L'austérité à l'état pur. L'adaptation du roman de Philippe Claudel est réussie. Accumuler les morts pendant 1h43 n'est pas un exercice facile, mais Yves Angelo, roi du film dépressif (pas une once de gaieté dans sa filmographie), sait y faire. Son dernier long métrage (le 5ème d'une carrière jalonnée de bides) est à l'image du roman un monument de noirceur, une réflexion sur l'humanité triste et désabusée. Les acteurs se distinguent de manière épatante, surtout JP Marielle dans le rôle d'un procureur froid et éternellement triste. L'un des rôles de sa carrière. Villeret brille aussi en interprétant un juge absolument odieux. Du grand cinéma, malheureusement entaché par le recours à une DV de luxe, inexplicable vu le budget copieux du film (décors, costumes, figuration à profusion sont là pour en attester), qui enlaidit l'image pourtant très travaillée par Angelo.
Les âmes noires ! Plongeant dans les tréfonds de l'âme humaine, Yves Angelo et son scénariste Philippe Claudel tirent un portrait peu flatteur de notre espèce. Ils décrivent avec une justesse étonnante cette période très particulière que fut la Première guerre mondiale et en particulier l'année 1917. C'est le moment où la France traverse une grave crise morale et où les gens commencent à se demander à quoi cette guerre rime. C'est aussi le temps de la désertion. Tout cela est magnifiquement retracé dans ce merveilleux film qui nous fait ainsi oublier les pubs Lesieur de monsieur Jeunet et son épouvantable "long dimanche de fiançailles". Yves Angelo choisit une fois de plus la voie d'un certain classicisme et d'une totale austérité dans sa mise en scène. Tout est feutré, mais chaque plan exhale cette terrible odeur qui est celle de la mort. Elle frappe la plupart des personnages et souligne un peu plus le dérisoire de nos existences. Tout ceci est servi par une brochette de comédiens formidables et inspirés. Alors, c'est sûr, il faut mieux ne pas être déprimé le jour de la projection car l'ensemble est d'une noirceur redoutable.
J'ai beau aimer le film de Jeunet, j'allais motivé voir ces "Ames grises". J'ai malheureusement subi un ennui mortel devant ce film. C'était vendu comme une enquête policière. La première scène du film le confirme avec ce flashback à mon sens inutile. La suite du film change de ton, et délaisse soit certains personnages par moments, soit l'intrigue de l'enquête. La première demi-heure m'a beaucoup plu, la description de l'ambiance lourde due à la guerre, les conflits sociaux qui en découlent (les soldats contre les civils, etc...). Cette bifurcation de l'enquête vers le drame historique ne me déplaisait pas mais c'est tellement lent, tellement long, que j'ai décroché assez vite. Dommage...
Et la lumière n'est pas d'Angelo mais de jérôme Alméras, qui a aussi signé la lumière du dernier Pierre Jolivet, et qui continue à être assistant opérateur avec Patrick Blossier ("La moustache") par exemple...
Oui, je veux bien, mais à priori, on ne va pas voir un film d'Angelo pour les rebondissements de l'intrigue, puisqu'il est toujours resté cohérent avec lui-même : ses films sont austères, lents et attentifs aux êtres plus qu'aux événements.