
de plus qui s'est permis de rafler quelques Genie (les Cesar canadiens, dont meilleur acteur et meilleur scénario original, meilleur réalisation, amplement mérités!) au nez et à la barbe des anglophones (pour le coup je suis content car mon séjour canadien m'a permis de haïr confortablement la pelletée de connards ontariens anglophones qui m'ont gaché on séjour

Bref, c'est avec Roy Dupuis jouant le role d'Alexandre Tourneur, homme cliniquement mort et dont un homme mystérieux vient dans sa chambre pour tout débrancher. Ce qui a pour effet de le ramener à la vie au lieu de défintivement l'achever. Totalement amnésique, il va essayer de reconstruire sa vie et se découvre une vie plutot moyenne (alcoolo, au bord du divorce). mais il découvre aussi une faculté curieuse, celle d'entendre et de voir deux discours radicalement différents lorsqu'il s'adresse aux gens de son entourage. Une fois sa fille lui dit qu'elle l'a toujours adoré, la seconde d'après qu'il est un ivrogne fini et qu'il n'a jamais été là pour elle. sa vie prend une tournure étrange lorsqu'il repart dans son village d'origine et découvre une vérité qu'il n'avait peut etre pas envie de connaitre.
Sur un point de départ classique (l'amnésique se reconstruisant), le film prend en fait une direction inattendue, se penchant plutot sur un drame psychologique matiné de fantastique et de policier. le but n'est pas de perdre le spectateur sur un éventuel complot visant à le déstabiliser mais de créér une atmosphère de doute, de compréhension de la souffrance et la perte de l'identité. mais aussi de saisir la notion de vérité : quelle est la vraie vérité? celle qu'on s'imagine? celle qu'on croit etre sienne? ou le regard des autres?
En effet, les fausses pistes abondent mais le but n'estclairment pas le suspense policier (qui l'a renversé à la base? qui a tenté de le débrancher?) meme si l'enquete suit parallèlement le discours. L'interprétation toute en nuance de Roy Dupuis (l'acteur présent des Screamers, la série sur le Hockey Lance et Compte/Cogne et Gagne en France mais aussi héros de l'éxcellent Bleeders et Being at Home with Claude) permet au récit de se concentrer sur le parcours psychologique du persoannge putot que de créér l'effet.
Une photographie hivernale, clinique, avec uniquement des couleurs froides (bleue mais aussi les nuances de gris) créé un univers étouffant, troublant. Quelques teintes chaudes fugaces appariassent seulement lorsque son entourage lui prononce des mots réconfortants (la scène avec sa fille à la station service où lors du travelling avant, les couleurs s'animent et deviennent plus chaudes). A noter également un grand travail sur la bande son du film, riches en détails et une trame sonore magnifique, douce et étrange.
Le film réussit le tour de force de captiver, de questionner plutot que d'apporter des réponses, même si le suspense dure jusqu'aux dernières images. le cinéaste a opté pour ce que personnellemnt je préfère, c'est à dire de laisser le choix. En effet, il ne décide de mettre le points sur les I et de prendre de le spectateur par la main pour bien lui faire comprendre ce qu'il faut comprendre. C'est à chacun, en fonction de son parcours culturel, de ses connaissances, de comprendre ce qu'il souhaite y voir.
Alexandre Tourneur voit-il en fait les sentiments au fond de chacun que personne n'ose exprimer? entend-il ce qu'il a envie d'entendre? est-il simplement en train de devenir fou? Que sont les flash de son passé?Quelques éléments de réponse quant à la tragédie vécue verront le jour à la fin, mais rien de définitif. Comme la vie de cet homme brisé.
je suis ressorti de la projection un peu secoué, avec l'impresison d'avoir vu un film original. Pas parfait mais audacieux, posant de vraies questions existentielles et dotée d'un visuel riche et travaillé. je n'en attendais rien (on me l'avait conseillé, sans rien me dire pourquoi) et j'ai été, allez, disons-le, bouleversé par instants. Le type de films sur lequel je me pose des questions des jours après sa vision. Très beau. Je suis conquis.
SWS dit : XXX