A bord du Vaisseau Etoile, les humains vivent depuis plusieurs générations sous les ordres d'un ordinateur nommé Psycho, programmé par leurs ancêtres plusieurs siècles auparavant. Eddy Burns vient d'être nommé à la Psycho-police contre son gré. Il doit tuer les personnes devenues trop vieilles pour être utiles au bon fonctionnement du navire...
Première tentative de science-fiction futuriste de la télévision française, ce téléfilm opte pour une anticipation sérieuse, noire, qui annonce des titres comme "THX 1138", "L'âge de cristal" et autres "Soleil vert". L'histoire est intéressante, mais les moyens limitent considérablement l'entreprise : décors et accessoires archi-fauchés, comédiens hésitants, statisme... Quelques prises de catch apportent un peu d'action, mais l'ensemble paraît bien long, certaines séquences de dialogues paraissant fortement surabondantes.
Une curiosité honorable, mais qui se voit aujourd'hui avant tout comme une curiosité historique. C'est ainsi la première production fantastique télévisée à laquelle collabora Michel Subiela (en tant que scénariste), fondateur de séries comme Le tribunal de l'impossible ou Les classiques de l'étrange.
Vu sur Cine FX dans une copie correcte (il faut prendre en compte les conditions difficiles d'enregistrement d'une diffusion télévisée à cette époque : télécinéma en direct, etc...) 1.33 noir et blanc et en stéréo, semble-t-il (ou mono aéré, dira-t-on)...
Le navire étoile - 1962 - Alain Boudet
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Je n'ai vu que le premier épisode sur FX. J'ai trouvé ça très bien amené. D'inspiration Orwell, ce pilote nous horrifie par les règles de sélection naturelle et / ou la nécessité de préservation de l'espèce. Avec de facheusess conséquences apparemment.
Cà vaut le coup d'oeil. Mon regret est de ne pas avoir vu la suite.
Cà vaut le coup d'oeil. Mon regret est de ne pas avoir vu la suite.
Les apparitions fatales des morts-vivants, dans leur brutalité, apparaissent inévitables, comme la main aveugle du destin. Les morts sont une fatalité, non un danger qui mettrait en jeu la survie.
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Il s'agissait d'une dramatique filmée en direct. Ce n'était pas le pilote d'une série, il n'y a pas eu de suite sous forme d'épisodes.
C'est un chance que l'INA ait réussi à préserver ce petit bijou. Ce qui ne sera pas le cas, hélas ! de toutes les productions de l'époque, voire de périodes plus récentes.
C'est un chance que l'INA ait réussi à préserver ce petit bijou. Ce qui ne sera pas le cas, hélas ! de toutes les productions de l'époque, voire de périodes plus récentes.

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Re: Le navire étoile - 1962 - Alain Boudet
Quelque part dans l’immensite de l’espace, un vaisseau transportant ce qui reste de l’humanite depuis maintenant seize generations voyage vers sa destination. A l’interieur, un ordinateur, Psycho, regie la vie, les restrictions, et surtout la mort “preprogrammee” des humains dont il a la garde. Un jour, en remplacement d’un des membres les plus grades de la Psycho-police, il choisit un simple manutentionnaire. Peut-etre sa premiere “erreur”, une “erreur” lourde de consequence…
Produit par l’ORTF en 1962, LNE est base sur le roman “The Space-Born” (1956) d’Edwin Charles Tubb, auteur de science-fiction britannique.
Tubb, tres actif dans le domaine de la literature de science-fiction fut non seulement un collaborateur actif aux magazines specialises anglo-saxons (tant d’un cote que de l’autre de l’Atlantique), mais aussi l’un des membres fondateurs de la British Science-Fiction Association.
LNE d’un point de vue contenu predate par certains de ses sujets des romans (et leurs adaptations ulterieures) de plusieurs annees.
L’on retrouve ainsi des elements de Make Room! Make Room! (1966) de Harry Harrison qui deviendra Soylent Green (1973) a l’ecran ou de Logan’s Run (1967) qui sera adapte en 1976.
Du premier, l’on retrouve au detour d’une scene de cauchemar (certes) l’idee des hommes qui se nourrissent des hommes, ainsi que l’idee generale de la rarefaction des biens et surtout de la nourriture, la difference etant que l’angle de Tubb est la notion de “gaspillage”, tandis que celle de Harrison est le “cout” ainsi que son “remplacement” a long terme.
Du deuxieme, il partagera l’idee d’une societe “ideale”, mais close et ou le temps (de vie) est limitee avant d’etre “abrege”.
A noter egalement que l’idee de depart (un vaisseau-civilisation dont les passagers finissent par oublier certains details) sera egalement partiellement “recyclee” par un autre auteur; Harlan Ellison, lorsque ce dernier collaborera a la creation de la serie The Starlost TV (1973).
