Un journaliste enquete sur une serie de meurtres sanglants matines de cannibalisme qui ont tous en commun d’avoir ete commis a proximite d’un institut de recherche psychiatrique. Pour eviter le scandale, le medecin-en-chef decide d’utiliser ses techniques pour demasquer le coupable.
Adapte d’un piece, DX fait partie de sous-genre de whodunit appelle le “dark old house” et mettant en scene un ensemble de suspects dans une batisse et au terme (de generalement d’) une nuit—et apres plusieurs meurtres additionnels(!), le coupable est devoile. Un autre metrage a ranger dans le meme genre serait p.ex. The Bat whispers (1930).
Beneficiant d’un (a l’epoque) nouveau procede technicolor, le metrage presente un aspect “colore” ou “retravaille”, mais etait a l’epoque bel et bien en “couleurs”, meme si le procede etait perfectible (et a d’ailleurs ete perfectionne apres la sortie du film). A l’arrivee, il faut bien dire, que le procede represente plus une curiosite qu’un veritable “apport”, et que le metrage aurait tres bien pu etre en simple noir et blanc sans que rien ne soit perdu dans le processus.
Au niveau de la cinematographie, si le jeu “en chambre” pourrait trahir l’origine theatrale de l’intrigue, Curtiz exploite bien les possibilites du medium cinematographique grace a des decors tres elabores (voire science-fictionnels plus qu’autre chose) et une mise en scene utilisant tres bien l’espace, le tout matine de quelques allusions a l’expressionisme allemand des mieux venues.
A niveau de la cinematographie, l’imperfection du procede technicolor commence a se faire sentir, et le spectateur se prend a regretter le noir et blanc qui permettrait de mieux profiter des effets d’eclairage qui ont tendance a disparaitre au profit de couleurs un peu floutees.
Au niveau de l’intrigue, tous les elements, figures imposees du genre, sont presents; les suspects sont legions, le(s) hero(s) malgre lui/eux, les victimes qui sont eliminees les unes apres les autres, la maison est sinistre a souhait, les squelettes pullulent (literalement) dans les placards, les fausses pistes sont nombreuses et les meurtres sanglants (en paroles en tout cas) ). A noter l’apport d’installations un peu trop poussees pour l’epoque (1932), telle une installation qui tout en rappellant une mise en scene theatrale, suggererait quand meme une certaine “realite virtuelle”(!) plus qu’autre chose.
En ce qui concerne l’interpretation, elle est essentiellement divisee en deux “factions”, les acteurs “serieux”, tels Lionel Atwill (tres en forme, mais un cran en-deca de son role sdans Son of Frankenstein (1939) ) dans le role du medecin-chef (le Dr. Xavier) qui essaie de demasquer qui parmi ses chercheurs est un tueur en serie et Lee Tracy dans le role de Lee Taylor(!) le journaliste un peu trop cabotin pour ne pas irriter. Fay Wray dans le role de la fille d’Atwill, soutien dans un premier temps Tracy dans son cabotinage, puis finit par “reprendre son serieux” et “epauler” Atwill. Les autres acteurs sont assez a leurs aises dans les roles de chercheurs plutot sinistres et bourrus, bref les suspects ideaux!
Mais la palme revient sans doute a Preston Foster dans le role du tueur du metrage, qui sous une camera inventive et une mise en scene tres “fantastique” de Curtiz effectuera une transformation en “monstre” que ne renierait pas le Dr. Jekyll, un “collegue” de renommee mondiale.
A noter aussi l’idee de la tentative de meurtre devant des spectateurs impuissants qui a quelque chose de “giallesque” et surrealiste dans son exuberance.
Dans l’ensemble, un film qui sort de l’ordinaire et des attentes que l’on pouvait avoir a(a l’epoque) a son encontre de par son sujet (un meurtrier en serie et cannibale de surcroit!), ses parti-pris visuels oses, sa mise en scene dans le suspense et son affrontement final etonnament violent pour l’epoque(!). En fait, la seule chose a laquelle on pourrait s’attendre est le personnage du journaliste et son traitement, qui sont en fait le seul point faible (mais non fatal) du film.
A noter la (fausse) suite The Return of Doctor X qui sera realisee sept annees plus tard, “suite” tardive, peu inspiree et relativement inutile, qui sur un canevas pas vraiment plus pousse que ce metrage-ci, fera regretter la “patte” experte avec laquelle Curtiz maitrise et developpe son sujet.
A voir, pour la realisation, la mise en image et les quelques tres bonnes idees qui parcourent le metrage, preuve du talent et du professionalisme d’un bon realisateur qui parvient a transcender son sujet.
Doctor X: 4 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.