
Suite à l'enlèvement de sa petite fille, Madeleine Girard (Annie Girardot) fait des tentatives désespérées pour émouvoir le ravisseur. celui-ci exige toutefois que la Police soit maintenue à l'écart. Elle obeit, paye la rançon mais retrouve le corps de sa fille dans un sac poubelle. Qui a bien pu commettre ce meurtre et pour quelle raison?
André Cayatte reprend le thème douloureux du rapt d'enfant qu'il avat déjà traité dans Le Glaive et la Balance avec Anthony perkins, pour le porter àun niveau plus intimiste. plus insupportable, aussi, tant la douleur des proches est palpable. Annie Girardot, alors au sommet de sa carrière (et de son art), use de tout son métier pour faire passer un nombre incroyable d'émotions. Ce qui peut la rendre tout aussi distancée pour certains, elle y est ici à fleur de peau.
L'histoire prend la forme d'un thriller domestique, prenant toutefois à contrecourant le modèle américian; Qui lui prend la famille comme rempart à toute agression , elle n'est qu'ici que sujet à explosion. Le mari (Bernard Fresson), dépassé par les événements. Le beau-père (Fernand Ledoux, abominable) doucereux et accusateur, rejetant la faute sur sa belle-fille et tentant de monnayer sa petite fille. le fils (Stéphane Hillel) lui aussi gentilment dépassé. Elle semble seule à affronter l'horreur. Une fois arrivé, le meurtre prend tout à coup une autre dimension. Quelle raison de s'attaquer à un couple paisible de garagistes? Pour les ruiner? Pour les détruire?
Le suspense est habile, mais chacun semble oblitéré par la performance d'Annie Girardot qui porte le film sur ses épaules et lui donne l'impulsion pour ne jamais s'arreter. Le tout couronné par le harcèlement des voisins et d'une folle furieuse clamant être la vraie mere de l'enfant, des média pullulant autrour de sa maison.
On retrouvera ça et là les thèmes développés chez Cayatte (il s'agissait de la troisième collaborayion avec Annie Girardot, suivant Mourir d'aimer et Il n'y a pas de fumée sans feu), de la notion de justice (Verdict, dont l'héroïne suit une trajectoire un peu similaire), de vindicte populaire, des pressions de la société.
Le film, quoique mineur (l'enquete menée par Hardy Kruger est accessoire), trace un parcours de femme assez impressionnant. Taillé sur mesure pour son actrice principale, le rôle se termine par un constat amer et affreux quant à la résolution de l'histoire. Un mélo poussé dans ses derniers retranchements, entre suspense et tableau social désabusé.
Inédit en DVD, il fut sorti en VHS chez VIP puis en édition suspecte chez Majestic Home Video (1.66:1, copie sombre au son sourd). Aayant rencontré un large succès à sa sortie (environ 3 millions de spectateurs), le film fut conspué (comme tous les films d'André Cayatte, d'ailleurs) par la critique et tomba dans l'oubli. Annie Girardot demeura surtout célèbre cette même année pour Dr Francoise Gailland de J. Bertuccelli.
En tous cas, André Cayatte, un auteur à réhabiliter!