L’on voit donc que l’on se trouve face a un concept de SF des plus “reflechi” et sujet a influencer le genre sur les prochaines decennies!
En ce qui concerne la presente adaptation, et meme si Alain Baudet (Le Theatre de la Jeunesse TV (1961), Le Tribunal de l’Impossible TV (1967), Les Thibault TV (1972) ) n’est pas reellement un “specialiste” de la SF et plus un realisateur “polyforme” de l’ORTF, l’adaptation sera signe Michel Subiela (Les Hauts de Hurlevent TV (1962), Le Tribunal de l’Impossible TV 1967), Le Collectionneur de Cerveaux TV (1976) ), “caution” assez serieuse et impliquee en matiere de defense du genre “fantastique” sur le petit ecran francais.
Si sur le papier cela peut paraitre tres allechant, quant est-il apres cinquante ans?
En fait, et toute proportion gardee, l’on peut dire que sa tient plutot bien la route pour l’epoque!
Ainsi, la—pourtant “frileuse” en matiere de fantastique—ORTF, ne retient pas ses “coups” et ose parler de “genetique” lorsque le recit touche a l’obligation de procreer auquel les femmes, mais aussi les hommes sont adjoints, n’occulte nullement l’idee d’”elimination” des “inutiles” (c-a-d; les “vieux”), ainsi que d’eugenisme (alors que les phantasmes du IIIeme Reich ne sont pas encore si loin), tout comme les idees de gaspillage, alors que la notion de “rationnement” heritee de la deuxieme guerre mondiale devait encore etre largement dans les esprits de l’epoque.
Si l’on rajoute que la “(psycho)-police” n’est que le bras arme d’une dictature informatique et de par ses prerogatives tient plus du fascisme
(corrompu de surcroit!) qu’autre-chose, et a l’epoque ou les forces de l’ordre etaient encore frequemment utilisee et en toute impunite comme “forces de frappe” par le pouvoir (c.f. la repression de la manifestation du 17 octobre 1961 ou du metro Charonne en 1962), voire que certaines idees nauseabondes etaient monnaie courante dans ses rangs (c.f. l’infiltration de l’OAS dans les forces de police ou de l’armee a l’epoque), l’on se permet d’etre assez etonne qu’une telle production ait pu voir le jour a cette epoque…
Bref, l’ORTF “ose” une SF on ne peut plus “adulte” et sombre et au final assez…”rebelle” dans ses accusations.
Cote “production-values”, et meme si celles-ci ne s’elevent pas au-dessus du rang de series similaires notamment US de l’epoque (Tales of Tomorrow TV (1951), One Step Beyond TV (1959), The Twilight Zone TV (1959) ), elles restent acceptables, mais aussi parviennent de par le monolithisme des decors faire ressentir l’extreme froideur de ce monde en vase clos et devenu au fil des generations de “voyageurs”, profondement “inhumain”.
Tout ne sera par contre pas parfait, loin s’en faut.
Ainsi, le jeu des acteurs alterne la raideur et la souplesse, et si le noir et blanc ne detonne que peu—voire accentue l’impact de cet univers sans sentiments et fait de “gestes mecaniques”—le design des costumes et surtout le couvre-chef des acteurs a tendance a les rendre un peu difficile a discerner les uns des autres dans un premier temps.
Cote narration, le cote “philosphique” est TRES mis en avant, et pas toujours subtilement, alors que l’enquete sur les derives du “systeme” est bizarrement gardee en retrait (en fait, le contraire du cinema actuel…).
Ajoutons aussi quelques “perches” qui jouent aux “ombres chinoises” a l’ecran et autres “bisbilles” techniques.
Mais, au final, ce ne sont que quelques details et le telefilm se laisse suivre avec interet, laissant les “decouvertes” se devoiler l’une apres l’autre.
LNE reste donc une production qui peut se voir donc comme une “curiosite”, mais aussi comme possedant une reelle “ valeur historique” dans le cadre du PAF, le tout enrobe dans une histoire qui merite reflexion. Que demander de plus d’un telefilm de science-fiction?
Le Navire Etoile: 4.0 / 5
Produit par l’ORTF en 1962, LNE est base sur le roman “The Space-Born” (1956) d’Edwin Charles Tubb, auteur de science-fiction britannique.
Tubb, tres actif dans le domaine de la literature de science-fiction fut non seulement un collaborateur actif aux magazines specialises anglo-saxons (tant d’un cote que de l’autre de l’Atlantique), mais aussi l’un des membres fondateurs de la British Science-Fiction Association.
LNE d’un point de vue contenu predate par certains de ses sujets des romans (et leurs adaptations ulterieures) de plusieurs annees.
L’on retrouve ainsi des elements de Make Room! Make Room! (1966) de Harry Harrison qui deviendra Soylent Green (1973) a l’ecran ou de Logan’s Run (1967) qui sera adapte en 1976.
