revenant sans mal à Xavier Deluc qui trouve ici le PIRE rôle de sa pourtant pas brillante carrière), scénario gruyère, scènes d’un ridicule achevé (Bernard Farcy est souvent dans le coin), mise en scène nullissime (ah ce plan final où la carte de police se déchire au son d’une mitraillette), …n’en jetez plus.
Pourtant ce film est intéressant sur plusieurs points. D’abord il permet de comprendre l’opinion qu’on beaucoup de gens (notamment les plus jeunes, ma génération donc) sur Alain Delon.
Après des débuts exceptionnels, où il a eu l’occasion de travailler avec les plus grand metteurs en scène (Visconti, Clément, Melville, Antonioni…) faisant pratiquement mouche à chaque fois, il est forcément arrivé un moment où ses choix ont commencé à connaître des hauts et des bas. Pour des films sympathiques voire plus avec Lautner, Deray, Verneuil ou Losey il fallait se taper quelques œuvres franchement moins bandantes. Mais même là, il continuait à tourner pas mal de bons films et globalement, jusqu’en 1980, sa carrière est bien plus qu’honorable. C’est là que commence le début de la fin pour simplifier, là où les films commencent à se ressembler de plus en plus, Delon jouant et rejouant un éternel rôle de flic. Et lorsqu’il s’écarte de ce rôle, c’est pour des œuvres comme « Le passage » ou « Dancing machine » guère plus convaincantes. Et c’est hélas, aux yeux du public pas forcément cinéphile cette image qui dure et dure encore aujourd’hui, celle de cette « décennie flic », celle d’un Delon un peu poseur, sûr de lui en homme fort, figure encore un peu plus imprimée dans l’inconscient collectif par des caricatures multiples (Les Guignols pour ne citer qu’eux) et des déclarations de l’acteur s’amusant de cet état de fait et jouant le jeu de la mégalomanie à 200%.
« Ne réveillez pas un flic qui dort » est une sorte de film synthèse de cette image et de cette période, dans le sens où il cumule à peu près tous les défauts et les clichés de ce personnage. C’est aussi ce qui fait qu’on peut l’apprécier aujourd’hui pour peu qu’on arrive à prendre un peu de recul et de second degré face au film. C’est donc une œuvre qui apparaît aujourd’hui plus intéressante comme une pièce pour décrypter le mythe Delon que en tant que film.
J’ai déjà vu ce film comparé à « Magnum force » et la comparaison est plus que pertinente. Bien sûr sur le plan du scénario qui reprend les grandes lignes de son homologue américain (une section spéciale se créé à l’interieur de la police et décide de faire justice eux-mêmes en se plaçant au dessus des lois). Mais on peut aller chercher plus loin et rapporter ces films et leurs messages à leurs stars respectives. On sait que « Dirty Harry » a été TRES critiqué à sa sortie et que beaucoup ont taxé Eastwood de fasciste (entre autre). Il a pu à travers le 2e volet de la saga remettre les pendules à l’heure en se présentant lui-même comme un rempart contre cette dérive fasciste. On a souvent reproché à Alain Delon ses prises de position politique. Il s’est toujours clairement affirmé comme étant à droite, c’est son choix, mais ce qui a posé problème, ce sont des images de lui en compagnie de JM Le Pen. Il s’est déjà exprimé à ce sujet, en expliquant que c’est quelqu’un qu’il connaissait depuis très longtemps, qu’il ne partageait pas ses idées politiques, mais qu’il le saluait quand il avait l’occasion de le rencontrer et qu’il continuerait de le faire. On peut penser qu’à travers « Ne réveillez pas un flic qui dort » il a voulu remettre les pendules à l’heure, et cherché à clarifier les choses.
Voilà, je vais m’arrêter là pour rester dans un texte de taille « lisible » mais j’ai tellement de choses qui m’ont traversé l’esprit en voyant ce film que j’ai eu envie de les partager.
Je trouve à titre personnel que l’on n’a pas en France le respect que l’on devrait pour deux immenses stars comme Delon ou Belmondo. On les caricature trop avec des « Toc toc badaboum » pour un Bebel, ou « Alain Delon pense que… » pour Alain Delon. Pourtant leurs carrières parlent pour eux et il est très très rare de trouver un acteur au top du début à la fin. Regardez aux Etats-Unis, Brando ou De Niro, on peut pas vraiment dire que « L’ile du Dr Moreau » ou « Rocky & Bullwinkle » c’est la même chose que « Sur les quais » ou « Taxi driver ». Mais pourtant, aux Etats-Unis, tous les acteurs se réclament de leur influence et respectent leur apport au métier de comédien.
