Damnation - Bela Tarr (1987)
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team
Damnation - Bela Tarr (1987)
Résumé : Dans un paysage dévasté, Karrer vit depuis des années coupé du monde, passant son temps à contempler des bennes qui disparaissent dans le lointain et à errer sous une pluie incessante. Ses seuls liens sociaux sont un bar " Le Titanic ", où il échoue chaque soir, et son patron, Willarsky.
Attiré par une chanteuse qui s'y produit, il s'arrange pour la séduire. Mais les élans affectifs des personnages sont changeants et leurs sentiments provoquent entre eux des conflits et des rapprochements désespérés.
La découverte francais de l'oeuvre de Bela Tarr s'est faite à rebours. Après les magistrales Harmonies Werckmesiter (2000), l'ambitieux Satantango (1991-1994), Damnation (1987) sort enfin en salles. Comme pour souligner l'extrême cohérence thématique et esthétique d'un cinéaste à l'importance croissante.
Dès le premier plan, au mouvement hypnotique, Damnation impose son rythme au spectateur. Car, pour retranscrire la désolation boueuse des paysages hongrois, l'inéxorable fuite du temps, l'unique solution est la lenteur. Alors, la caméra, d'une fluidité absolue, peut poursuivre ses explorations, s'attarder sur l'envionnement, les décors.
Comme chez Antonioni, dont Bela Tarr reprend d'ailleurs une certaine esthétique du vide, les décors désertiques et décrépis, soulignent l'aliénation des personnages les hantant. Dans ces vestiges d'un matérialisme passé semble se jouer l'avenir de l'humanité, la dernière bataille. La pluie constante, la noirceur du ciel, ne laissent guère d'illusions quant au résultat.
A l'instar du Sacrifice de Tarkovsky, Damnation (tout comme des Harmonies Werckmesiter d'ailleurs) s'interroge sur l'existence, dans un univers semblant s'être sacrifié au matérialisme, d'un espace consacré à la vie spirituelle. Sans sa dimension spirituelle, l'homme souffre, condamné à errer éternellement. A danser indéfiniment le Tango de Satan, pris au piège des damiers jonchant le parquet du bar. Et ce n'est pas toujours les conseils d'une étrange vieille dame, observatrice mystique, qui parviendra à les remmettre sur la bonne voie.
Cinéaste exigent, esthète sans compromis, Bela Tarr tend vers un cinéma primitif, un cinéma des origines. Malgrès la sophisitication technique de ses films, aux mouvements de caméras d'une précisions maniaques, le hongrois doit d'avantage au cinéma muet et aux films noir des années 40-50 qu'au cinéma contemporain. Presque une attitude résistante dans un contexte culturel ou le progrès ne semble passer que par l'innovation. Filmé dans un noir et blanc aux constrastes saisissants, Damnation donne tout son sens au terme argentique.
D'un désespoir sans appel, le film est traversé de moment de pure magie cinématographique. Comme ce piano bar, véritable musée de cire, ou la caméra s'attarde longuement, avec obstination. Jusqu'a ce que, aidé par une musique superbement répétitive, le temps se fige.
A la fin du film, le public reste assis, vaguement hypnotisé. Les lumières se rallument. Retour trop brutal à la réalité. Depuis combien de temps sommes nous la, dans cette salle ? Quelques minutes ? Une éternité ? Le dossier de presse nous indique 116 minutes. On a du mal à le croire.
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SORTIE FRANCAISE LE 20 AVRIL.
Attiré par une chanteuse qui s'y produit, il s'arrange pour la séduire. Mais les élans affectifs des personnages sont changeants et leurs sentiments provoquent entre eux des conflits et des rapprochements désespérés.
La découverte francais de l'oeuvre de Bela Tarr s'est faite à rebours. Après les magistrales Harmonies Werckmesiter (2000), l'ambitieux Satantango (1991-1994), Damnation (1987) sort enfin en salles. Comme pour souligner l'extrême cohérence thématique et esthétique d'un cinéaste à l'importance croissante.
Dès le premier plan, au mouvement hypnotique, Damnation impose son rythme au spectateur. Car, pour retranscrire la désolation boueuse des paysages hongrois, l'inéxorable fuite du temps, l'unique solution est la lenteur. Alors, la caméra, d'une fluidité absolue, peut poursuivre ses explorations, s'attarder sur l'envionnement, les décors.
Comme chez Antonioni, dont Bela Tarr reprend d'ailleurs une certaine esthétique du vide, les décors désertiques et décrépis, soulignent l'aliénation des personnages les hantant. Dans ces vestiges d'un matérialisme passé semble se jouer l'avenir de l'humanité, la dernière bataille. La pluie constante, la noirceur du ciel, ne laissent guère d'illusions quant au résultat.
A l'instar du Sacrifice de Tarkovsky, Damnation (tout comme des Harmonies Werckmesiter d'ailleurs) s'interroge sur l'existence, dans un univers semblant s'être sacrifié au matérialisme, d'un espace consacré à la vie spirituelle. Sans sa dimension spirituelle, l'homme souffre, condamné à errer éternellement. A danser indéfiniment le Tango de Satan, pris au piège des damiers jonchant le parquet du bar. Et ce n'est pas toujours les conseils d'une étrange vieille dame, observatrice mystique, qui parviendra à les remmettre sur la bonne voie.
Cinéaste exigent, esthète sans compromis, Bela Tarr tend vers un cinéma primitif, un cinéma des origines. Malgrès la sophisitication technique de ses films, aux mouvements de caméras d'une précisions maniaques, le hongrois doit d'avantage au cinéma muet et aux films noir des années 40-50 qu'au cinéma contemporain. Presque une attitude résistante dans un contexte culturel ou le progrès ne semble passer que par l'innovation. Filmé dans un noir et blanc aux constrastes saisissants, Damnation donne tout son sens au terme argentique.
D'un désespoir sans appel, le film est traversé de moment de pure magie cinématographique. Comme ce piano bar, véritable musée de cire, ou la caméra s'attarde longuement, avec obstination. Jusqu'a ce que, aidé par une musique superbement répétitive, le temps se fige.
A la fin du film, le public reste assis, vaguement hypnotisé. Les lumières se rallument. Retour trop brutal à la réalité. Depuis combien de temps sommes nous la, dans cette salle ? Quelques minutes ? Une éternité ? Le dossier de presse nous indique 116 minutes. On a du mal à le croire.
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SORTIE FRANCAISE LE 20 AVRIL.
Petit rappel, le film sort demain, 20 avril, en exclusivité au MK2 Hautefeuille!
Les amateurs d'art et essai exigeant peuvent nous faire confiance!
Ma critique du film est ici:
http://www.avoir-alire.com/spip/article ... ticle=6214
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Un coffret est sorti en Z2 UK chez Artificial Eye.

