Réalisé en 1995 par Todd Verow, Frisk nous plonge dans l'univers démentiel de Dennis, jeune gay qui cherche à vivre toujours plus loin, toujours plus fort ses fantasmes sexuels jusqu'aux limites de l'imaginable qu'il va lentement mais sûrement faire reculer, faisant rimer amour et plaisir sexuel avec souffrances et mort.
Frisk devient donc un serial gay particulièrement dérangeant et malsain.
Le film de Todd Verow est un voyage au bout l'horreur, une plongée vertigineuse dans la perversion et le sadisme.
Dés les premières images, Verow donne le ton. Son film suinte le malaise et met vite mal à l'aise.
On suit Dennis qui déjà à quinze ans vivait son homosexualité à sa façon, fantasmant sur des revues porno qui prennent vie de vant ses yeux, tourbillon d'images N/B de corps brûlants, de scénes sodomites violentes et de sexes turgescents, une spirale qui l'avale, l'absorbe.
Adulte, rien n' a changé sauf que désormais il vit ses fantasmes à travers les lettres qu'il écrit à ses amants d'une nuit, imaginaires ou non, lettres dans lesquelles il étale ses obsessions macabres.
Parallèlement, une voix-off nous informe des nouveaux corps trouvés chaque jour, parfois mutilés et jetés ou non dans des sacs poubelle. Ces terribles images se fondent dans la réalité, tornade dévastatrice filmée d'une façon qui n'est pas sans rapeller Requiem for a dream, suite d'images chocs mises bout à bout sur un rythme saccadé, effréné, terriblement efficace, funeste kaleidoscope.
L'utilisation de la voix-off est ici judicieusement utilisée, renforçant l'effet de malaise. Dennis conte ses fantasmes, les mots deviennent par moments plus insoutenables que les images elles mêmes. Il nous fait part des moindres détails de ses obsessions lubriques, de ses perversions et relations intimes abjectes en des mots crus et cinglants.
Les scénes de sexe sont filmés de la même façon abjecte qui renvoie un peu aux ambiances des films underground de Morrissey, Verox étalant ses sex-party graveleuses, corps shootés et autres junkies s'adonnant aux excés dans des salles de bains et urinoirs.
Victimes consentantes ou pas, les corps sont ici des pantins flasques dont on use et abuse pour assouvir ses pires désirs et qui au petit matin ne se souviendront de rien.
Il n'est pas question d'amour, tout Frisk n'est que sexe morbide. On baise dans le sang qui se mélange au sperme, dans la salive de l'Autre qu'on avale ou les crachats dont on s'enduit, on enfonce des cigarettes allumées dans les anus, on brûle la chair, on fesse et plus le temps passe et plus Dennis cherche à aller encore au delà de ses sévices sado-masochistes.
Frisk est une sorte de rêve hallucinée ou plutôt un cauchemar. On ne sait plus trés bien où se situe la frontière de ce que vit réellement Dennis et ce qu'il imagine. On oscille entre l'imaginaire et la réalité, tableau sadien quasi-surréaliste. On y cherche ses repères mais on s'y perd au même titre que le héros se perd dans sa folie.
Peut être est ce mieux ainsi de ne plus dicerner le vrai de l'imaginaire.
Reculant encore plus loin ses propres limites, il ira chercher désormais le plaisir, la jouissance et l'extase dans la souffrance, la torture physique et la mort.
La semence désormais se noie dans la chair meurtrie et le sang. Frisk se mue en une fresque de l'abominable, une vision de l'enfer que Sade n'aurait pas renié.
Les séances SM étaient jusque là qu'un doux apéritif comparées au catalogue que va désormais déployer Verow même si parfois il joue du suggéré pour mieux faire travailler l'imagination du spectateur. C'est ainsi que nous ne pourrons qu'imaginer la mort abominable d'un punk frappé à l'aide d'un tesson, l'image se figeant sur une prise de courant ou celle d'un autre punk violé cette fois avec une bouteille de bière.