Donc « Ne réveillez pas un flic qui dort » c’est vraiment mauvais (mais quel petit plaisir coupable quand même) mais Delon a quand même la classe dedans. Ya des cameos de JL Foulquier et S.Reggiani. On voit même Philippe Nahon à un moment tiens.
Puis c’est qd même pas mal violent, je pense qu’un tel film ne sortirait pas si facilement aujourd’hui, le sujet, le traitement…
Scorsese disait un jour qu’on apprend autant à la vision d’un bon film que d’un mauvais. C’est ce genre de phrase qui trouve sa raison d’être à la vision de « Ne réveillez pas un flic qui dort ». Soyons clair d’emblée, ce n’est pas un bon film. C’est même un vrai nanar. Il accumule tous les défauts possibles et imaginables, entre dialogues complètement foireux, acteurs jouant (pour la plupart) tous plus mal les uns que les autres (la palme revenant sans mal à Xavier Deluc qui trouve ici le PIRE rôle de sa pourtant pas brillante carrière), scénario gruyère, scènes d’un ridicule achevé (Bernard Farcy est souvent dans le coin), mise en scène nullissime (ah ce plan final où la carte de police se déchire au son d’une mitraillette), …n’en jetez plus.
Pourtant ce film est intéressant sur plusieurs points. D’abord il permet de comprendre l’opinion qu’on beaucoup de gens (notamment les plus jeunes, ma génération donc) sur Alain Delon.
Après des débuts exceptionnels, où il a eu l’occasion de travailler avec les plus grand metteurs en scène (Visconti, Clément, Melville, Antonioni…) faisant pratiquement mouche à chaque fois, il est forcément arrivé un moment où ses choix ont commencé à connaître des hauts et des bas. Pour des films sympathiques voire plus avec Lautner, Deray, Verneuil ou Losey il fallait se taper quelques œuvres franchement moins bandantes. Mais même là, il continuait à tourner pas mal de bons films et globalement, jusqu’en 1980, sa carrière est bien plus qu’honorable. C’est là que commence le début de la fin pour simplifier, là où les films commencent à se ressembler de plus en plus, Delon jouant et rejouant un éternel rôle de flic. Et lorsqu’il s’écarte de ce rôle, c’est pour des œuvres comme « Le passage » ou « Dancing machine » guère plus convaincantes. Et c’est hélas, aux yeux du public pas forcément cinéphile cette image qui dure et dure encore aujourd’hui, celle de cette « décennie flic », celle d’un Delon un peu poseur, sûr de lui en homme fort, figure encore un peu plus imprimée dans l’inconscient collectif par des caricatures multiples (Les Guignols pour ne citer qu’eux) et des déclarations de l’acteur s’amusant de cet état de fait et jouant le jeu de la mégalomanie à 200%.
« Ne réveillez pas un flic qui dort » est une sorte de film synthèse de cette image et de cette période, dans le sens où il cumule à peu près tous les défauts et les clichés de ce personnage. C’est aussi ce qui fait qu’on peut l’apprécier aujourd’hui pour peu qu’on arrive à prendre un peu de recul et de second degré face au film. C’est donc une œuvre qui apparaît aujourd’hui plus intéressante comme une pièce pour décrypter le mythe Delon que en tant que film.
J’ai déjà vu ce film comparé à « Magnum force » et la comparaison est plus que pertinente. Bien sûr sur le plan du scénario qui reprend les grandes lignes de son homologue américain (une section spéciale se créé à l’interieur de la police et décide de faire justice eux-mêmes en se plaçant au dessus des lois). Mais on peut aller chercher plus loin et rapporter ces films et leurs messages à leurs stars respectives. On sait que « Dirty Harry » a été TRES critiqué à sa sortie et que beaucoup ont taxé Eastwood de fasciste (entre autre). Il a pu à travers le 2e volet de la saga remettre les pendules à l’heure en se présentant lui-même comme un rempart contre cette dérive fasciste. On a souvent reproché à Alain Delon ses prises de position politique. Il s’est toujours clairement affirmé comme étant à droite, c’est son choix, mais ce qui a posé problème, ce sont des images de lui en compagnie de JM Le Pen. Il s’est déjà exprimé à ce sujet, en expliquant que c’est quelqu’un qu’il connaissait depuis très longtemps, qu’il ne partageait pas ses idées politiques, mais qu’il le saluait quand il avait l’occasion de le rencontrer et qu’il continuerait de le faire. On peut penser qu’à travers « Ne réveillez pas un flic qui dort » il a voulu remettre les pendules à l’heure, et cherché à clarifier les choses.
Voilà, je vais m’arrêter là pour rester dans un texte de taille « lisible » mais j’ai tellement de choses qui m’ont traversé l’esprit en voyant ce film que j’ai eu envie de les partager.
