
"Les bacchantes" est un péplum sans violence ni muscles, un péplum doux, qui épouse la forme d'un conte mythologique inspiré d'Euripide en racontant la lutte de la ville de Thèbes contre l'influence du dieu Dionysos et de ses bacchantes ... bref, l'intervention du plaisir et de la liberté des sens contre une religion plus rigoureuse.
La douceur du film de Ferroni mélé à l'esthétique 60's le rend, il est vrai parfois un peu mièvre et un peu suranné d'autant plus que le sujet aurait sans doute nécessité plus d'hystérie érotique et de noirceur, mais c'est aussi ce qui fait son charme et sa particularité ; la mise en scène est belle et la photo superbe, en particulier dans des scènes de caverne colorées à la Bava. Il est vrai que les orgies dyonisiaques faites de déhanchements sexy en minijupes, c'est un peu sage comme métaphore de la libération des sens, mais j'avais oublié que je n'étais pas chez Tinto Brass et que le Vatican n'aurait probablement pas laissé passer ça. Pierre Brice dans le rôle de Dionysos avec sa perruque blanc mauve est assez inattendu, les superbes Taina Elg et Allessandra Panaro incarnent à merveille force et pureté...
Tout l'intérêt du film de Ferroni tient au fait qu'il s'agit d'un véritable péplum d'émancipation féminine, un péplum de femmes choisissant d'aller contre la loi masculine et la loi tout court. On a déjà vu ça ; cependant, ici, point de vengeresses amazones seins au vent ou de femmes vikings en peau de bête, juste une jeunesse en quête d'indépendance et voulant se libérer d'un carcan...
La théâtralité du film est peut-être un des partis pris les plus intéressants des "bacchantes" car, s'il le rend assez statique, il tend également à le rapprocher du matériau d'origine, y compris dans une certaine manière de déclamer le texte.
J'attendais beaucoup de ce Ferroni, dont j'admire "le moulin des supplices" et "La nuit des diables", j'en ai eu peut-être un peu moins que prévu, mais, il n'en demeure pas moins un péplum curieux, poétique et léger, bien réalisé , d'autant plus à ne pas rater que je crois - sauf erreur de ma part - qu'il est assez rare.
Passé par Dionnet dans son cinéma de quartier, belle copie scope, version multilingue...