Tom Joad, fils d'une famille de fermiers du midwest, sort de prison après quatre années et découvre que tous les paysans de la région sont expulsés par les compagnies propriétaires des terrains qu'ils exploitent. La famille Joad prend alors tous ses biens et les entassent dans un camion pour déménager vers la Californie où, paraît-il, le travail abonde...

"Les raisins de la colère", c'est un peu le choc des titans de la culture américaine : un immense roman, écrit par une immense écrivain, adapté par un immense cinéaste avec, en plus, un immense acteur nommé Henry Fonda ! Pour transposer un roman reflétant la modernité littéraire d'alors, John Ford adopte un style lui aussi très moderne, sec, aussi anti-hollywoodien qu'il était alors possible de le faire dans le cadre d'un studio comme la Fox ; il n'y a pour ainsi dire presque aucune musique, le style est dépouillé, le réalisme des costumes et des décors est sans pitié dans sa description de la misère ; on retrouve à l'identique l'ambiance des photos de Dorothea Lange qui ont surement inspiré l'équipe du film. Ce n'ets pas encore le néo-réalisme à l'italienne, mais on n'en est pas très loin. On est d'ailleurs étonné de voir que "Les raisins de la colère" a été tourné seulement un an après "La chevauchée fantastique" ou "Vers sa destinée", tant l'écart stylistique est impressionnant...
Le propos est, évidemment, rooseveltien en diable ! Les employeurs privés sont des brutes qui profitent de la misère pour exploiter les plus malheureux et empécher toute forme de syndicalisme. Les sherifs et leurs hommes sont à la solde des puissants. Seule lumière dans ce monde sans espoir : un camp organisé par le gouvernement où les nouveaux migrants arrivés en Californie peuvent s'auto-gérer ! Bref, un film à la charge historique extrêmement forte dans le paysage américain...

Maintenant, c'est aussi un peu un film à thèse, un peu démonstratif dans son dernier tiers, plus que le roman si mes souvenirs sont exacts. La violence et la misère sont décrits de façon très osée pour un film hollywoodien de 1940, mais, là encore, le roman m'a plus marqué. Enfin, un très bon film tout de même, dont on apprécié à chaque instant la beauté formelle, même s'il est peut-être un peu plus "sec" que d'autres John Ford que je lui préfère...
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