Pour la seconde fois, Daniel Bernhardt est Alex Cardo, le grand champion du Kumite que tout le monde adule pour son jeu de jambe et son sourire d'imbécile.
Aujourd'hui, Alex est rangé. Il explique en souriant à son fils que se battre, c'est mal, mais qu'il va quand même lui apprendre quelques nouvelles techniques de kickage de face. D'ailleurs, Alex ne tarde pas à agiter les bras à nouveau: Son casino préféré est la proie de Ninjas sautillants. Notre homme leur latte bien entendu la mâchoire (en souriant) mais les laisse partir avec le butin! Etrange réaction mais n'oublions pas que c'est bien de Daniel Bernhardt qu'il s'agit... Qu'importe. Conscient de sa bêtise, Alex court relatter les Ninjas, leur reprendre quelques diamants, les regarder avec le sourire et les ramener à Duvalier (incarné par le nain John Rhys Davis). Mais ce dernier a des projets pour Alex. Premièrement, il veut lui faire tomber ce sourire de crétin, ce qui ne serait pas un mal. En suite, il souhaite voir Alex combattre dans le nouveau Kumite qu'il va organiser et ça, c'est déjà beaucoup plus mal. En effet, pour arriver à ses fins, Duvalier ne va hésiter un seul instant à offrir sa fille bustée à Alex puis à faire exploser son Maitre d'armes. Deux techniques plutôt bien vues puisqu'Alex décide de repartir aussi sec direction la Thaïlande, là où les sages qui racontent n'importe quoi entraîneront notre héros pour le nouveau Kumite. Vas-y Daniel, t'es au top.
Troisième volet de Bloodsport donc et 2eme pour Daniel Bernhardt, blaireau au regard intense et à la mâchoire carrée qui aurait tout de même réussit à décrocher le rôle de l'agent Johnson dans Matrix Reloaded. Bravo Daniel, on ne t’attendait franchement pas là !
Bref, notre homme rempile pour l'avant dernier chapitre de la saga et retrouve pour l'occasion le réalisateur Alan Mehrez, déjà aux commandes du plutôt chiant Bloodsport 2. A noter, petite curiosité, que si Bernhardt reprend le rôle de Alex Cardo dans ce volet, il n'en sera pas de même dans le Dark Kumite suivant. Il y tiendra aussi le rôle phare mais s'appellera cette fois-ci John Keller... Il s'avère en fait que le 4eme volet, associé à la saga, n'a plus grand chose à voir avec les 3 autres...
Quoiqu'il en soit, qu'en est-il de ce p'tit film ? Et bien force est de constater que Bloodsport est le cas type d'une série qui se dégrade à chaque épisode... Ce troisième volet poursuit donc gaiement la triste descente amorcée précédemment et nous livre un film d'un classicisme à faire peur. Nous retrouverons donc le héros rangé mais aux pieds toujours prestes, l'obligation de participer à un tournoi contre sa volonté, un entraînement long et loufoque et enfin, une succession de combats plus ou moins couillus.
Passons sur les 2 premiers éléments qui cumulent sans scrupules les incohérences scénaristiques et les dialogues crétins pour attaquer directement l'entraînement du héros.
De toutes évidences tourné en Thaïlande (avec des vrais morceaux de Thaïlande dedans), cet entraînement se veut, comme il se doit, toujours plus spectaculaire et hallucinant. Ainsi, un vieux Maitre qui lit dans les pensées (je doute que Bernhardt ait des pensées mais bon...) infligera à notre héros une séance mémorable d'écartèlement entre 2 vaches mortes de faim (les pauvres, elles font peine) ainsi qu'une affligeante danse devant un serpent qui semble s'en battre l'oeil cordialement. Mais le fin du fin, c'est tout de même le tir à l'arc. Le grand Maitre (qui vit dans une cahute au fin fond de la montagne) se saisi brusquement d'un arc à poulies (celui que Rambo a dû oublier lors de son dernier passage) et tire sur notre Daniel bien aimé. Le but n'étant pas d'apprendre à esquiver (ce qui me semble déjà osé quand on se trouve à moins de 5 mètres) mais bien sûr d'attraper la flèche en pleine course. Je vous épargne les calculs à base de vitesse de la flèche, de frottements et de longueur du projectile mais retenez seulement qu'il est fortement déconseillé de tenter l'expérience chez vous. Bref, à l'issu de ces 15 minutes de travail intense, Daniel est prêt à tel point qu'il peut allumer un feu avec la paume de sa main et péter des troncs d'arbres sans même les toucher (de quoi rendre jaloux Billy Blanks et sa technique d’arrachage d’écorce !). Fin prêt pour le Kumite donc.
Ce Kumite est un petit peu spécial dans son déroulement. En effet, la logique des tournois semble avoir été mise de côté puisqu’on aura l’occasion de voir certain combattant se battre 5 ou 6 fois là où d’autres n’auront qu’un ou 2 combats à réaliser pour arriver directement en demi-finale ou même finale... Un bien étrange fonctionnement qui de plus à le mauvais goût d’insister essentiellement sur les combattants les moins bons ou les moins charismatiques. Car ne nous y trompons pas, nous sommes bien dans un volet de Bloodsport ! Cela implique bien entendu des fighters d’origines diverses et variées ainsi que des styles de combats assez opposés. En cela, le film est plutôt honnête même s’il n’atteint bien sûr pas le niveau de l’épisode Vandammesque. Certains personnages sont étonnamment agiles, d’autres extrêmement bourrins et nous aurons droit à de la lutte, du judo, du karaté mais aussi de la capoera, de la boxe de l’homme ivre, de la boxe anglaise, du Wing Chun (je pense), le Sambo (art martial Russe), l’Aikido et l’art qui consiste à mimer les animaux (dont j’ai oublié le nom)… Bref un panel assez large malheureusement assez mal mis en valeur. De plus, le « grand méchant » du film se contentera d’être un gros bourrin (avec des p’tites pattes toutes fines !) sans aucun charisme ou identité martiale (identifiée du moins)… Un peu triste pour un film qui ne se base de toute évidence que sur le potentiel de ses combattants.
Bloodsport 3 est donc un opus plutôt mauvais, qui prend de plus le parti pris horrible d’être une histoire contée par Bernhardt à son fils. Procédé particulièrement lourd qui ne permet que de gagner quelques inutiles minutes… Tristesse.
Je recommande toutefois au spectateur curieux de tenir jusqu’au générique de fin qui nous propose une magnifique chanson au principe calqué sur la BO de Mortal Kombat, nous gratifiant donc d’un mec qui hurle « Bloosport » toutes les 3 secondes sur fond de bouillie musicale… Du grand art.
Bloodsport 3 (1997) Alan Mehrez
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team