Résumé : Blandine est blessée sur le tarmac de Roissy lors d'un retour à l'avion où un groupe d'Africains résiste à l'embarquement. Bien qu'elle soit sur le sol français, sa blessure, sa présence, son être sont niés par la police aux frontières à qui elle demande l'asile.
La France est sourde. La France n'est plus une terre d'accueil. Mais une terre butée qui expulse, blesse et humilie.
Réfugiée dans un squat aux fenêtres murées, auprès de son mari Papi qui la soigne, Moktar qui a peur de sortir dans la rue, Steve qui ne se fait plus d'illusions, Fanny et Kary qui vendent leurs corps pour pouvoir dormir sous un toit, Blandine plonge dans le silence...
Un film de deux heures quarante. Lent, silencieux, austère mais sincère. Il faut avoir le courage de s'y confronter.
Filmé quasi-uniquement en plan fixes, sans coquetterie techniques apparentes, si ce n'est un remarquable sens du cadrage, le film de Nicolas Klotz apparait comme un objet brut et vivant. Terriblement vivant.
Dans le silence des pièces (que ce soit une cellule de rétention ou la chambre d'un squat), la parole se fait rare, impuissante. Les personnages en sont conscients et en souffrent. Ce silence serait trop suffocant, trop pesant, si il n'était pas régulièrement désamorcé par quelques monologues, d'une cruelle lucidité. D'autant plus marquant qu'ils sont récités, par les acteurs amateurs, avec un naturel et une aisance remarquable.
Si le film est lent, d'une lenteur parfaitement maitrisée, on ne s'y ennuie jamais. Il est avant tout mu par l'urgence de la dénonciation, l'urgence de ces corps ballotés, puis abandonnés. En évoquant les destins brisés de ces demandeurs d'asile, "La Blessure" s'aventure dans un domaine totalement ignoré par le cinéma. Le film met viollement la société face à son propre silence, à son incapacité d'agir. Cela arrive près de chez nous, et le constat fait mal : on en sort, nous aussi, un peu meurtri.
Du grand cinéma, nécessaire et subtil. A réserver toutefois aux amateurs de cinéma naturaliste à la Pialat, les autres périront d'ennui.
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La Blessure - Nicolas Koltz (2005)
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Re: La Blessure - Nicolas Koltz (2005)
Je n'ai vu que la version courte sur Arte. Un immense chef-d'oeuvre, audacieux et nécessaire.
Re: La Blessure - Nicolas Koltz (2005)
Je crois qu'elle durait 2 heures (soit 40 minutes de moins que la version ciné), c'est ca ?Hrundi V. Bakshi a écrit :Je n'ai vu que la version courte sur Arte. Un immense chef-d'oeuvre, audacieux et nécessaire.
Je me demande ce qu'ils ont pu couper. Les 2h40 de la version cinéma sont totalement justifiées. C'est Lent, certes, mais ca rentre totalement dans le projet du film.
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Re: La Blessure - Nicolas Koltz (2005)
1h40... On perd donc une heure. Et ça se sent assez, malgré la lenteur du film. Ca va trop vite, paradoxalement.Battosai a écrit : Je crois qu'elle durait 2 heures (soit 40 minutes de moins que la version ciné), c'est ca ?
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