La rencontre avec un photographe snuff et de son amie sera le point paroxysmique du voyage au bout de l'horreur fantasmatique de Dennis .
Frisk se transforme en snuff movie ignoble et nauséeux où la camera du photographe filme la torture, l'agonie et la mort des victimes dont on retiendra celle du punk drogué, violé puis sodomisé, lacéré, étouffé par des billets de banque avant d'être pendu dans la plus grande des passivités.
Le calvaire d'un jeune adolescent dragué dans un parc atteindra des sommets.
Ligoté, scotché, humilié, violé, torturé, Verow filme la scéne en plans couleur alors que la caméra de son personnage filme l'agonie et la souffrance de l'adolescent en N/B, les deux s'intercalant parfaitement dans un ballet d'images insupportables, gros plans sur ce visage hurlant que l'absence de tout son rend encore plus ignobles.
Dennis n'a dorénavant plus qu'une seule étape à franchir, l'ultime, la plus terrible. Le plaisir extrême sera désormais de tuer par amour.
Ce n'est plus Eros et Thanatos mais Eros EST Thanatos. Amoureux depuis longtemps de Kevin, le jeune frère de son amant, Dennis a toujours vu en lui la pureté et l'innocence, refusant qu'il assiste à ses ébats.
Ce voyage au bout du plaisir/supplice suprême ne pouvait se terminer que par la mort de celui qu'on aime le plus. Ligoté, Kevin sera étouffé dans un sac plastique translucide afin que Dennis ne perde rien de cette mort. Verow filme son regard eperdu d'amour pour son amant-bourreau jusqu'à son dernier souffle. Dennis pourra alors profiter de ce corps vide de vie et terminer sa quête des plaisirs extrêmes.
Frisk fut interdit à sa sortie en Amérique et lors de sa présentation à divers festival gay où il fut hué pour homophobie profonde.
S'il est vrai que Verow ne retient de l'univers gay que la perversion, la perversité, l'obscenité, la saleté, le sexe pour le sexe, Frisk est aussi un film sur la recherche des plaisirs extrêmes si chers à Sade dans l'esprit d'un jeune gay obsédé recherchant l'Extase ultime. Homo ou hétéro, le propos du film est identique.
Frisk c'est l'affrontement de l'erotisme hard et de la violence, l'impact de la pornographie sur le psychologisme, la trajectoire d'un adolescent
obsédé par le sexe qui d'étapes en étapes ira vers des plaisirs toujours plus forts et... du sado-masochiste au snuff, il n'y a parfois qu'un pas pour certains esprit dérangés.
Morbide, desespéré, provoquant, Frisk est d'autant plus dérangeant que Verow filme sous couvert d'une certaine réalité. Frisk est à l'image d'un documentaire choc sordide pris sur le vif.
Soutenu du début à la fin par la macabre et lancinante musique du groupe Coil, Frisk est une suite de tableaux démentiels, sulfureux, pervers et quasi surréalistes que traversent des êtres tous aussi paumés les uns que les autres à la recherche d'un moment de plaisir. Drogues dures, alcools, sida, desespoir.. rien ne manque à cette fresque incroyable, véritable plongée aux Enfers.
Rien ne manque à cette fresque, veritable plongée aux Enfers où les amateurs de nudité masculine seront comblés!!


Niveau casting, un défilé de bogosses, bimbos boys pour magazines hard SM mais surtout et avant tout tout un pannel de punks, bad boys, losers et qques ephèbes aux regard de chien battus.
100% gay, ce casting regroupe Michael Gunther, le delicieux Raoul O'connell ou Alexis Arquette frere de David et Rosanna, en punk violé et sodomisé.


Film choc que Eric a adoré et conseille aux amateurs de ce style, dejà culte pour moi!! J'adooooooooooore!!