Je trouve à titre personnel que l’on n’a pas en France le respect que l’on devrait pour deux immenses stars comme Delon ou Belmondo. On les caricature trop avec des « Toc toc badaboum » pour un Bebel, ou « Alain Delon pense que… » pour Alain Delon. Pourtant leurs carrières parlent pour eux et il est très très rare de trouver un acteur au top du début à la fin. Regardez aux Etats-Unis, Brando ou De Niro, on peut pas vraiment dire que « L’ile du Dr Moreau » ou « Rocky & Bullwinkle » c’est la même chose que « Sur les quais » ou « Taxi driver ». Mais pourtant, aux Etats-Unis, tous les acteurs se réclament de leur influence et respectent leur apport au métier de comédien.
Donc « Ne réveillez pas un flic qui dort » c’est vraiment mauvais (mais quel petit plaisir coupable quand même) mais Delon a quand même la classe dedans. Ya des cameos de JL Foulquier et S.Reggiani. On voit même Philippe Nahon à un moment tiens.
Puis c’est qd même pas mal violent, je pense qu’un tel film ne sortirait pas si facilement aujourd’hui, le sujet, le traitement…
Re: "Ne reveillez pas unn flic qui dort" + Reflexi
Ou bien Gabin que beaucoup voient comme un acteur monolithique avec ses "Houuuuu j'vais t'dire !", alors que son jeu était bien plus évolué, surtout avant guerre il est vrai.DPG a écrit :On les caricature trop avec des « Toc toc badaboum » pour un Bebel, ou « Alain Delon pense que… » pour Alain Delon.
Mais tu as raison, leur carrière parle pour eux, même si souvent leurs films les plus connus de nos jours sont les plus récents.
Biotech is Godzilla !
Re: "Ne reveillez pas unn flic qui dort" + Reflexi
Très très mauvais. IL est vrai. Et quel bide! Delon en a eu mal au ventre pendant longtemps.DPG a écrit :Donc « Ne réveillez pas un flic qui dort » c’est vraiment mauvais (mais quel petit plaisir coupable quand même) mais Delon a quand même la classe dedans. Ya des cameos de JL Foulquier et S.Reggiani. On voit même Philippe Nahon à un moment tiens.
Puis c’est qd même pas mal violent, je pense qu’un tel film ne sortirait pas si facilement aujourd’hui, le sujet, le traitement…
Quant à sa violence, elle est typique de ce genre d'oeuvres des années 80.
Rhooo, je me souviens surtout de la réplique de Xavier Deluc : "A mort les otaries!"
La violence du film vient notamment du fait que c'est une adaptation de Frédéric H.Fajardie, dont les outrances gore passent très mal au cinéma. Ca se sent notamment dans la scène avec Féodor Atkine en ancien terroriste gauchiste (le film lui manifeste une complaisance nauséabonde)

La violence du film vient notamment du fait que c'est une adaptation de Frédéric H.Fajardie, dont les outrances gore passent très mal au cinéma. Ca se sent notamment dans la scène avec Féodor Atkine en ancien terroriste gauchiste (le film lui manifeste une complaisance nauséabonde)
-
- Messages : 7723
- Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 10:19 am
-
- DeVilDead Team
- Messages : 21479
- Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:09 am
- Localisation : Pyun City
Le point de DPG est intéressant, d'autant plus pour moi que j'avais carrément détesté le film et qu'en fait... je n'en ai plus aucun souvenir
si ce n'est une critique désastreuse, le seul distribué par Capital Cinéma (d'André lazare) qui ait fait des entrées, mais qui demeura un échec quant aux habitudes de box office d'Alain Delon. Il n'enchainera que des bides par la suite (notamment son mémorable Ours en Peluche, une belle calamité!).
Quant aux caricatures, il faut dire que Delon (ou Belmondo) les ont bien alimentées volontairment ou involontairement. Ceci dit, Delon peut se targuer d'avoir une douzaine de classiques à son actif, peu d'acteurs peuvent en dire autant.
Ce qu'il n'empeche que c'est un vrai con.


si ce n'est une critique désastreuse, le seul distribué par Capital Cinéma (d'André lazare) qui ait fait des entrées, mais qui demeura un échec quant aux habitudes de box office d'Alain Delon. Il n'enchainera que des bides par la suite (notamment son mémorable Ours en Peluche, une belle calamité!).
Quant aux caricatures, il faut dire que Delon (ou Belmondo) les ont bien alimentées volontairment ou involontairement. Ceci dit, Delon peut se targuer d'avoir une douzaine de classiques à son actif, peu d'acteurs peuvent en dire autant.
Ce qu'il n'empeche que c'est un vrai con.
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
-
- Messages : 6301
- Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:10 pm
- Localisation : Haute Normandie et parfois Ile de France!
- Contact :