Le cinéma comme art doit questionner et déranger.

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Superwonderscope
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Le cinéma comme art doit questionner et déranger.

Message par Superwonderscope »

Coincidence avec les éléments actuels de l'actualité.

Je viens de voir il y a une semaine Art School Confiential de Terry Zwigoff. Il pose à un moment du film la question de la portée de l'art. On y voit un étudiant peindre des tableaux mettant en cause la police, ses méthodes et (il me semble) indiquer qu'on bon policier est un policier mort. Il se fait arreter suite à ses tableaux. Des étudiant scandent alors la liberté d'expression et de l'art.

Hier, une association obtenait la mise en examen pour pornographie (et mise en danger de l'enfant) de l'ancien directeur d'un musée de Bordeaux suite à une expo sur l'art et l'enfance en 2000.

A un moment ou à un autre la réalité finit toujours par rattraper la fiction. Fiction qui se nourrit invariablement de la réalité, aussi. Je pense à 1984 et sa surveillance permanente des protagonistes, phénomène qu'on commence à discerner aujourd'hui (voir la nouvelle loi en préparation en Grande-Bretagne sur la traçabilité de sinformations & les caméras présentes à une échelle la plus grande de la planète avec, je crois, Singapour) à des niveaux variables.

Maintenant, le cinéma -à l'instar des autres arts- doit à mon sens toujours questionner et déranger, ne pas être qu'un instrument de plaisir immédiat. Remettre en question la forme de narration (début-milieu-fin, entre autres), mais également sur le mode des idées développées. Qu'il s'agisse deouvres limites comme le Juif Suss (1941), certains films de Leni Riefenstahl, le Chine Andalou de Bunuel, la parabole sous Hercule àla Conquete de l'Atlantide de Cottafavi, le cinéma de JLG, le cinéma tchèque des Années 60 (Trains étroitement surveillés, entre autres..). les exemples sont très nombreux, mais ilfaut que le cinéma/l'art continue à bousculer notre quotidien que l'on croit acquis - ainsi que nos croyances, qu'elles quelles soient.
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
Plisken
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Message par Plisken »

Hostel est donc de l'art :mrgreen:
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DPG
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Message par DPG »

Bah je pense que le cinema est assez riche et varié pour offrir à des tas de gens des tas de choses differentes. Questionner et déranger sont deux pistes légitimes, au même titre que divertir, provoquer, effrayer, et des centaines d'autres...

En ce sens, oui, il ne faut pas que l'on cantonne le cinéma à un simple role de divertissement de masse, mais il ne faut pas non plus à mon avis donner un sens politique et revendicateur à TOUS les films. C'est cette richesse qui fait qu'on ne se lasse pas, et que suivant les jours on peut avoir envie de se taper "Bloody sunday" comme on peut vouloir voir "La soupe aux choux" ou "Irreversible".

Donc oui, il faut que l'art continue à bousculer nos quotidiens et nos certitudes comme tu le dis plus haut, mais il ne faut pas pour autant exiger cela de tous les films et tous les reals et prendre le plaisir là où il est selon les oeuvres.
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Superwonderscope
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Message par Superwonderscope »

Je ne dis pas que tout film doit etre en ce sens.
Je dis simplement qu'il faut que le cinéma de manière générale continue à générer des réactions, doit faire réfléchir et ne pas subir de nivellement par le bas ou subir d'abrutissement généralisé de masse. Et donc être libre de s'exprimer (i.e par rapport au contenu du film de Zwigoff et ce porcès en devenir sur l'expo de Bordeaux.)
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Otis
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Message par Otis »

En même temps, dire qu'un bon policier est un policier mort, même dans une oeuvre d'art, ça peut être pris comme une incitation à la violence, non ?
En général, je n'aime pas quand l'art fait de la politique, l'intellectuel engagé, j'ai toujours eu des réticences. On peut selon moi critiquer, mais quand on veut donner des solutions à un blem, autant s'engager en politique, au moins c'est plus clair. En fait, quand l'intellectuel, par une critique sur un sujet, croit trouver des solutions, c'est à ce moment-là que, pour moi, ce n'est plus de l'art. Je veux dire par là que si on regarde Zombie, y a une critique consumériste évidente, mais ça donne pas pour autant de solutions à nos problèmes. Un constat, voilà tout. L'art questionne plus qu'il ne donne des solutions à mon avis. J'ai longtemps vu le cinéma et l'art en général comme un support à notre vie quotidienne, mais en fait, je crois que ça va bien plus loin que ça : l'art est inutile mais nécessaire ; je m'explique : y a un risque : à trop vouloir l'utilité morale, on peut verser dans la prêche, dans l'optimisme forcené et autoritaire, dans la loi déguisée par la fiction... revendiquer l'inutilité de l'art, ce peut être en ce sens, un moyen d'empêcher l'asservissement de la libre pensée. On arrive alors à un joli paradoxe : revendiquer l'inutilité de la littérature, cinéma etc. n'est pas un acte gratuit, il vise d'une certaine manière à une utilité, jugée supérieure : celle de rester libre je crois.
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Message par Rance Muhammitz »

Otis a écrit :En même temps, dire qu'un bon policier est un policier mort, même dans une oeuvre d'art, ça peut être pris comme une incitation à la violence, non ?
C'est surtout voir petit.

