Des années aprés la fin de l'âge d'or du film sataniste italien, Gianni Martucci tente de renouer avec le genre avec ce I frati rossi réalisé en 1988.
Le film s'avère plutôt interessant même si époque oblige le gore et les excès indécents sont totalement absents. Martucci préfère s'attacher à créer une ambiance angoissante et pesante, atmosphère de mystère où se mèlent occultisme et lourds secrets.
Dés la séquence d'ouverture, Martucci retrouve l'ambiance des films gothiques d'alors. Un homme avance dans le dédale des souterrains d'un château où il découvre une jeune femme nue à demi plongée dans un marais de sang. Elle pivote sur elle même, épée en main, lui fait face avant de tourbilloner et le décapiter. Impressionante séquence qui donne le ton au film.
Bien des années plus tard, la jeune Ramona se marie au châtelain du domaine. Dés son arrivée au château, son aspect froid et lugubre la met mal à l'aise tout comme la glaciale et dévouée gouvernante. Les absences aussi répétées que mystèrieuses de son mari n'arrangent guère les choses.
Délaissée, mise à l'écart, Ramona part visiter les catacombes du château. Elle y découvre geoles et chambres de tortures.
Martucci met tout en oeuvre pour recréer le climat cher au cinéma gothique d'antan et y parvient avec un certain succés.
Longs souterrains éclairés à la torche, escaliers sombres, décors de pierres froides, I frati rossi, appuyé par une BO lourde et macabre, suinte la peur indicible et le mystère, empeste le passé inavouable et ramona n'est qu'une nouvelle victime en blanche nuisette.
Martucci parsème son film de quelques meurtres sympathiques comme celui de la servante tuée en pleine forêt à la faucille, d'un beau et indispensable viol d'une future sacrifiée par ces fameux moines rouges.
Ces moines rouges sont bel et bien l'attrait principal du film, véritable secte satanique issue de l'ordre des templiers, clan vêtu de robes et de cagoules rouges sang devant sacrifier une vierge à chaque nouveau cycle afin de satisfaire le démon.
Chacune de leurs apparitions au son d'une funeste musique a quelque chose de quasi effrayant, sombre cauchemar engendrant une sorte de malaise diffus qui rapelle ou m'a rapellé du moins celui des templiers maudits de Ossorio!
Par le biais de ces costumes et des décors, Martucci parvient à insuffler à ses scènes un souffle démoniaque. Moments trop brefs malheureusement.
Ramona va découvrir que son mari est non seulement la maîtresse de l'affreuse gouvernante mais également un moine rouge et qu'elle est la prochaine victime de la secte.
Son destin va basculer à l'arrivée inopinée d'un étrange éphèbe

Martucci nous réserve en effet un twist final surprenant et plutôt réussi qui renvoie directement au plan d'ouverture, sublime décapitation de la main gorgonesque de la mort car la Mort n'est peut être pas toujours celle qu'on croit au même titre que l'innocence d'ailleurs.
Ce petit film sans ambition mais plutôt réussi et distrayant, bénéficie en outre d'une trés belle photographie.
Niveau casting, Ramona n'est autre que l'une des plus perverses enfants du bis italien, celle qui aux cotés d'Eva Ionesco, se donnait dans La maladolescenza et s'étalait nue dans le teenploitation italien d'alors, la toujours bovine Lara Wendell, ici débovinée et même charmante et bonne actrice.
A ses cotés les fans se rejouiront de retrouver en gouvernante austère au chignon strict la Longo.. loin de ses rôle sex habituels!!