2004 - la survivante, Manon, découvre par hasard que son bourreau est sorti de prison. Elle l'entrevoit et sombre à nouveau dans une profonde dépression. Elle tente une ultime réunion avec ses anciennes amies afin d'exorciser ce qui la ronge, d'autant plus que visiblement, elle n'a pas tout dit.

Le film est assez frappant de ar son approche réaliste de l"interprétation. Jacinthe Laguë, qui joue Manon, est tout simplement extraordinaire et je pèse mes mots. Rarement la douleur aura été aussi visible dans un regard, une expression, sans pour autant tomber dans le descriptif sordide. La scène d'attaque est parfois dure, avec un pic totalement insoutenable - tout ceci via le visage tordu de douleur de Manon. La mise en scène est en cela d'une intelligence rare. J'étais un peu mal à l'aise devant mon écran.
Ce qui étonne aussi, c'est le point de vue des amies. Autant le récit se concentre sur Manon dans sa première partie, autant la deuxième partie révèle les blessures de chacune, enfouies depuis 15 ans. Le récit suit alors une tournure inattendue, la réaction la plus violente étant celle de Isa, quidecouvrit le corps de la jeune fille assassinée. Le long cheminement de Manon étant petit à petit celui de la reconstruction, non plus celui de la vengeance à tout prix et de la peur.
Le final devient en ce sens malaisé, car on sent bien un sentiment de révolte contre lequel on ne peut rien faire, d'autant plus qu'il s'est passé autre chose pendant ces moments atroces. On ne verra jamais le visage du bourreau (sauf à la toute fin) et c'est sans doute un autre choix etonnant (et risqué) de mise en scène, celui de ne pas porter un jugement sur l'acte commis, ni de l'humaniserà outrance. Chacun conçoit l'horreur mais laisse les amies de Manon juger l'homme.
Si le film possède une approche assez brute mais néanmoins juste du viol et du trauma engendré, il est beaucoup moins réussi sur le fond des relations nouées par les amies en question. Des dialogues assez patauds dans les scènes de réunion, comme si les diners effaçaient tout d'un coup la noirceur qui les relie. Cela reste assez plaqué, manquant cruellement de liant. la durée courte du film (82mn) ne permettant pas vaiment de nous faire partager cette amitié qu'on veut nous faire croire comme profonde.
Très jolie photographie lumineuse, une campagne québécoise radieuse qui tranche, bien sur, avec la brutalité de l'événement. La réalisatrice choisissant d'alterner images du passé/images du présent dans des teintes différenciées.
Au final, un film assez coup de poing sur un sujet difficile, qui ne réussit pas hélas sur tous les tableaux.
Le DVD Belge : Z2 - 1.78:1 et 16/9, mal cadré, et 5.1, sans aucun bonus. 1H32