N'ayant vu aucun des deux et intrigué par vos divers critiques je viens de me lle prendre sur PriceMinister. En tout cas ça à l'air passionant. Le plaisir de la découverte pure, j'adore ça
. Merci bien.

N'ayant vu aucun des deux et intrigué par vos divers critiques je viens de me lle prendre sur PriceMinister. En tout cas ça à l'air passionant. Le plaisir de la découverte pure, j'adore ça

http://www.chuckpalahniuk.net
Mon avatar : Jacek Yerka, dessinateur de génie.
"Mais qu'importe, que le vent m'emporte, nourrir les bêtes et les cloportes. Ce sera bien là de toute une vie, le seul contrat bien rempli." Mano Solo
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Ah bonne nouvelle, merci !!the masqué a écrit :les harmonies werckmeister passera le 27 avril à 22h40 sur ARTE...
Il repasse également au MK2 Hautefeuille dimanche séance de 11h.
Sinon, un petit hors sujet suite à la Chro de Zecreep sur Avoir Alire, apparemment Bela Tarr devrait reprendre le tournage, en mémoire à Humbert Balsan, de "L'homme de Londres" cet automne (lu dans le Film Francais si ma mémoire est bonne).
The FUtuRe IS OUrs
"Filmer, c'est comme un shoot : je suis prêt à tout pour ça !" JVB
"Filmer, c'est comme un shoot : je suis prêt à tout pour ça !" JVB
J'espère. Mais bon, avec toute l'équipre qui semble s'être barré, le film qui avancait difficilement et coutait un max, je ne suis pas sur qu'ils prennent le risque de reprendre le tournage. Ca sent un "Amant du Pont neuf" bis tout caOutlaw Order a écrit :the masqué a écrit :Sinon, un petit hors sujet suite à la Chro de Zecreep sur Avoir Alire, apparemment Bela Tarr devrait reprendre le tournage, en mémoire à Humbert Balsan, de "L'homme de Londres" cet automne (lu dans le Film Francais si ma mémoire est bonne).

Sinon sympa de voir qu'ils ont repris les précédents films du réal. J'en profiterai pour revoir les Harmonies....
Premier Bela Tarr que j'ai vu, ce "Damnation" ne m'a pas vraiment convaincu. Il y a de belles choses (la fête, le concert) et entre, les deux, beaucoup de monologues dialogues ennyeux au possible. Tarr film bien, travaille bien sa bande-son, mais, dans ce film, n'a rien à dire ni à raconter. Intéressant, mais très, très inégal.