Samourai sans honneur - Tange Sazen (1966) Hideo Gosha

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MadXav
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Samourai sans honneur - Tange Sazen (1966) Hideo Gosha

Message par MadXav »

Après les 2 Kiba, je poursuis le coffret HK Hideo Gosha et je m'attaque à "Tange Sazen: Hien iaigiri". Ce film est par ailleurs vendu à l'unité...

L'histoire de Tange Sazen
Tange Sazen est envoyé par son chef de clan pour éliminer son ami qui se trouve malheureusement être aussi un traitre. Sazen le réglo accomplit son devoir mais, surpris et trahit, il perd un oeil, un bras et gagne en échange une monstrueuse cicatrice au visage qui lui flingue son potentiel de séduction auprès des geishas du coin.
Des années plus tard, le monstrueux guerrier est devenu un Ronin aigri, vivant reclu dans 2 mètres carrés de bambous, reniant le code du Bushido et le Shoguna. Bref, Sazen n'est pas heureux mais la bonne humeur revient vite le jour où il se trouve par hazard en possession d'une jarre d'une valeur de 1 million de ryos (rien que ça!), destinée au clan Yagyû qui a été désigné pour financer la restauration du palais du Shogun (Le mec qui se fait pas chier et qui dit : "c'est toi qui va payer les travaux"). Dès lors, le balafré bigleux n'aura plus qu'un but dans la vie : Emmerder le monde et éliminer avec le sourire tous ceux qui chercheront à s'emparer de la jarre, fussent-ils des Ninjas furtifs ou des lanceurs de sabres aux techniques infaillibles...

Le bilan
Tange Sazen est encore un personnage mythique du Chambarra, tout comme Zatoichi par exemple. Il sera porté 34 fois à l'écran. La première adaptation date de 1935 par Sadao Yamanaka et la dernière remonte à 2004 (1 an après la récente adaptation de Zatoichi par Kitano, étrange...), avec Toshio Tsuda à la réalisation. L'avant derrière adaptation remonte en revanche à 1966, il s'agit de celle de Hideo Gosha dont il est question ici.
L'homme réalise ici son 6eme film mais son premier en couleur.
N'ayant pas vu les autres versions des aventures de ce personnage, je m'abstiendrai de faire un comparatif pour ne parler que de cette version qui présente le personnage principal comme étant un Samourai ayant fortement cru au Bushido (le code du Samourai) mais étant tombé dans l'excès inverse suite aux trahisons dont il a été victime.
Gosha, malgré son passage à la couleur, poursuit sur sa lancée et continue d'utiliser de forts contrastes à l'écran, notament en habillant son héros de blanc (jamais souillé, on dirait du James Bond !) et ses ennemis de noir. Mais au delà du contraste visuel, c'est le contraste humain qu'il cherche à faire transparaitre. Le héros n'a rien à cacher, il ne ment pas, est loyal et sans détour. En revanche, ses ennemis sont obscures, fourbes, invisibles et insaisissables, ils trahissent et mentent, détournant et jouant avec le Bushido qu'ils prétendent respecter.
Au début du film, Sanze croit en ce code (il est habillé en noir du reste). Son ami/traite va se suivider puisqu'il est découvert mais au lieu de ça, il attaque Sanze et lui crève un oeil. Celui-ci surpris (en plus d'avoir bien mal !) s'écrit "Mais c'est contraire au code !" (grand con !), ce à quoi le traitre réplique "Le code, je m'en moque, je suis un espion". C'est à ce moment que tout bascule pour Sanze. Bien sûr il est infirme (ce qui n'a aucune incidence sur sa faculté au combat vu qu'il tranche avec aisance) mais c'est surtout une prise de conscience : L'ancien code, noble, est baffoué par l'ensemble de ceux qui prédentent s'y vouer. Dès lors, il s'en détache et va jusqu'à le rejeter comme s'il était le symbole de la traitrise. Voilà donc la position de notre héros qui sera bien entendu confirmée durant le film par de multiples répliques comme "il m'a fallu devenir un monstre pour comprendre combien le code est ridicule".
Dans ce contexte, Sanze est donc le plus "humain" et le moins vil des protagonistes du film. Cependant, il fera des émules en la personne d'une prostituée, d'un groupe de voleur et d'un enfant...
Gosha prend donc grand soin de développer son héros, tant physiquement (il a la classe malgré le fait qu'il soit qualifié de "monstre") que psychologiquement. Ce qui péchait donc dans les Kiba n'est plus d'actualité dans ce film.
Pour ajouter encore au charisme et à la présence du héros, Gosha lui offre quelques lignes de dialogues percutantes et récurrentes. Ainsi, il se présente toujours de la manière suivante : "Nom : Tange, Prénom : Sazen" (rôle qu'il a sans doute appris puisqu'il ne s'agit pas là de son vrai nom qu'il a quitté en même temps que le Bushido). Par ailleurs, à 3 reprises dans le film, le personnage opte pour la violence avec le dialogue suivant :
"Rends-toi Sanze !
Et si je refuse ?
Je te tue
Alors je refuse...", dialogue bien évidemment suivi de morts multiples...

