Réalisé en 1978 alors que le giallo est moribond, le film est plus un soft porn qu'un veritable giallo dans le sens où il privilégie les scènes de sexe et erotiques au détriment de l'intrigue thriller même si le sexe est la clé de cette enigme.
Particulièrement bavard, quasiment exempt de toute tension, Giallo a Venezia accumule surtout les séquences sexuelles souvent aux limites du hard à travers ce couple débridé, Fabio et sa jeune épouse Flavia.
Mario Landi s'en donne à coeur joie sans jamais pourtant rendre ses scènes un tant soit peu belles ou esthétiques.
A l'instar de son film et son tueur, son sexe est sale, violent, bestial.
Fabio, mari infâme, ne peut prendre du plaisir qu'en humiliant sa femme soumise. Exhibitionnisme, échangisme, Flavia est un jouet, le jouet d'un homme pervers et frustré.
Contrainte à faire l'amour de facon obscène en public, à sucer un jeune livreur, elle doit aussi subir les accés de violence de Fabio: fouet, sodomie forcée où Flavia doit regarder son humiliation face à un miroir jusqu'au viol organisé par son mari qui sera le détonateur de sa haine meurtrière.
Particulièrement osé donc pour cette époque au même titre que La sorella di Ursula, Giallo a Venezia est surtout interessant à un autre niveau: sa ferocité et sa cruauté dans les rares scènes d'horreur qu'il comporte.
Landi a ici recours à un representation extrême du sadisme, frisant le splatter movies, insistant de façon morbide et détaillée sur les atrocités.
On a droit en tout et pour tout à trois assassinats, allant crescendo dans l'horreur la plus pure.
-Celui d'une prostituée dont le tueur enfonce un ciseau dans le vagin à plusieurs reprises. Landi insiste sur la lame pénétrant le sexe de la jeune fille qui perd son sang par flots, abomination d'une cruauté inouie démontrant tout le paradoxe d'une Italie qui ne se permet pas de montrer une pénétration mais s'autorise une telle métaphore.
-celui d'un homme qui sera transforné en torche humaine aprés avoir été immobilisé à terre, Landi insistant cette fois sur ses hurlements de souffrance et son visage carbonisé d'où jaillit un oeil encore en vie.
-L'ultime massacre restera le plus épouvantable, celui de l'amie de Flavia ligotée nue sur une table de cuisine et découpée vivante à la scie avec moultes détails sanguinolents.
Pour le reste, le film de Landi est d'une effarante banalité, prévisible et plutôt ennuyeux. Venant de la télèvison, Landi n'arrive pas à sortir pas d'une réalisation téléfilm poussive et ses personnages sont d'une platitude extrême, fades et sans relief.
Oeuvre fétide, Giallo a Venezia vaut donc essentiellement pour ses séquences sanglantes, son aspect voyeuriste et ses scènes de sexe osées ce qui en Italie lui valu la réputation du plus répugnant film jamais tourné.
Leonara Fani, l'ex icone du teensploitation ici en fin de parcours et défraichie, est Flavia, plus sale que jamais, Leonara qui nous gratifie d'une longue masturbation frontale.
On notera la présence de Mariangela Giordano, elle aussi en fin de carrière, dont on retiendra outre la mort, sa longue scène de sexe aux limites du hard, prémices de sa déchéance toute proche.
Gianni Dei est un Fabio au visage austère et l'incroyable brushing de Jeff Blynn en inspecteur mangeur d'oeufs est également au casting.
Exploitant à fond le filon trash, Giallo a venezia ravira pour cela les amateurs.. les autres detesteront.. SWS en premier!!


Le corbeau qui aime jouer du ciseau!