Manolito a écrit :Szwarc réussit aussi son requin, quelque part même un peu mieux que Spielberg en apprenant des petits ratages du précédent.
oui mais là on gagne en caoutchouc ce qu'on perd en mise en scène...
Je ne sais pas quand a été tourné ce deuxième opus, mais ça ne devait pas être en été, on sent le hors-saison, le soleil est blafard, ce qui donne une colorimétrie et des contrastes un peu terne, certainement poussés à l'étalonnage. Ils ont dû se les peler sévère sur le tournage.
Ce que j'apprécie dans ce Jaws 2, c'est de retrouver la petite ville d'Amity et son ambiance 70's.
Le début sur fond de Petula Clark est fameux. J'aime aussi beaucoup la scène où Roy Scheider se force à aller dans l'eau, finalement assez profonde, pour retourner un bout de bois et son cadavre.
Je prends mon courage à deux mains et je vous tape la critique de Serge Daney, en pleine forme :
"Pas vraiment à la suite de Jaws 1, puisqu'à Amity, inexplicablement, tout le monde a oublié le grand blanc filmé par Spielberg et mérite bien qu'un grand gris, filmé (avec beaucoup moins de moyens, ce requin a tout l'air d'un has been) par Jeannot Szwarc, leur rafraîchisse la mémoire - puisqu'ils l'ont si courte (promoteurs avides d'argent et jeunesse dorée avide de sexe). La partie la moins médiocre d'un film qui l'est de bout en bout (médiocre) tourne autour du personnage de Brody (Roy Scheider, plutôt bon) quand tout le monde le prend pour un toqué et quand lui-même, ayant pris un banc de sardines pour un requin, doute un instant de lui-même, perd son job et se verse un verre entier de Jack Daniel's. Malheureusement, le spectateur, qui a vu, dès la séquence prégénérique, la bête se faire les dents sur deux photographes sous-marins (faut-il y voir une métaphore du film ? Je ne crois pas), sait à quoi s'en tenir et en vient à souhaiter - c'est la ruse du scénario - que la bête se manifeste au grand jour, que les incrédules soient couverts de honte et que Brody, devenu entre-temps une sorte d'Achab, soit reconnu comme le meilleur des flics et le meilleur des pères (il sauve ses enfants qui lui avaient désobéi). Ce genre de fiction, où il faut rien moins qu'un requin pour convaincre les enfants que leurs parents sont dignes de l'être, n'a rien pour plaire et encore moins pour rassurer."