Babel (2006) - Alejandro González Iñárritu

[Machet]

"En plein désert marocain, un coup de feu retentit. Il va déclencher toute une série d'événements qui impliqueront un couple de touristes américains au bord du naufrage, deux jeunes Marocains auteurs d'un crime accidentel, une nourrice qui voyage illégalement avec deux enfants américains, et une adolescente japonaise rebelle dont le père est recherché par la police à Tokyo. Séparés par leurs cultures et leurs modes de vie, chacun de ces quatre groupes de personnes va cependant connaître une même destinée d'isolement et de douleur..." Source Allocine

Beau film (enfin presque). L'émotion s'installe au fur et à mesure. Le style est naturaliste, le cadre et le son, soignés. Chaque histoire, prise indépendamment est intéressante, humaine, faite de petit rien finalement important. Il y a une délicatesse, un soucis du moment saisi, de ses laps de temps anodins qui en disent long, en douceur comme en détresse : une main tenue, un regard, etc.

Problème (pour moi) : toutes ses histoires sont liées. De fait, ça donne à signifier à notre cerveau de spectateur, qui s'en serait bien passé. Que nous dit le film ? Pleins de choses... foireuses, comme : pour qu'un couple d'américains se réconcilie puis s'embrasse, un enfant doit mourir et une japonaise doit être malheureuse dans sa solitude. J'aime à penser que le réalisateur n'a pas l'intention de dire ça, mais pourtant son film nous le dit, entre autres choses.

Ce film est beau, scène par scène, mais le recul intellectuel voulu par Alejandro González Iñárritu lui donne un aspect "malin" et trop bien ficelé, prêtant à des interprétations confuses et vaines.

En un mot : dommage.

[Machet]

Plus j'y pense et plus je l'aime en fait... Mea culpa donc.
Ce film m'a quand-même bien marqué je dois dire.
Y a vraiment personne qui a vu Babel ici ?

[kill bill]

Ah bah si, vu il y a quelques jours.
Comme film de fin d'année, bon sang y'a pas plus plombant !

J'ai adoré le Amours Chiennes de Inarritu mais pas vu son 21 Grammes et j'allais vers ce Babel un peu à reculons car je sentais bien que l'homme commençait à pencher vers le pensum ambitieux mais aussi un poil prétentieux. C'est donc chose faite. Babel est un film intelligent, fort bien fait, Cate Blanchett y est magnifique, le discours est à la fois aussi sincère qu'accablant pour ce monde contemporain de plus en plus effarant. Bref, un bien beau film comme on aimerait en voir plus souvent.

Mais on ne m'empêchera pas de penser que c'est un peu longuet, que quitte à jouer la carte du réalisme lyrique, j'aurais préféré qu'Inarritu ne nous assène pas des "suspense pathos" assez gratuits (les suspenses sur le sort des deux enfants et de la japonaise sont de trop pour un film qui vise un discours aussi global et universel).
Bref, dans le genre je préfère Constant Gardener, mais aussi Amours Chiennes, bien plus habités à mon goût.

[Prodigy]

Découvert ce soir, et si je suis d'accord sur certains aspects "prétentieux" ou du moins un rien sérieux du film, je l'ai trouvé beaucoup plus sincère que 21 Grammes qui allait quand même à fond dans le pathos voire le mélo par pur plaisir tire-larme. On n'évite pas la grandiloquence de la fresque humaniste à grande échelle ici, mais c'est tout de même très bien joué, relativement sobre quand il faut, et porté par de très beaux moments (le personnage de Brad Pitt qui ne sait pas comment remercier le villageois qui lui est venu en aide). Je suis moins convaincu par le segment japonais en revanche, elle est touchante mais le rattachement à l'histoire globale fait vraiment rapiécé, même si on voit évidemment le parallèle qui se dresse plus profondément avec les autres intrigues (rapport parents/enfants). Je me suis aussi lancé dans le film à reculons, mais finalement je suis convaincu, malgré quelques facilités. Et puis comme toujours chez Inarritu, que c'est bien filmé nom de dieu...

[Kerozene]

Y a pas à dire, ça a de la gueule!
C'est splendide.
Mais je ne suis pas sûr d'avoir bien saisi les propos du cinéaste. Les trois histoires prises indépendamment fonctionnent très bien, puis une fois liée, il semble que quelque chose manque. Est-ce que ces liens ont une réelle signification au départ (ce dont je suis loin d'être sûr) ou s'agit-il d'une simple pirouette scénaristique -ce que je pense, mais je dois me tromper car je doute que le réalisateur se contente de si peu. Je dirai même que j'espère me tromper.
J'espère me tromper parce qu'une fois les liens posés, il est possible d'en dégager des explications plus ou moins convaincantes: le spectateur va forcément faire des parallèles et des comparaisons entre les trois récits alors qu'ils ne semblent pas être naturellement destinés à cela. C'est d'ailleurs un peu déroutant. Mais si ces trois histoires réunies le sont pour exprimer une idée majeure, ce serait celle de l'injustice sociale. Et cette idée apparaît comme totalement désabusée puisque seul la classe supérieure américaine (ou plutôt occidentale) semble promise à un avenir un tant soit peu enviable. Pour le reste du monde, les pauvres, les habitants des pays défavorisés et les handicapés, il n'y a pas grand chose à espérer.... Quel triste constat.

[manuma]

Le scénario n'est pas parfait. Le lien entre les trois histoires est trop ténu pour ne pas donner à l'ensemble un petit côté artificiel, mécanique, que je n'avais pas ressenti dans les 2 précédents films du réalisateur. Maintenant, ça reste quand même très recommandable. C'est monstrueusement bien filmé, avec quelques idées fortes au sein d'un propos par ailleurs parfois un peu simpliste.

[Manolito]

Le premier message de Machet reflète bien ce qui bloque un peu avec ce film. Les histoires elles-mêmes sont intéressantes, l'interprétation et la mise en scène sont de haut standing (un peu crispantes quand même de temps en temps), mais la forme des histoires entremélées ainsi que les décélages chronologiques paraissent des effets de mode, une "tendance" du moment à peu près aussi irritante dans le cinéma d'auteur actuel que le "film à twist" a pu l'être après les sorties de "Sixième sens" et "Usual suspects" dans le domaine du thriller

Et pourtant, "Babel" est pourtant globalement réussi, les meilleurs passages étant sans doute l'épisode japonais (malgré une fin faible) et surtout celui des enfants avec le fusil. La combinaison des histoires allourdit et ralentit tout cela... Mais on sent qu'avec un peu plus de simplicité et de concentration sur le matériel humain de ses histoires, Alejandro González Iñárritu pourrait très bien nous livrer un vrai chef d'oeuvre d'ici peu.

[Superwonderscope]

Découvert sur le tard via le DVD Studio canal.

Un très beau film, touchant, sur le besoin et le désir humain de communication dans un monde post 9/11. C'est intelligent sur les modes de langages, des tentatives de communiquer, des exemples judicieusement choisis. Très poignant sur certaines scènes jusqu'au-boutistes

Spoiler : :

la mort de Yussef

mais un poil trop long (2h17). J'ai trouvé que le film n'arrivait pas à se conclure. La trajectoire de la jeune sourde/muette japonaise humanise beaucoup le propos et évite un certain pathos démonstratif et caricatural.

Mais un très belle surprise pour ma aprt (car moi aussi, j'yu allais à reculons depuis 2/3 ans que le film trainait sur mes étagères...)