
Agé de dix-sept ans, François est rejeté de tous. Il fait de sa solitude son pain quotidien dans ce sordide grenier où on l'a relégué. Mado, qui a onze ans vit, avec sa mère qui la maltraite, une existence misérable, ennuyeuse et solitaire.
Ces deux laissés pour compte vont mêler leur solitude dans le grenier de François où celui-ci a conduit Mado après l'avoir enlevée. Dans ce nid improvisé, chacun difficilement et maladroitement, va tenter de donner à l’autre un peu de son immense amour.
Je découvre ce film de Doillon par l'intermédiaire du coffret MK2 sorti récemment. Et cette "Drôlesse" m'a à vrai dire beaucoup touché. D'un sujet assez difficile à priori, Doillon tire une oeuvre pure, aux situations et aux dialogues très justes. Comme souvent, les jeune comédiens, ici ce duo Madeleine Desdevises (11 ans) / Claude Hébert (17 ans), sont dirigés à la perfection par Doillon. Le début du film met mal à l'aise, avec le portrait de ces deux paumés vivant pas seulement loin des villes, mais loin de tout, et cet enlèvement, qui bizarrement ne glace pas tellement le sang. Puis on apprend à comprendre la vie de ces deux personnages, les motifs qui les poussent à se faire confiance et à s'aimer. Avec leur différence d'âge, de sexe, et de motivations, l'équilibre de leur relation a tendance à se perdre. Tantôt, Mado prend l'avantage, tantôt François essaie de rétablire un rapport de force. Et lentement mais sûrement, chacun apprend de l'autre, murit au même rythme, jusqu'à un puissant et beau final.