Ca me rappelle une phrase de Pete Townshend des WHO qui disait que lui il chantait juste la révolution mais que c'était aux autres de la faire. D'un coup l m'est apparu vachement moins rebelle.


Il ne faut pas oublier que l'art et le cinéma en particulier a toujours été plus ou moins populaire donc t'auras toujours 95% de trucs chiants parce que consensuels ou amateurs dans le mauvais sens du terme et 5% d'oeuvres qui t'apporteront quelque chose ou te conforteront dans ta façon d'appréhender la vie.
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Message par rusty james »

Ouai mais çà veut dire que tous les classiques, ou les films qui ont pris un petit coup de vieux et ne sont pas subversifs n'ont aucun interet ? :?

Bon sinon moi j'ai une question : est-ce que faire du boudin avec son sang c'est de l'art... voilà c'est le débat qui m'anime avec un collègue :lol: :arrow:
arioch
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Message par arioch »

rusty james a écrit :Bon sinon moi j'ai une question : est-ce que faire du boudin avec son sang c'est de l'art... voilà c'est le débat qui m'anime avec un collègue :lol: :arrow:
Si quelqu'un le mange apres, ce n'est plus de l'art, c'est du cannibalisme !
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meltingman
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Message par meltingman »

Mais avant tout... je sais que cette question va énerver mais l'avocat du diable doit s'exprimer....

C'est quoi "l'Art" ?

Si c'est une création humaine alors quelle différence y a-t-il entre "l'empire des sens" et "Derrière la porte verte" ?

Entre "Mermaid in a manhole" et "Splash" ?

Et surtout à partir de quel moment peut on définir le fait que tel ou tel film fait réfléchir ? Et surtout "qui" il fait réfléchir ?

Est-ce que les colonnes de Buren c'est de l'art qui fait réfléchir ?

Est-ce que Eraserhead ce n'est pas de l'art parce qu'il n'y a pas a y réfléchir ?

Je sens que ce thread peut prendre des allures passionantes.
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Message par Superfly »

Moi j'aime pas le lard

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Message par Fatalis rex »

Et dire qu'il a du passer 5mn de son temps a chercher sur le net cette image juste pour la vanne :roll: :D
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Message par arioch »

Une vanne qui nous plonge dans l'abime ouverte par Meltingman car Superfly ne fait il pas du lard humoristique et culinaire, humm ?
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Message par Superwonderscope »

L'art, c'est ce que l'homme ajoute à la nature. Donc on peut considérer par extension qu'il s'agit, d'un equelconque manière qu'elle soit, une manière d'exprimer un sens de la beauté.

Ensuite, il y a la manière (et l'art!) de le considérer. C'est ce qui le rend passionnant, quel qu'il soit :car on peut ensuite décrier ou adorer (par exemple) les colonnes de Buren. Qui est une expression du beau, selon son créateur ou selon le visiteur/spectateur de l'oeuvre. Ou pas, selon le spectateur/visiteur suivant.

Puis il y a l'impact sociétal. La possibilité de faire réagir l'autre. Ou pas.
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Message par meltingman »

Superwonderscope a écrit :L'art, c'est ce que l'homme ajoute à la nature. Donc on peut considérer par extension qu'il s'agit, d'un equelconque manière qu'elle soit, une manière d'exprimer un sens de la beauté.

Ensuite, il y a la manière (et l'art!) de le considérer. C'est ce qui le rend passionnant, quel qu'il soit :car on peut ensuite décrier ou adorer (par exemple) les colonnes de Buren. Qui est une expression du beau, selon son créateur ou selon le visiteur/spectateur de l'oeuvre. Ou pas, selon le spectateur/visiteur suivant.

Puis il y a l'impact sociétal. La possibilité de faire réagir l'autre. Ou pas.
Du coup, si je comprend bien, l'art n'existe que dans le regard de celui qui le mire. Ce qui sur un plan sociétal tend à dire qu'une oeuvre peut, selon l'époque, passer du stade d'art au stade de propagande voir à celui d'ignominie et donc faire peur. Ou inversement d'ailleur (voir la carrière de "Freaks").

Mais du coup, sous cette appellation d'art, ne peut-on pas faire passer les idées les plus nausabondes qui soient ? Et si je suis la logique de "l'art se doit de faire réfléchir, de nous mettre en questionnement", à partir de quel moment doit-on prendre le parti de dire que trop c'est trop ? Doit-on le faire ?

(je précise que je suis entièrement d'accord avec toi SWS au cas ou on pourrait penser le contraire)

J'ai eu ce questionnement pour la diffusion des films de David Hamilton. Est-ce une oeuvre artistique ? Ou est-ce juste de la pédophilie faite par un gars qui a la chance de savoir photographier (et encore que... :D ). Dans l'incapacité de répondre à cette question, je ne diffuse pas.
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Message par Superwonderscope »

A mon sens, l'art ne trouve de limites que dans la considération morale de l'oeil du spectateur.
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