Résumé : John Reid (Klinton Spilsbury) et son frère sont des Texas Rangers, bien décidés à faire régner la justice. Malheureusement ils sont victimes d'une embuscade menée par le redoutable bandit Butch Cavendich (Christopher Lloyd), un militaire tombé en disgrace et avide de pouvoir. John, gravement blessé, est recueilli par Tonto, un ami d'enfance ; il soigne ses blessures et revient faire respecter la justice sous le masque du Lone Ranger... Première cible : Cavendich, meurtrier de son frère, qui concocte un plan diabolique...
Voilà un film tombé aux oubliettes, mais qui mérite un petit coup d'oeil à l'heure où Zorro revient "en force". Le Lone Ranger, c'est en effet l'autre grand héros de western adoré des enfants américains, véritable symbole américain et héros de serials, longs métrages, bandes dessinées... Il a été décliné partout. Depuis longtemps tombé en désuétude, il reste pourtant célèbre et présent dans l'imaginaire américain ; aussi n'est-il pas surprenant de visionner une tentative ambitieuse de revival remontant au début des années 80, mise en chantier par anticipation sur le succès public de "La Porte du Paradis"
Le film se voulait ambitieux, avec un budget important de 18M$, une partition de John Barry (une de ses plus mauvaises, voire la seule vraiment mauvaise), et un réalisateur de choix en la personne de William A. Fraker, le grand directeur de la photographie. Pour incarner le Lone Ranger, on organise un grand casting pour trouver un nouveau talent : ce sera Klinton Spilsbury, un jeune mannequin, dans son premier et dernier film. Très vite, le film dégage un parfum de désastre et se met le public à dos : les producteurs interdisent à Clayton Moore, le précédent et très populaire interprète du héros, de se produire en public en costume (y compris pour les opérations caritatives), et Spilsbury agit en véritable diva, insultant Moore par voie de presse tandis que les rumeurs à son sujet vont bon train. Les journalistes parlent d'une interprétation désastreuse, expliquant que le seul talent réel de Spilsbury est d'être le giton du producteur. La production tente une opération promo pour redresser la barre, et Spilsbury se produit finalement en grande pompe devant un parterre de journalistes, avec son costume et son cheval... qu'il n'est pas fichu de monter !
Logiquement, le film est un flop et un désastre merchandising (surtout que le personnage s'exporte mal). Justifié ? Malheureusement oui, car ce Lone Ranger brille par sa très grande molesse. Construit en trois actes, le film commence par s'éterniser avec des scènes d'exposition rébarbatives, avant de nous assommer avec la naissance et l'initiation du héros : c'est bien simple, tous les scènes fondatrices (découverte de ses armes, de sa monture...) sont lamentablement foirées et brillent par leur timidité. Pour éviter une trop grande ringardise ou naïveté, Fraker préfère ne pas prendre de risques et efface complètement le protagoniste, qui perd toute sa dimension héroïque. Le film se termine même de manière anticlimatique : finalement, le Lone Ranger n'accomplit rien de tout le métrage ! Bien dommage, et l'interprétation de Spilsbury (entièrement doublé, sa voix étant jugée "peu virile") n'arrange rien. Lloyd est quant à lui assez insipide.
Sauvons tout de même un scope sympathique, quelques touches de violence surprenantes (l'ambuscade, avec des gerbes de sang au ralenti qui n'ont à priori rien à faire dans un film pour enfants !) et un scénario aux idées relativement prometteuses... qui sera largement pompé pour "Le Masque de Zorro" en 1998 ! Parmi les similitudes : la mort du frère aux mains d'un méchant officier, le plan du méchant (histoire de territoire et d'argent qui est en tous points similaire), et même une scène romantique avec le Lone Ranger déguisé en prêtre, au confessionnal !
Le film est dispo en Zone 2 UK pas trop cher, au format (contrairement à ce qui est dit sur la jaquette) mais sans sous-titres et dans une copie top moche.
