
Six auteurs, six nouvelles - six réalisateurs, six courts métrages.
Une idée de départ toute simple et qui s'est mise en place rapidement et sans mal (à en croire la préface de José-Louis Bocquet, co-directeur de la collection Sable Noir).
Ce recueil illustré de photos de plateau est très attrayant en ce qu'il offre non seulement les nouvelles mais également une brève bio de chaque auteur (+ leur bibliographie) et aussi de chaque réalisateur. Le but n'étant pas de focaliser sur les films, on n'en saura pas plus sur le tournage, etc. Pour cela, je vous invite à vous diriger par ici

Andrea Japp "La Maison de ses rêves"
Laurent et Juliette emménagent dans la maison dont rêvait Juliette enfant. On raconte que l'homme qui y vécut tua sa femme le soir de la malédiction de Sable Noir avant de se suicider, mais le corps de la malheureuse n'a jamais été retrouvé. Dès le départ, Juliette se retrouve transformée et développe rapidement une obsession non naturelle avec SA maison.
Le style de l'auteur est très particulier et captivant d'emblée. Japp possède un don pour faire vivre ses personnages et bien que l'histoire est prévisible, on frissonne (contrairement au court que j'ai trouvé franchement mauvais).
Denis Bretin "Reflets dans un oeil mort"
Le jour de la malédiction, un détective se pend chez lui. Une famille avec une fille adolescente loue les lieux pour les vacances. La fille va trouver un vieil appareil photo qui va lui révéler de drôles de choses...
Selon moi, la nouvelle la plus réussie du lot. L'ambiance est présente dès le départ, infusant chaque page de son étrangeté dans une histoire dont l'adaptation s'avère très différente (mais non moins réussie). Le style de Bretin est fluide et agréable, l'auteur se coulant dans la peau d'une ado obsédée par la musique sans problème.
Jean-Bernard Pouy "Corps Etranger"
Une famille est en vacances à Sable Noir. Les enfants vont recevoir la visite de leur tante défunte (qu'ils n'ont pas vraiment connue de leur vivant) mais est-ce bien elle ?
L'ambiance est à la parano totale, soulignée par un twist final très sympathique. Malheureusement, c'est aussi très répétitif ce qui donne envie de sauter des passages. La nouvelle aurait gagné à être raccourcie mais cela reste un bon moment.
Maud Tabachnik "En attendant le bonheur"
Le jour de la malédiction, Gus arrive à Sable Noir pour y retrouver sa fiancée, Norma. Mais les habitants se comportent de façon très étrange, envoyant Gus sur l'une des promenades les plus bizarres de sa vie.
Ici, on nage en plein surréalisme ce qui donne une nouvelle qui s'apparente plus du cauchemar. On pense agréablement à "Stepford Wives" ou encore aux "Profanateurs de sépultures" et le tout se lit d'une traite sans trébucher.
François Rivière "La Villa du crépuscule"
Un jeune homme fait le voyage jusqu'à la villa de son actrice préférée (non fantastique), désormais décédée. Il y fera une rencontre des plus inattendues...
Un voyage nostalgique dans les fantasmes d'un doux rêveur. L'histoire est très belle, on a l'impression d'y flotter. La construction est efficace et même si on connaît la fin du fait d'avoir vu le film avant, ça fonctionne drôlement bien. Une jolie réussite. A noter qu'aucune affiche de film culte n'y est déchirée

Xavier Mauméjean "Mauvaises nouvelles d'après-demain"
Un détective est engagé par un écrivain pour enquêter sur un lieu dont l'auteur a rêvé : Sable Noir...
L'éternelle inspiration des créateurs : Leur création. En comparaison avec son adaptation, cette histoire est sans aucun doute celle qui a été le plus massacré. J'avais aimé visuellement mais absolument rien compris alors qu'ici, l'histoire est claire et pour une fois, imprévisible ce qui rajoute quelques notes de délices à son final. Il est également très symbolique de terminer sur celle-ci mais je ne vous raconterai pas pourquoi

Au final, ce recueil s'avère bien plus agréable, accessible et intéressant que ses adaptations sur l'écran. La difficulté réside toujours dans le fait de préserver l'esprit du matériau de base à moins de s'en écarter à un tel point que les deux n'ont plus rien de similaire et certains réalisateurs ont parfaitement réussi là où d'autres ont échoué.
Une lecture rapide pour un complément sympathique au film, que vous pourrez aisément emmener dans votre sac de plage
