
Dans les années 80, le réalisateur hongrois réalise une trilogie de longs métrages mettant en scène l'acteur allemand Klaus Maria Brandauer : "Mephisto", "Colonel Redl", "Hanussen" qui seront des films d'envergure international. Le premier d'entre eux, "Mephisto" - cop-production entre l'Allemagne et la Hongrie - gagnera l'Oscar du meilleur film étranger !

"Mephisto" est en fait l'adaptation d'un roman écrit par Klaus Mann (le fils de Thomas), inspiré par le parcours de son beau-frère Gustaf Gründgens, célèbre acteur allemand qui, après une carrière brillante, se compromit avec les nazis jusqu'à devenir l'acteur préféré du maréchal Göring. On peut revoir ce comédien en ce moment dans "Libelei", un très beau film de Max Ophuls diffusé ces jours-ci sur Ciné Cinéma Classic (il joue l'aristocrate trompé par sa femme).
"Mephisto", c'est donc avant tout l'histoire d'une compromission, le parcours étudié assz finement d'un artiste ambitieux, avide de gloire et de succès, qui va frayer avec le régime nazi. Dans un premier temps sous l'alibi d'aider des comédiens menacés par le régime. Mais, au bout d'un moment, il se rend compte que cette excuse est illusoire, tant sa marge de manoeuvre est réduite. En fait, seul le confort, la réussite le retiennent en Allemagne. Où il se retrouvera piègé.
"Mephisto" s'inscrit dans la vague de films rétro dans le style des "damnés," "L'oeuf du serpent" et autres "Le conformiste", un cinéma très européen, bénéficiant d'une reconstitution historique tout à fait fastueuse, dun scénario et de dialogues intelligemment écrits. Et surtout d'une excellente interprétation de Klaus Maria Brandauer, qui incarne un histrion opportuniste, un salaud au fond symapthique, mais complètement inconscient de l'environnement maléfique dans lequel il évolue.
Il y a aussi des longueurs, des passages parfois redondants ou d'un intérêt inégal. Et un final au symbolisme un peu facile... Mais bon, cela reste un bon film, bien qu'inférieur tout de même au plus abouti "Colonel Redl".
Les trois collaborations Klaus Maria Brandauer - István Szabó sont récemment sortis en DVD en France, en coffret ou séparément. Pour ma part, je l'ai vu sur Ciné Cinéma Auteur dans une belle copie 1.77, en VM allemande mono.