C'est l'histoire de Grace une beauté en fuite qui se réfugie dans un tout petit village où elle aura du mal à se faire accepter.
L'originalité du film c'est de n'avoir aucun décors, tout le film se déroulant dans un grand studio ou des traits sur le sol servent à délimiter les rues et les maisons. Concept interessant qui interroge le spectateur et son rapport à la diégèse d'un film. Peut-on croire à l'histoire du film sans qu'il n'y ait aucun décors ? Lorsqu'un personnage simule le geste d'ouvrir une porte a-t-il l'air ridicule ou est-ce qu'inconsciemment on voit la porte ? Mais en grande partie grâce aux sons, on finit par oublier ce gimmick et rentrer dans le film sans trop de difficulté.
Mais c'est là que le film devient totalement inintéressant. Puisque passé la surprise de cet univers factice, l'histoire racontée n'a rien de bien passionant et surtout la mise en scène est très limitée (caméra épaule en permanence) hormis quelques sublimes plans en plongée total (dont le premier). Je trouve que Von Trier ne joue pas assez de son décors concept. Seule une scène de viol tire partie de cette absence de décors (Pendant que Nicole Kidman se fait violer on voit les personnages vaquer à leurs occupations autour). Il faut trois heures à Lars Von Trier pour raconter une histoire somme toute très simple et linéaire (Grace va-t-elle se faire accepter, comment se passe son intégration dans le village ? Que fuit-elle ?). Il faut attendre deux bonnes heures pour retrouver un peu de la cruauté de Von Trier et de son mordant et à ce titre la fin est assez surprenante... De plus j'ai trouvé le film sans émotion et très froid ce qui chez Von Trier est assez nouveau. On est loin du pathos putassier de Dancer In The Dark (ce qui est une bonne chose) mais on est loin également de l'émotion brute d'un Breaking The Waves ou même des Idiots.
Au final je me suis pas mal ennuyé et j'ai été vraiment déçu par ce film dont j'attendais beaucoup moi qui adore Von Trier (même si je suis très réticent sur Dancer In The Dark). Les acteurs sont excellents (Stellan Skarsgaard et Ben Gazzara en tête) même si Nicole Kidman ne m'a pas transcendé comme Björk ou Emily Watson ont pu le faire.
Ca reste un film interessant, beaucoup moins consensuel qu'on a bien voulu le dire mais toutefois assez faible je trouve par rapport à la carrière de Von Trier. Au passage le film m'a fait pas mal pensé au Village de Shyamalan brassant des thèmes similaires (la communauté, la peur de l'étranger, l'isolement...)
Si je devais mettre une note se serait 3/6...
Dogville - Lars Von Trier (2003)
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team
-
- Messages : 438
- Enregistré le : dim. mai 02, 2004 3:57 pm
- Localisation : The Oniric Quest of the Unknown Kadath
Dogville - Lars Von Trier (2003)
http://www.chuckpalahniuk.net
Mon avatar : Jacek Yerka, dessinateur de génie.
"Mais qu'importe, que le vent m'emporte, nourrir les bêtes et les cloportes. Ce sera bien là de toute une vie, le seul contrat bien rempli." Mano Solo
Mon avatar : Jacek Yerka, dessinateur de génie.
"Mais qu'importe, que le vent m'emporte, nourrir les bêtes et les cloportes. Ce sera bien là de toute une vie, le seul contrat bien rempli." Mano Solo
Moi aussi, je l'aime beaucoup ce dogville.
Techniquement, von trier poursuit son processus de démystification et d'épuration du cinéma.
L'absence des décors, si elle n'est pas tout à fait exploitée, permet d'appuyer intelligement la thématique (comme depuis quelques temps chez von trier, la mise a nu de l'hypocrisie humaine), mettant bien en évidence les actions simultanées, l'hypocrisie de ces villageois qui refusent de voir ce qui arive, littéralement, près de chez eux.
Pour l'histoire, je suis client, même si l'on peine a être surpris, tant von trier semble faire du surplace. J'ai beau adorer dancer et breaking, c'est vrai que von trier commence a tourner en rond, resassant les même tèmes : il serait temps qu'il se renouvelle un peu, et mette de coté cette fascination pour le don de soi et le martyr. Parceque la, hormise pour le traitement artistique, ses trois derniers films (je fait abstraction de 5 obstruction) ont furieusement tendance a se ressembler.
Sans doute pas son meilleur role, mais Kidman y est lumineuse de bauté.
xxx
Techniquement, von trier poursuit son processus de démystification et d'épuration du cinéma.
L'absence des décors, si elle n'est pas tout à fait exploitée, permet d'appuyer intelligement la thématique (comme depuis quelques temps chez von trier, la mise a nu de l'hypocrisie humaine), mettant bien en évidence les actions simultanées, l'hypocrisie de ces villageois qui refusent de voir ce qui arive, littéralement, près de chez eux.
