
A la suite d’un pique-nique scolaire, un jeune garçon est retrouvé noyé, le corp couvert d’etranges marques de coups en forme de demi-lune.
Christine Penmark, une jeune mère, s’inquiétant du traumatisme que la tragédie pourrait avoir causé à sa petite fille, Rhoda –qui fut la dernière a voir la jeune victime avant qu’on ne la retrouve noyée- se trouve désarçonnée quand elle s’aperçoit que celle-ci, « adorable » petite poupée blonde parfaite en tout point, n’éprouve aucune émotion a l’évocation de l’accident.

Petit a petit, Christine va devoir faire face a un doute monstrueux :
…Et si la mort du garçonnet n’était pas un accident ? …Et si la chair de sa chair, sa petite fille « chérie », n’était en fait un monstre de froideur, incapable d’éprouver le moindre sentiment, et prêt a tout pour satisfaire le moindre et le plus futile de ses désirs?
Ne serait elle qu’une « mauvaise graine », désespérément et irrémédiablement pourrie, vouée au mal sous toute ses formes ?
...et si pour la petite Rhoda, le meurtre n'etait finalement qu'un jeu d'enfant parmis d'autre?
Grand classique (je n'ose dire "culte", bien que le terme soit ici on ne peut plu justifié quand on voit a quelle point les repliques du films sont devenu des classiques de l'humour "camp", et le nombre de detournement et parodies que l'oeuvre a engendré -dont au moins deux comédie musicale!-) peu méconnu sous nos contrées, THE BAD SEED mis en scène de façon plutôt anonyme par Melvin Le Roy (« little Cesar ») est basé très fidèlement sur un grand succès de Broadway au parfum de scandale, ose pour la première fois, assez prudemment mais avec beaucoup d’efficacité, briser un tabou sacro/saint a Hollywood : L’innocence congénitale supposée de ces adorables têtes blondes, tel qu’on pouvait les voir sur les écrans depuis Shirley Temple ou Margaret Hamilton ; toujours espiègle mais adorable, dont le pire crime pouvait être de voler un sucre d’orge (et encore) ou d’arriver en retard a l’école.
Ici le personnage de la petite Rhoda est campé avec une effroyable justesse par Patricia Mc Cormack, et toute les révélation qu’elle nous fera le long du film seront autant de coups de massues qui finiront par détruire sa pauvre mère.
On a ici affaire à une sorte de film d’horreur psychologique, mélodrame psychotique féminin, et Rhoda n’est pas sans lointaine parenté avec Baby Jane Hudson, dont elle partage la blondeur et les robes a frou-frou.
Mais là ou baby Jane ne devenait un monstre que par les circonstances, Rhoda elle semble « pourrie » à la base, et aucune lueur ou espoir de rédemption ne vient tempérer la noirceur de l’ensemble.
Le film causa bien des émois à l’époque et la Warner (pourtant connue pour ses sujet « dur ») ne savait trop comment se dépêtrer de ce cadeau empoisonné (le film bénéficia du succès de scandale de la pièce)
On ajouta donc –après une ultime conclusion des plus artificiel- un curieux générique, où les acteurs viennent saluer dans la plus pur tradition théâtrale, pour rappeler que tout ça, finalement n’est « qu’un film », et détendre l’atmosphère -on a quand même eu droit à l'assassinat d'un enfant a coup de pied!- avant que de laisser le public retourner a la maison regarder d’un œil nouveau la marmaille qu’ils y ont laissé.
Reprenant sagement toute la distribution de Broadway, tous parfait et délicieusement "over ze top" de bout en bout, dépourvu d’aucun grands noms, le succès du titre seul garantissant une publicité suffisante, on suit un film tout ce qu’il y a de théâtrale, l’action étant portée exclusivement par les dialogues, d’abord avec un intérêt modéré, et puis petit a petit, quasi en même temps que la mère, on est rattrapé par l’horreur de la situation, qui garde par la rigueur de son traitement, un impact toujours aussi impressionnant.
Le duo mère/fille est remarquablement joué par Nancy Kelly et Patricia Mc Cormack ; la première rendant avec beaucoup de justesse l’écroulement de toute les valeurs familiales et humaine les plus élémentaires et le doute qui la ronge et l’empoisonne ; face a son petit démon a l’impressionnante maturité (tout ses dialogues avec le jardinier simple d’esprit son glaçant, en particulier quand celui-ci lui explique qu’elle finira sur la chaise electrique et qu’il existe de tels chaises pour les petits enfants, « bleu pour les petits garçons, roses pour les petites filles » !)
Ajoutons à cela une magnifique composition d’Alex North, qui renforce puissamment l’impact dramatique de chaque scène, et l’utilisation géniale de la petite comptine « au clair de la lune » qui dans la scène la plus terrible du film prend une puissance terrifiante a être entendue en fond sonore, joué par le petite fille au piano dans sa chambre alors que sa mère découvre tout l’horreur de la situation.
A noter aussi que 4 ans avant PSYCHOSE on peut trouver a la fin un avertissement invitant les spectateurs a ne pas révéler le climax du film.
PS : …et si le film n’est pas à proprement parlé « fantastique », le traitement en faisant un véritable film d’Horreur au même titre que BABY JANE d’Aldrich (y’a d’ailleurs plus de morts dans celui-ci, même si on ne planque pas des rats dans les assiettes !) créant pour la première fois à l’écran, l’archétype même de l’enfant maléfique (Michael Meyers a commencé comme ça, mais Rhoda Penmark et bien plus subtil !) je me suis dit qu’il ne déméritait pas sa place ici.