Yojuu Toshi (1987)- Yoshiaki Kawajiri
[ litt: Demon Beast City ], a.k.a. Wicked City
Alors qu’un accord de non-agression entre le monde des hommes et celui des demons doit etre renouvele, un necromancien sans qui la signature du nouveau pacte ne peut se faire, se rend a Tokyo. Deux gardes du corps lui sont assignes, un homme et une femme—cette derniere fesant partie des creatures des tenebres. Des dissidents du monde infernal sont par contre determines a faire capoter les transactions a tout prix…
Si en 1987, Yoshiaki Kawajiri n’est plus un nouveau dans le monde de l’animation japonaise, car ayant déjà travaille pour la Mushi Production d’Osamu Tezuka, avant de co-fonder le studio Madhouse apres la faillite de la Mushi.
Si YT n’est pas le premier essai de Kawajiri a la realisation ( il sera precede de SF Shinseki Lensman TV / [ SF New Century Lensman ] (1984), il sera cependant le premier film film ou Kawajiri affirmera reellement son genre…et sa predilection pour un certain sens du grotesque…
Base sur la serie de romans de Hideki Kikuchi ( Kyuuketsuki Hunter D / [ Vampire Hunter D (1985) ] consacres aux Yami Guards / [ Guards of Darkness ], le film ne se situe cependant pas dans la veine du gothique science-fictionnel de l’auteur pour empieter sur les traces d’un genre qui ne sera effectivement codife qu’avec Chojin Densetsu Urotsukidoji / [ a.k.a. Legend of the Overfiend ] (1989) et l’ero-guro ou erotic-grotesque qu’imposera Toshio Maeda dans ses mangas / [ bande-dessinees ] et dans les animes qui les adapteront.
A ce titre, YT, sorti en salle a l’epoque se veut precurseur—car inspirant une phlethore de productions similaires…et inferieures destinees au marche video, mais finit rapidement par etre “terminal”, car parvient apres plus de vingt-cinq ans a rester tant atmospherique qu’”adulte”, alors que les autres productions du genre auront tres vite finie par tourner au grand n’importe quoi libidineux generalement labellise comme “tentacules et petites culottes” dans les cercles de connaisseurs...
Visiblement libre de ses choix artistiques, Kawajiri met en place son esthetique (generalement) froide et (parfois) ponctuee de couleur non pas “chaudes”, mais “brulantes”, le tout frequemment traverse par des eclairs de violence d’erotisme violent—et grotesque!
Si apres toutes ces annees, le visuel de Kawajiri reste toujours aussi moderne et acheve—Kawajiri ne variant que tres peu son esthetique depuis, avec YT, il va neanmoins chercher une certaine “inspiration” du cote d’un film americain sorti cinq annees plus tot…The Thing (1982).
Kawajiri recupere ainsi les transformations et deformations “chocs” du film de John Carpenter et matine le tout d’un erotisme extreme prenant ses racines dans les arts traditionnels nippons ( c.f. Le Reve de la Femme du Pecheur (1814) de Hokusai ) et utilisant le décor urbains et decadent du recit de Kikuchi.
Si le recit du film de Kawajiri possede apparemment tous les elements d’un anime de fesse a tendance demoniaque lambda, il parvient cependant a se distinguer de par son visuel resolument cinematographique, ses choix artistiques et l’atmosphere en resultant. Ainsi, designs et animation seront a la hauteur pendant tout le metrage, et de nos jours encore certaines scenes ( pourtant animees a la main ) restent bluffantes.
Etonnament, le film d’animation adaptation d’un roman, sera lui-meme adapte (copie?) par les hong-kongais a travers Yiu Sau Dou Si (1993), une version “live” de cet univers sexo-bariole…
Si le final ( vraissemblablement plus du au roman plus qu’autre chose ) est quand meme tres (trop!) mielleux, avec YT, Kawajiri pavient sans probleme a imposer son style et a faire sortir du lot le studio Madhouse, tracant la voie pour les deux dans les annees a venir.
Un excellent anime, bis en diable, sexuellement detraque mais parvenant a etre “serieux” dans un genre qui derappera tres / trop vite dans les delires immatures pour salarymen libidineux. Recommandes aux bissards et aux anime-fans, mais strictement aux “adultes”.
Yoju Toshi: 4.25 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.