En revanche, ce que le film gagne avec ce héros, il le perd en beauté formelle. En effet, le film m'a semblé très/trop classique et le thème du Ronin est ici repris sans grande innovation. Le tout est mis en image avec une certaine classe mais je n'ai noté qu'une scène réellement digne d'interet sur le plan du style : Celle du vol de la jarre. Filmée sur un traveling horizontal d'environ 1 ou 2 minutes (à la manière de la scène du couloir dans Old Boy), cette scène magnifique nous montre la course des samourais s'entretuant pour se voler à tour de rôle le précieux objet. Le mouvement de la caméra ne ralenti à aucun moment, l'ensemble est très rapide, nerveux, tout simplement excellent. Nous sommes cependant loin des trouvailles visuelles hallucinantes des Kiba...

Bref, malgré son personnage très interessant, sa relation aux autres très bien vu, quelques scènes vraiment belles, l'ensemble me semble un peu classique. Le film est bon, aucun doute là dessus mais ne surprend pas. Le choix éditorial curieux de HK Video (vendre celui-ci à l'unité plutôt que les Kiba) ne me semble dicté que par un bon sens commercial (le film est en couleur et les Kiba en N&B).
Aussi, je recommande l'achat du coffret 4DVD (et de son superbe livret 64 pages) plutôt que du film à l'unité...
Dessin et sketching liés au cinéma, au voyage, etc. :
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MadXav
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Message par MadXav »

Juste 2 petites images pour montrer la ressemblance troublante entre le Sazen de Gosha ici :
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et la version de 2004 :
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Furieuse inspiration quand même...
Dessin et sketching liés au cinéma, au voyage, etc. :
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Brazilman
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Re: Samourai sans honneur - Tange Sazen (1966) Hideo Gosha

Message par Brazilman »

MadXav a écrit :Gosha, malgré son passage à la couleur, poursuit sur sa lancée et continue d'utiliser de forts contrastes à l'écran, notament en habillant son héros de blanc (jamais souillé, on dirait du James Bond !) et ses ennemis de noir. Mais au delà du contraste visuel, c'est le contraste humain qu'il cherche à faire transparaitre. Le héros n'a rien à cacher, il ne ment pas, est loyal et sans détour. En revanche, ses ennemis sont obscures, fourbes, invisibles et insaisissables, ils trahissent et mentent, détournant et jouant avec le Bushido qu'ils prétendent respecter.
Au début du film, Sanze croit en ce code (il est habillé en noir du reste). Son ami/traite va se suivider puisqu'il est découvert mais au lieu de ça, il attaque Sanze et lui crève un oeil. Celui-ci surpris (en plus d'avoir bien mal !) s'écrit "Mais c'est contraire au code !" (grand con !), ce à quoi le traitre réplique "Le code, je m'en moque, je suis un espion". C'est à ce moment que tout bascule pour Sanze. Bien sûr il est infirme (ce qui n'a aucune incidence sur sa faculté au combat vu qu'il tranche avec aisance) mais c'est surtout une prise de conscience : L'ancien code, noble, est baffoué par l'ensemble de ceux qui prédentent s'y vouer. Dès lors, il s'en détache et va jusqu'à le rejeter comme s'il était le symbole de la traitrise. Voilà donc la position de notre héros qui sera bien entendu confirmée durant le film par de multiples répliques comme "il m'a fallu devenir un monstre pour comprendre combien le code est ridicule".
Dans ce contexte, Sanze est donc le plus "humain" et le moins vil des protagonistes du film. Cependant, il fera des émules en la personne d'une prostituée, d'un groupe de voleur et d'un enfant...
Gosha prend donc grand soin de développer son héros, tant physiquement (il a la classe malgré le fait qu'il soit qualifié de "monstre") que psychologiquement. Ce qui péchait donc dans les Kiba n'est plus d'actualité dans ce film.
Pour ajouter encore au charisme et à la présence du héros, Gosha lui offre quelques lignes de dialogues percutantes et récurrentes. Ainsi, il se présente toujours de la manière suivante : "Nom : Tange, Prénom : Sazen" (rôle qu'il a sans doute appris puisqu'il ne s'agit pas là de son vrai nom qu'il a quitté en même temps que le Bushido). Par ailleurs, à 3 reprises dans le film, le personnage opte pour la violence avec le dialogue suivant :
"Rends-toi Sanze !
Et si je refuse ?
Je te tue
Alors je refuse...", dialogue bien évidemment suivi de morts multiples...