Pour l'histoire, je suis client, même si l'on peine a être surpris, tant von trier semble faire du surplace. J'ai beau adorer dancer et breaking, c'est vrai que von trier commence a tourner en rond, resassant les même tèmes : il serait temps qu'il se renouvelle un peu, et mette de coté cette fascination pour le don de soi et le martyr. Parceque la, hormise pour le traitement artistique, ses trois derniers films (je fait abstraction de 5 obstruction) ont furieusement tendance a se ressembler.
Sans doute pas son meilleur role, mais Kidman y est lumineuse de bauté.
xxx
-
- Messages : 645
- Enregistré le : sam. mai 01, 2004 10:04 am
- Localisation : LYON
[+] Nicole Kidman
[+] On ne va pas être injuste, tout le cast joue bien.
[+] La thêmatique. J'aime les histoires sur l'imperceptible glissement des humains vers la cruauté
[+] La fin. Marquante pour le moins.
[-] Il y a 1000 et une manières de filmer l'indiffèrence, le postulat formel de Dogville n'est pas le plus efficace. L'absence de décor est un concept "vendeur", mais finalement peu ou mal exploité.
[-] C'est quand même assez long.
[-] J'aime la fin, mais le dialogue avec James Caan ne m'a pas convaincu : direction d'acteur hésitante ou dialogues trop écrits, jene sais pas, mais cela enlève de la force à la dernière partie du film.
[=] Je ne suis pas fan de Von Trier à la base. Donc je dirais : une vision pour la curiosité mais pas plus.
[+] On ne va pas être injuste, tout le cast joue bien.
[+] La thêmatique. J'aime les histoires sur l'imperceptible glissement des humains vers la cruauté

[+] La fin. Marquante pour le moins.
[-] Il y a 1000 et une manières de filmer l'indiffèrence, le postulat formel de Dogville n'est pas le plus efficace. L'absence de décor est un concept "vendeur", mais finalement peu ou mal exploité.
[-] C'est quand même assez long.
[-] J'aime la fin, mais le dialogue avec James Caan ne m'a pas convaincu : direction d'acteur hésitante ou dialogues trop écrits, jene sais pas, mais cela enlève de la force à la dernière partie du film.
[=] Je ne suis pas fan de Von Trier à la base. Donc je dirais : une vision pour la curiosité mais pas plus.
-
- Messages : 621
- Enregistré le : jeu. mars 24, 2005 4:40 pm
- Localisation : devant ma grosse télé ou au boulot chez Playboy
Vu cet aprés-midi. Et pourtant j'ai le DVD depuis 1 an et le courage m'a enfin pris.
Et bien, je ne suis pas déçu ! Enfin LVT arrête avec sa période "femme" plutôt réussie mais qui ne m'a pas emballé plus que ça. Faut dire que c'était moins fun que The Kingdom
. Mais Dogville est quand même une démonstration évidente de son talent.
Sans s'emcombrer des artifices des films traditionnels que sont les décors, les bons raccords etc... et sans être prétentieusement hermétique ou élitiste, il offre une descente aux enfers bien violente moralement qui prend le temps de se développer pour le meilleur (3 heures quand même, mais ce n'est pas ennuyeux un instant).
Contrairement aux apparences, ce film n'est pas du tout dépouillé, il est même trés stylisé. Il m'a fait pas mal penser à Lady Vengeance (la même chose, mais esthétiquement opposée). Cette absence de décors ouvre une voie intéressante.
Quand à son habituelle facilité à manipuler le spectateur (dur de revoir Dancer in the Dark), elle reste vivace et il l'utilise pour interroger notre moralité sans donner de réponse (heureusement, on n'est pas chez Spielberg ou Disney). Questionnement qu'il met d'ailleurs en scène. Pourtant, selon moi il pipe les dés d'une réflexion sereine en nous révoltant, en nous provoquant un peu trop : il exacerbe l'émotion et pose des dilemmes moraux. Evidemment on ressort troublé.
Et bien, je ne suis pas déçu ! Enfin LVT arrête avec sa période "femme" plutôt réussie mais qui ne m'a pas emballé plus que ça. Faut dire que c'était moins fun que The Kingdom

Sans s'emcombrer des artifices des films traditionnels que sont les décors, les bons raccords etc... et sans être prétentieusement hermétique ou élitiste, il offre une descente aux enfers bien violente moralement qui prend le temps de se développer pour le meilleur (3 heures quand même, mais ce n'est pas ennuyeux un instant).
Contrairement aux apparences, ce film n'est pas du tout dépouillé, il est même trés stylisé. Il m'a fait pas mal penser à Lady Vengeance (la même chose, mais esthétiquement opposée). Cette absence de décors ouvre une voie intéressante.
Quand à son habituelle facilité à manipuler le spectateur (dur de revoir Dancer in the Dark), elle reste vivace et il l'utilise pour interroger notre moralité sans donner de réponse (heureusement, on n'est pas chez Spielberg ou Disney). Questionnement qu'il met d'ailleurs en scène. Pourtant, selon moi il pipe les dés d'une réflexion sereine en nous révoltant, en nous provoquant un peu trop : il exacerbe l'émotion et pose des dilemmes moraux. Evidemment on ressort troublé.