Sorti sous le titre La philosophie dans le boudoir, Sade 76 est la libre adaptation de l'oeuve éponyme du Divin marquis et fut le 1er film de Jacques Scandelari.
Sade 76 nous entraine au coeur d'un domaine où un jeune homme, Zenoff, est invité lors d'un WE. Ici, tous les invités sous l'oeil du Grand Maître qui fêtera ses noces avec Xena, peuvent vivre leurs fantasmes les plus débridés, leurs pires perversions et se laisser au libertinage le plus exacerbé.
En perversions, Scandelari n'est point avare et il nous assène coup sur coup une suite de tableaux plus hallucinants les uns que les autres:
Bestialité, necrophilie, viols et sado-masochisme, véritable voyage au coeur de la perversité humaine et du vice, Sade 76 aligne entre autre réjouissances:
-un peintre peignant ses tableaux en déféquant et se torchant avant de se transformer en tapis de bain sur lequel on s'essuie les pieds
-une chasse à courre dont le gibier est une femme qui sera tuée, une des chasseresses fera poetiquement l'amour avec le cadavre sur un arbre
-on donne en pâture des femmes à un monstre lubrique qui les viole sauvagement devant l'assistance que le spectacle excite se transformant en lupanar
-on fouette, on chaine et enchaine, on humilie -un homme se transforme à vie en chien pour mieux servir sa maîtresse
-on mange et fait l'amour au milieu d'animaux, lapins blancs et serpents se mélangeant soudain aux invités tel l'envers du miroir d'Alice.
Le paroxysme du mauvais gout et de l'abjecte sera atteint lorsqu'une sale fait l'amour avec un poulpe mort, s'enduisant febrilement le corps de sa bave, se caressant avec, se roulant dans un lit couvert de poissons morts qu'elle aime goulument avant de s'enfoncer une truite vivante dans le vagin qu'elle ressortira.. morte





Tourné dans un magnifique château, dans des décors psychedelico-pop arty flashy kitch multicolores parfois futuristes- les superbes fauteuils transparents façon 2001- Sade 76 tente de mettre en scène parfois maladroitement tous les fantasmes sadiens.
Veritable carnaval héretique où chaque personnage évolue dans des costumes et maquillages grandioses qui ne sont pas sans rapeller l'univers Fellinien, Sade 76 alterne malheureusement d'excellentes séquences souvent envoûtantes à des séquences plus ternes et longuettes que l'amateurisme des comédiens renforce, Sade 76 étant au départ un film de"copains".
Derrière ses outrances et ses outrages, c'est le vice contre vertu, le bien contre le mal, l'amour contre la perversion. On prône les libertés les plus exubérantes, on bafoue Dieu et la religion qu'on rejette, on va chercher le bien par le mal, la vertu dans le vice, il n'y a plus de justice ni même divine sauf celle du domaine où la mort se donne comme la vie jusqu'au simulacre grotesque de mariage où on se promet humiliation et libertinage.
Refuser la loi du domaine, c'est être rejeté ou puni. C'est ce que Zenoff fera en s'enfuyant avec Xena dont il est amoureux, l'arrachant à cet univers de démence.
Scandelari plonge alors dans une poésie champêtre.
Le couple s'aime enfin proprement, s'ébat nu dans les feuilles mortes et la boue, gambade à travers cette nature qui represente la pureté retrouvée, poésie également présente tout au long du film à travers un décor, une séquence, un tableau.
Mais le Mal est toujours plus fort que la vertu et finalement Xena retournera au domaine, épousera le Grand Maitre qui infligera à Zenoff la punition méritée, devenant le jouet de ses désirs les plus fous et désirant l'adonner aux plaisirs homosexuels.
Femme, homme , animal, l'essentiel est le plaisir et l'assouvissement sans limite de ses fantasmes.
Au couteau, il fera sauter lentement la braguette

Le final lorgne vers Salo, un Salo version psychédelique où un danseur woodstockien tourbillonne de mille rubans rouges alors que les suplliciés subissent les pires tortures: fouet, chaines et surtout le summm du raffinement:
un cul brûlé au fer rouge que l'on fessera à vif!!
OUIIIIIIIIIIIIII! J'ADOOOORE!!


Point de happy end, Scandelari condamne toute innocence au profit du Mal et du vice, sera jeté hors du domaine, ayant tout perdu d'avoir trop voulu être pu.
Sade 76 est une curiosité sadienne, un oeuvre rare devenue culte dans l'euro-trash français.
Même si Scandelari n'arrive pas toujours à la hauteur de ses ambitions faute de moyen et d'acteurs convaincants, Sade 76, oeuvre inégale, dégage portant sans cesse quelque chose de prenant et d'intriguant ne serait ce que ds ses délires visuels qui fait qu'il n'est jamais ennuyeux ou ennuyant.
Parmi le casting amateur, amis du réalisateur, on retrouvera Jean jacques Bouvet, homme de theatre aujourd'hui et ds les rôles principaux, Souschka la sale- à ne pas confondre avec Douchka