En revanche, ce que le film gagne avec ce héros, il le perd en beauté formelle. En effet, le film m'a semblé très/trop classique et le thème du Ronin est ici repris sans grande innovation. Le tout est mis en image avec une certaine classe mais je n'ai noté qu'une scène réellement digne d'interet sur le plan du style : Celle du vol de la jarre. Filmée sur un traveling horizontal d'environ 1 ou 2 minutes (à la manière de la scène du couloir dans Old Boy), cette scène magnifique nous montre la course des samourais s'entretuant pour se voler à tour de rôle le précieux objet. Le mouvement de la caméra ne ralenti à aucun moment, l'ensemble est très rapide, nerveux, tout simplement excellent. Nous sommes cependant loin des trouvailles visuelles hallucinantes des Kiba...
Un très bon Gosha en effet, avec un héros très charismatique dont la superbe caractérisation psychologique contribue énormément à la réussite du film, comme tu le mentionnes.

Au début,on a l'impression que c'est juste un opportuniste aigri, puis plus le film avance plus on s'aperçoit qu'il représente le seul véritable être humain digne de ce nom dans un monde où rêgne la corruption et la lâcheté.
J'aime bien son côté "robin des bois", l'humanité sauvage et la réelle compassion se dégageant du personnage, surtout dans son rapport avec les plus démunis.
Un héros atypique, mais très attachant, et une véritable furie lorsqu'il dégaine son sabre! :twisted:

Au niveau du style, je suis d'accord pour dire que Gosha se calme par rapport au Kiba et à 3 Samourais Hors-la-Loi mais il reste quand même des scènes hors-normes, telles que celle dont tu parles (la jarre) et aussi l'introduction du film bien barrée avec les corbeaux formant le titre du film! :shock:
Sinon ça reste super classieux dans l'ensemble et plus structuré (aussi bien dans la réalisation que dans la narration) que les Kiba (ce qui n'enlève rien à ceux-ci), signe peut-être d'un certain assagissement de la part de Gosha.:)

Du Gosha qui claque bien en somme!
On veut Tenchu maitenant!
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Igor Sandman
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Message par Igor Sandman »

Je suis d'accord avec vous. Un très bon Gosha, même si on est loin des Goyokin, Hitokiri, 3 Samouraïs Hors-la-loi ou même Sword of the Beast. Du point de vue du style, il y a aussi les quelques plans obstrués par un élément de décor massif, ne laissant qu'un infime espace au personnage filmé. On retrouve ça dans la plupart de ses films et même si je ne suis pas un grand fan de cet effet, ç'a le mérite d'être original. Kinnosuke Nakamura est excelent dans ce personnage ricanant. Son merilleur rôle avec Gosha reste celui de Goyokin selon moi.
Sinon, Gosha a fait un remake pour la télévision (avec Nakadai) quasiment identique au plan près. Je ne l'ai pas encore vu, mais ça ne saurait tarder.
Autre info utilie, Hitokiri sort chez Wild Side dans le courant 2007 (plutôt fin 2007 si j'ai bien compri). Il vont aussi sortir un coffret avec 4 autres Gosha, mais pas des jidai-geki pour autant que je sache.
Ja
Iggy-chan
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