Porcherie- P. P Pasolini- 1969

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
eric draven
Messages : 6509
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 1:23 pm
Localisation : Dans la beauté du sale, la beauté du mal, sous les croix en feu, violant, déféquant...

Porcherie- P. P Pasolini- 1969

Message par eric draven »

Porcherie / Porcile: il dévore son père et fait l'amour aux porcs

Réalisé en 1969 Porcherie s'inscrit dans le cycle théatral de Pasolini et demeure l'un des films les plus originaux du maitre.

Porcherie met en parallèle deux histoires différentes mais pourtant similaires: celle d'un jeune hmme poursuivi pour cannibalisme dans un monde médiéval et austère et celle d'un fils d'un ex nazi qui voue un amour sans limite aux porcs jusqu'à s'adonner à la zoophilie.
Porcherie est une incroyable parabole, provocante, étrange, grotesque sur deux sociétés radicalement opposées mais pourtant si similaires.

Le film met en parallèle deux formes de sociétés. D'une part, un univers indeterminé aux relans médievaux où sévissent les pretres catholiques sacrifiant et tuant femmes et hommes mais qui pourtant proscrivent le cannibalisme.
D'autre part, un monde contemporain tout aussi barbare derrière sa modernité et son faste dirigé par des néo nazis.

Chacun des deux contes trouvent echo l'un dans l'autre. Ainsi est consrruit Porcherie, une mise en parallèle constante. Aux espaces desertiques et sauvages du conte antique par exemple répond l'espace fastueux de la riche propriété.

Porcherie est aussi une satire anti-bourgeoise acide et cruelle, pasolini se complait dans une certaine nostalgie du nazisme à travers de longs dialogues monotones dégénérant vite en cacophonie aseptisant alors toute ideologie. Au bout d'un moment, la satire devient sa propre satire, Pasolini parodiant la décadence bourgeoise.
En bon anti fasciste qu'il est, il le denonce pour mieux le détruire.

Chaque conte a son coté infame: l'anthropophagie pour l'un même si ici elle est plus suggéré que montrée mais particulièrement efficace par la force de suggestion. Pasolini joue beaucoup sur le cérébral et le viscéral. Pour le deuxième, c'est la zooophilie et cet amour invétéré pour les porcs jusqu'a ne plus faire qu'un avec.
"J'ai tué mon père, jai mangé de la chair humaine et j'ai ressenti un frisson de plaisir" declarera le heros..

Pasolini tente de démonter que chaque société quelque soit son époque à ses extrêmes, ses interdits... mais le cannibalisme et la zoophilie resteront les deux extrêmes refusés par toute société.

On bannit l'infame ou ce qui nous parait infame à nos yeux et nos modes de pensées mais on tolère d'autres choses tout aussi infames pourtant. Voila Porcherie.

Magnifiquement filmé comme un rêve / cauchemar les scenes médiévales sont les plus abouties, dégageant une aura envoutante avec ces terres rocailleuses et sauvages quasi apocalyptique où erre cet homme traqué et forcé au cannibalisme par survie.

L'homosexualité comme partout chez Pasolini est ici en filigrane lors de la scéne où le jeune homme apres s'etre battu a l'épée met a terre le soldat se dernier s'inclinant, pret a recevoir le coup de grace. Pasolini filme le séquence avec cette passion homo-erotique qui lui est propre, insiste sur la beauté des corps et les regards qui s'alourdissent d'une étrange passion avant que l'homme ne brandisse son épée et découpe son adversaire afin de le dévorer... cannibalisme ou amour dévorant.
Un amour dévorant comme l'ultime scéne du film où le jeune neo nazi ira volontairemnt se faire dévorer par ses porcs afin de se fondre en eux...

Niveau casting, aux cotés de Ninetto Davoli, le jeune amant de toujours de Pasolini, on retrouve le rigide Jean Pierre Leaud ds le role du fils néo-nazi et surtout le plus névrosé de tous nos acteurs, le plus a vif de tous nos acteurs, le corse Pierre Clementi, le divin Pierre, le sublime Pierre, impeccable ici ds ce role de jeune cannibale médieval.. Pierre nu 8) .. un régal.. Pierre un parcours et un destin si tortueux sous le signe de la destruction, pierre mort trop tot!!

