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par alf » jeu. mai 24, 2007 10:49 pm
You don't have to worry about the audience following every single story point, you don't have to worry about, “Hey, that guy just kicked a dog through a hedge. It's gonna make him unlikable.” You just have to make it interesting and involving. - Ted Elliott
SPOILERS
En toute franchise, j'ai regardé ma montre au bout de 2 heures (sur 2h40 de film), pourtant, ça m'a paru beaucoup moins long que les 2h15 de Spider-Man 3.
Le film peine à se mettre en place et c'est dommage car la premiere scène nous fait d'emblée nous poser la question : Euh... on est dans une production Disney, là ???
Une heureuse surprise parmi d'autres qui parsèment le métrage.
Le ton est donné : cet épisode sera plus sombre. Plus globalement, il sera moins manichéen : les gentils se trahissent mutuellement pour sauver leur peau, quand un couple de méchants arrive à voler la vedette au couple de gentils par l'intensité dramatique de leur romance. Comme pourraient s'exclamer les héros dans une scène de la première partie du film, c'est le monde à l'envers !
Les scénaristes n'ont jamais cacher travailler en dehors des standards narratifs du classique film hollywoodien. Cette absence de structure traditionnelle en 3 actes (ce qui n'annihile pas pour autant la structure dramatique) peut décontenancer pour peu qu'on ne soit pas réceptif à l'histoire. Mais soulignons l'originalité du parti-pris (ce qui ne signifie pas qu'il fonctionne avec tout le monde, mais c'est le cas de n'importe quel film), cette envie de confronter les spectateurs à une expérience sensitive et émotionnelle.
Tel un grand huit, on passe de l'émotion pure lorsque Liz Swann voit son fantôme errant de père, à l'emerveillement devant la beauté des décors (les scènes de nuit lors de la traversée entre les deux mondes), aux frissons face aux mises à morts inattendues (etouffement par des tentacules glissant dans une gorge), aux rires provoqués par quelques répliques bien senties, jusqu'à une tristesse mélée de jouissance intérieure lorsque Beckett (pour avoir réussi à me faire éprouver de la peine envers une tête de cul, total respect à l'excellentissime Tom Hollander) descend les escaliers sur le bateau alors que tout explose autour de lui et qui périra dans les flammes, désabusé. Les scènes d'action sont très réussies dans l'ensemble même si on nous laisse sur notre faim lors du combat international entre... deux bateaux !
Néanmoins la scène finale est dantesque et réserve des morceaux de bravoure extrêmement jouissifs. On chipotera que la scène de combat du début est un peu cafouilleuse avec ses caméras à l'épaule qui donnent le mal de mer (!) mais les SFX en mettent plein la vue, alors enjoy quand-même !
Les acteurs vont du correct au formidable (Bill Nighy, Johnny Depp évidemment, Geoffrey Rush, Stellan Skarsgård, Keira Knightley). Malgré mes craintes, Keith Richards jouant de la gratte ne m'a pas fait sortir du film ; il possède un charisme indéniable et... la gueule de l'emploi pour ainsi dire.
Le plus impressionnant est, comme il a été souligné plus haut, le travail pictural absolument colossal ! Verbinski a su s'entourer et lui-même met très bien en valeur les décors. Les costumes sont magnifiques et pour moi qui ne suit pas particulièrement attirer par la culture asiatique et son esthétique (j'avais peur par rapport au pitch du film qu'on y reste trois plombes ce qui aurait fait retomber mon interet par rapport aux deux premiers films), je dois dire avoir été bluffé par l'ambiance qui se dégage lors des scènes à Singapour. Les scénaristes osent tous les délires (Le désert de Jack, Calypso, le monde à l'envers...) et c'est sûrement la mise en chantier rapide du film associée à la roublardise des auteurs qui confiaient le scénario au dernier moment qui a permis au film certains excés.
L'intrigue, puisque c'est la principale polémique est centrée autour des trahisons et au thème du choix que l'on fait ou que l'on se doit de faire qui est présent du début à la fin. Ce qui occasionnera une perte de repères au milieu du film (les scènes coupées faciliteraient-elles la compréhension ?), mais même si les multiples trahisons ne sont définitivement pas résumables et peuvent occasionner un rejet car il est vrai que ça bouge très vite en très peu de temps, tout ceci demeure cohérent aussi bien narrativement (hé oui !) que vis-à-vis de l'écriture typique des auteurs.
A ce titre, la conclusion logique, sans céder à la facilité, donnée au destin de Will est exemplaire.
La seule idée qui m'ait vraiment génée, c'est pourquoi la garde royale a choisi les deux plus abrutis pour garder le coffre... j'attendais un moment plus épique que l'écho fait au premier film pour un enjeu aussi important.
Pas de prise de risque au niveau musical, on reprend pas mal du précédent volet si ce n'est cet élan Morriconesque à la guitare electrique, efficace dans l'ensemble.
Quant à la fin du film, dommage qu'elle soit aussi ouverte, avec autant de details, même si finalement, quand on a apprécié ces 2h40, c'est bien ce que l'on souhaite !
Pas emporté par le debut , un peu déçu par la fin et pourtant... ça fonctionne, on ressort des images plein la tête en remerciant Johnny Depp d'avoir déjà donné son accord pour d'éventuelles suites. A film paradoxal, critique paradoxale. Eternel insatisfait, mais impatient de découvrir la suite. Malgré tout, il en faut du talent pour susciter une telle émotion.
5/6