Du premier, l’on retrouve au detour d’une scene de cauchemar (certes) l’idee des hommes qui se nourrissent des hommes, ainsi que l’idee generale de la rarefaction des biens et surtout de la nourriture, la difference etant que l’angle de Tubb est la notion de “gaspillage”, tandis que celle de Harrison est le “cout” ainsi que son “remplacement” a long terme.
Du deuxieme, il partagera l’idee d’une societe “ideale”, mais close et ou le temps (de vie) est limitee avant d’etre “abrege”.
A noter egalement que l’idee de depart (un vaisseau-civilisation dont les passagers finissent par oublier certains details) sera egalement partiellement “recyclee” par un autre auteur; Harlan Ellison, lorsque ce dernier collaborera a la creation de la serie The Starlost TV (1973).
L’on voit donc que l’on se trouve face a un concept de SF des plus “reflechi” et sujet a influencer le genre sur les prochaines decennies!
En ce qui concerne la presente adaptation, et meme si Alain Baudet (Le Theatre de la Jeunesse TV (1961), Le Tribunal de l’Impossible TV (1967), Les Thibault TV (1972) ) n’est pas reellement un “specialiste” de la SF et plus un realisateur “polyforme” de l’ORTF, l’adaptation sera signe Michel Subiela (Les Hauts de Hurlevent TV (1962), Le Tribunal de l’Impossible TV 1967), Le Collectionneur de Cerveaux TV (1976) ), “caution” assez serieuse et impliquee en matiere de defense du genre “fantastique” sur le petit ecran francais.
Si sur le papier cela peut paraitre tres allechant, quant est-il apres cinquante ans?
En fait, et toute proportion gardee, l’on peut dire que sa tient plutot bien la route pour l’epoque!
Ainsi, la—pourtant “frileuse” en matiere de fantastique—ORTF, ne retient pas ses “coups” et ose parler de “genetique” lorsque le recit touche a l’obligation de procreer auquel les femmes, mais aussi les hommes sont adjoints, n’occulte nullement l’idee d’”elimination” des “inutiles” (c-a-d; les “vieux”), ainsi que d’eugenisme (alors que les phantasmes du IIIeme Reich ne sont pas encore si loin), tout comme les idees de gaspillage, alors que la notion de “rationnement” heritee de la deuxieme guerre mondiale devait encore etre largement dans les esprits de l’epoque.
Si l’on rajoute que la “(psycho)-police” n’est que le bras arme d’une dictature informatique et de par ses prerogatives tient plus du fascisme
(corrompu de surcroit!) qu’autre-chose, et a l’epoque ou les forces de l’ordre etaient encore frequemment utilisee et en toute impunite comme “forces de frappe” par le pouvoir (c.f. la repression de la manifestation du 17 octobre 1961 ou du metro Charonne en 1962), voire que certaines idees nauseabondes etaient monnaie courante dans ses rangs (c.f. l’infiltration de l’OAS dans les forces de police ou de l’armee a l’epoque), l’on se permet d’etre assez etonne qu’une telle production ait pu voir le jour a cette epoque…
Bref, l’ORTF “ose” une SF on ne peut plus “adulte” et sombre et au final assez…”rebelle” dans ses accusations.
Cote “production-values”, et meme si celles-ci ne s’elevent pas au-dessus du rang de series similaires notamment US de l’epoque (Tales of Tomorrow TV (1951), One Step Beyond TV (1959), The Twilight Zone TV (1959) ), elles restent acceptables, mais aussi parviennent de par le monolithisme des decors faire ressentir l’extreme froideur de ce monde en vase clos et devenu au fil des generations de “voyageurs”, profondement “inhumain”.
Tout ne sera par contre pas parfait, loin s’en faut.
Ainsi, le jeu des acteurs alterne la raideur et la souplesse, et si le noir et blanc ne detonne que peu—voire accentue l’impact de cet univers sans sentiments et fait de “gestes mecaniques”—le design des costumes et surtout le couvre-chef des acteurs a tendance a les rendre un peu difficile a discerner les uns des autres dans un premier temps.
Cote narration, le cote “philosphique” est TRES mis en avant, et pas toujours subtilement, alors que l’enquete sur les derives du “systeme” est bizarrement gardee en retrait (en fait, le contraire du cinema actuel…).
Ajoutons aussi quelques “perches” qui jouent aux “ombres chinoises” a l’ecran et autres “bisbilles” techniques.
Mais, au final, ce ne sont que quelques details et le telefilm se laisse suivre avec interet, laissant les “decouvertes” se devoiler l’une apres l’autre.
LNE reste donc une production qui peut se voir donc comme une “curiosite”, mais aussi comme possedant une reelle “ valeur historique” dans le cadre du PAF, le tout enrobe dans une histoire qui merite reflexion. Que demander de plus d’un telefilm de science-fiction?
Le Navire Etoile: 4.0 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.