Porcherie est une oeuvre assez fermée, asssez difficile étalée comme un rêve/cauchemar mais dt les portes s'ouvrent aisement a qui sait la regarder avec l'esprit!
Modifié en dernier par eric draven le mer. févr. 15, 2006 10:43 pm, modifié 1 fois.
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf
Manolito
Site Admin
Messages : 21654
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Message par Manolito »

Un très grand Pasolini, dans la tradition de "Théorème", mais en beucoup moins tendre, beaucoup plus agressif. Il est aussi assez difficile à voir en France. Je me souviens l'avoir vu à la Cinémathèque Grands Boulevards, à l'occasion d'une rétrospective dédié à Pierre Clémenti. C'est un film à la distribution intéressante, puisqu'on y retrouve Anne Wiazemsky, Ugo Tognazzi, Marco Ferreri et Franco Citti. Klaus Kinski disait dans ses mémoires qu'il s'était vu proposer le rôle de Léaud (ce qui paraît étonnant, on le voit mieux dans celui de Clémenti), mais qu'il refusa car ce n'était pas assez bien payé.

Pasolini filme de façon très détachée, frontale, jouant à fond la carte de la symétrie et de la perspective, comme dans ces peintures renaissantes dont il s'inspira beaucoup. "Porcherie", ce sont les noces du vieux capitalisme-fascisme et du nouveau capitalisme-fascisme qui se frottent les mains et se réjouissent. Le fascisme n'a jamais été vaincu. Il prospère, et broie sur son chemin tout ceux dont la sensibilité diffère : les poètes et les enfants.

"Le message du film, pour simplifier, est le suivant : la société, toute société, dévore et les fils obéissants et ceux qui n'obéissent ni ne désobéissent. Les fils doivent obéir. Suffit." déclarait Pasolini dans la note d'intention donné à la presse lors de la présentation du film au festival de Venise...

Il écrivait aussi

"Le film est autobiographique pour les deux raisons suivantes :
1 - Je m'identifie en partie au personnage de Pierre Clémenti (anarchie apocalyptique, et disons contestation globale sur le plan de l'existence)
2 - Je m'identifie en partie au personnage de Jean-Pierre Léaud (l'ambiguite, la personnalité difficile à cerner, et en somme tout ce que dit le personnage lui-même dans on long monologue à son amie qui s'en va)"
eric draven
Messages : 6509
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 1:23 pm
Localisation : Dans la beauté du sale, la beauté du mal, sous les croix en feu, violant, déféquant...

Message par eric draven »

Trés bel apercu Manolito...

Le film existe en VHS francaise, VHS que je posséde, je ne sais plus chez quel éditeur par contre et existe un DVD également avec d'interessants bonus qui éclairent beaucoup sur le film et son message, le message que le maitre tend à faire passer.

Image

Divin Pierre Clementi, sublime Pierre auquel je consacrerai bientot un Top à.. :

Image

Image

Image

Image
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf
celia0
Messages : 3188
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 11:13 pm
Localisation : Devant toi

Message par celia0 »

Me suis à chaque fosi arrêté devant la VHs de ce film lors de mes visites au videoclub. J'étais intrigué par le titre, l'acteur soside michel bergeret le résumé au dos. La VHS c'était pas proserpine?
Avis aux nouveaux forumers, il est parfaitement normal voir de santé publique d'envoyer chier manolito au moins une fois.
eric draven
Messages : 6509
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 1:23 pm
Localisation : Dans la beauté du sale, la beauté du mal, sous les croix en feu, violant, déféquant...

Message par eric draven »

Non, j'ai vérifié, ma VHS, c'était chez Cinefilm video ds la collection Les films de ma vie.
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf
Manolito
Site Admin
Messages : 21654
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Message par Manolito »

A noter que l'homme à tête de cochon qui apparaît sur diverses jaquettes et affiches du film n'apparaît pas dans le film... A moins que ma mémoire me joue des tours ? Mais je crois m'en souvenir car ça m'avait déçu.

Au passage, ce film a vraisemblablement inspiré aux Bérurier Noir le titre de la chanson antifasciste Porcherie, le groupe étant cinéphile (et cinéaste pour Laurent, je crois) (cf. d'autres chansons dont les titres renvoient à des films anarchisant : Contes cruels de jeunesse, L'empereur Tomato Ketchup, Johnny revient de la guerre, etc...)
eric draven
Messages : 6509
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 1:23 pm
Localisation : Dans la beauté du sale, la beauté du mal, sous les croix en feu, violant, déféquant...

Message par eric draven »

Tes souvenirs ne te trahissent pas, l'homme à la tête de porc n'apparait pas dans le film.. C'est ici pour l'affiche une simple illustration je pense pour caricaturer Julian.


Rien de tel qu'un petit verre fringuant autour d'une table et sous une magnifique peinture renaissance pour parler fascisme avec le sosie d'Hitler!!
Image
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf
orco
Messages : 3383
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 10:21 pm
Localisation : Lille

Re: Porcherie- P. P Pasolini- 1969

Message par orco »

Porcherie est sorti en DVD français il y a peu, chez LCJ.
Répondre