Coups de Feu dans la Sierra (1962) Sam Peckinpah

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arioch
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Coups de Feu dans la Sierra (1962) Sam Peckinpah

Message par arioch »

Après avoir réalisé pas mal d'épisodes de séries télévisées se déroulant dans l'Ouest, Sam Peckinpah tourne un premier métrage, NEW MEXICO, suivi d'un second, COUPS DE FEU DANS LA SIERRA, qui s'impose comme un très grand Western !

Comme on le retrouvera dans les autres Western de Sam Peckinpah, COUPS DE FEU DANS LA SIERRA parle de la fin de l'Ouest sauvage, la fin d'une époque. Le film met d'ailleurs en scène deux grandes figures du Western des années 40/50 à savoir Randolph Scott et Joel McRea. Deux noms qui risquent de faire hurler tout ceux qui voient dans le Western américain une vision gentillette de l'Ouest et qui ne jure donc que par le Western européen bien plus intéressant (selon eux). Car il est clair qu'en alignant une longue liste de Westerns, Joel McRea n'a pas fait que de bons films et qu'il est possible de le voir comme l'une des caricatures du Western dit "américain". Pourtant, il y a aussi pas mal de titres fort sympathiques dans sa filmographie pour qui veux bien s'y interesser sans dédain ! Rappelons au passage que Joel McRea est en tête d'affiche de LA CHASSE DU COMTE ZAROFF et qu'il s'est retrouvé devant la caméra de cinéastes renommé : DeMille, Hawks, Walsh, Tourneur... Randolph Scott, c'est un peu le même topo puisque le bonhomme s'est laissé enfermer dans le Western ce qui ne l'empêchera pas à toucher plusieurs genres. On notera qu'il aura eu d'excellentes relations professionnelles soutenues avec André De Toth (LE CAVALIER TRAQUE, LE CAVALIER DE LA MORT...) ou encore Budd Boetticher (LA PRISONNIERE DES COMANCHES, LA CHEVAUCHEE DE LA VENGEANCE...).

Au début des années 60, les deux acteurs sont en fin de carrière et c'est là qu'on les appelle pour jouer ensemble dans un Western. Les deux acteurs jouent le jeu des figures de l'Ouest vieillissantes et qui n'ont plus leur place dans un monde en pleine mutation et en fin de vie. Les deux hommes ont ainsi beaucoup donné de leur personne en faisant la loi dans l'Ouest ce qui les amène à vivre dans une précarité relative. Le premier garde sa dignité et fait des petits boulots parfois dégradants en regard de sa notoriété passée. Le second, aigri, subsiste grace a des arnaques foraines. Les deux hommes se retrouvent donc pour convoyer une forte somme d'or, boulot mal payé, qui les meneront à s'affronter sur des questions de moralité ! Entre les deux, il y a aussi l'histoire d'une jeune femme qui est prete a tout pour quitter la ferme familiale et bigotte, une ville de chercheurs d'or où s'agglutinent ivrogne et ouvriers bas de plafond... Si le voyage jusqu'à Coarse Gold se fera sans veritable encombre ni même sans tirer ne serait ce qu'un seul coup de feu dans la Sierra, le retour sera bien plus tendu. Entre les tensions entre les deux anciens amis, il faudra aussi compter sur un litige entre nos héros et cinq frères dégénérés (dont Warren Oates et L.Q. Jones, quand même). Au milieu de tout ça, il y a aussi Ron Starr, acteur un peu transparent, qui joue un peu le rôle du candide, celui qui navigue entre les deux vieilles légendes de l'Ouest. Sans oublier Mariette Hartley, jeune fille un peu perdue.

Si le film fait montre d'un méchant pessimisme tout du long, le deroulement s'avère pourtant des plus classiques et une partie de la confrontation finale est courue d'avance. Il n'en reste pas moins que ce dernier duel offre une fin pour le moins poignante après un échange de coups de feu rageur où les protagonistes sont face à face, droit comme des I, tirant sans discontinuer pendant que les balles volent tout autour d'eux. Magnifique !
"Fuck The World", Rambo
Manolito
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Message par Manolito »

Un film superbe, le premier vrai grand Peckinpah et un de ses tous meilleurs films pour moi, moins inégal que "la horde sauvage" par exemple. Si vous venez pour voir des gerbes de sang au ralenti dans tous les sens, passez votre chemin, la réalisation est ici d'une sobriété et d'une rigueur à toute épreuve, digne, à l'image de ses persos et de son histoire. La tension et l'émotion sont permanentes, c'est vraiment la définition du film sans "gras", filmé dans un cinémascope d'une élégance totale, sans aucun chichi. Le ton est sombre, désanchanté, mais ne tombe jamais dans l'excès ou dans le cliché. C'est beau, c'est grand. La définition même du western adulte...
mercredi
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Message par mercredi »

J'ai également adoré le film. La démystification de l'Ouest américain débouche sur une apologie paradoxale d'un monde sur le déclin. Pour ce, le réalisateur priviligie une mise en scène épurée, vouée à retranscrire le caractère sublime de l'univers ici dépeint. Plus qu'à recommander.
Rick
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Re: Coups de Feu dans la Sierra (1962) Sam Peckinpah

Message par Rick »

C'est tout simplement un des plus beaux westerns que j'ai pu voir, à ranger aux côtés de Rio Bravo, La Chevauchée Fantastique, La Vallée de la Peur et La Chevauchée de la Vengeance parmi mes coups de cœur perso du genre.

Un film qu'on peut situer entre le crépuscule du tendre western classique et les prémices d'un western moderne beaucoup plus âpre. La mise en scène est d'une sérénité parfaite, Peckinpah prend son temps et nous conte une histoire simple et belle où les éclats d'humour, de violence et de nostalgie s'entremêlent avec la plus grande fluidité. On a souvent reproché aux deux acteurs principaux, Randolph Scott et Joel McCrea, un jeu figé, monolithique. J'ai pourtant toujours trouvé que l'un comme l'autre dégagent un charisme énorme et arrivent à transmettre beaucoup avec le minimum de paroles et d'expressions. Deux très grands comédiens qui trouvaient là un de leurs plus beaux rôles respectifs.

C'est de loin le Peckinpah que je préfère: la séquence du mariage à elle seule a 100 fois plus de force pour exprimer la décadence de l'Ouest que les hectolitres de colorant rose et les corps qui chutent au ralenti dans La Horde Sauvage. Bref, un chef-d’œuvre, un vrai.
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