Réalisé en 1974, Le faro da padre est une sorte de point de non retour dans la représentation de l'adolescence comme objet sexuel au cinéma. A cette époque, Lattuada n'a plus rien à craindre de la censure et peut alors se laisser à tous ses fantasmes.
Clotilde a 15 ans mais l'esprit d'une enfant de 5 ans. Elle ne parle que par onomatopées, pleure comme un nouveau-né, vit à quatre pattes et est incontinente. Mais Clotilde a le corps d'une adolescente et les désirs d'une femme, attirant sur elle tous les regards.
Fille d'une comtesse, c'est la grand-mère qui s'occupe d'elle, la masturbant pour qu'elle s'endorme le soir, satisfaisant ainsi habilement les premiers émois de son ardente sexualité. Un refus, elle hurle comme un enfant, satisfaite, elle s'endort comme un ange.
Inconsciente, Clotilde l'est. Elle urine au beau milieu d'une reception- inconsciente certes mais intelligente à sa manière, façon détournée d'attirer l'attention sur elle et le regard concupiscent des messieurs. Clotilde est insatiable. Dans son univers restreint d'enfant attardé, seul le sexe compte.. unique plaisir d'une vie végétative.
Sa mère s'interesse plus à l'argent et aux manigances financières avec son avocat qu'à cette fille qu'elle aime à sa façon pourtant. Et derrière son aspect scabreux, Le faro da padre reste une comédie acide, amère, typiquement italienne avec ses quiproquos et ses situations vaudevillesques.
En tombant amoureuse de son avocat, la comtesse voit surtout l'aspect vénal sans imaginer que cette relation va se retourner contre elle.
Quand l'avocat découvre Clotilde, il est de suite séduit par l'enfant et tombe vite amoureux d'elle malgré son handicap mental.
A partir de cet instant, Lattuada va oser toutes les provocations dans l'interdit.
Non seulement son heroine est une adolescente attardée et incontinente assoifée de sexe mais un adulte en tombe amoureux, l'idolatre jusqu'à organiser son kidnapping.
Clotilde sauvage et farouche au départ, cachée, recroquevillée sous son lit va apprendre à connaitre l'homme. Dans son esprit, elle voit en l'avocat celui qui la nourrit et s'occupe d'elle. L'enfant sauvage se fait docile, lui sourit comme un poupon, apprend à l'aimer.
Clotilde voit aussi en lui le mâle et son corps le réclame à grands renforts de hurlements. Aprés la gène coupable, l'avocat va être séduit et touché au plus profond de son âme par cet créature innocente, l'aimer comme une femme, jouer avec elle comme avec une enfant. Il l'aime à la folie et ne peut désormais concevoir sa vie sans elle.
Il l'aime jusqu'à la coprolatrie. Quand Clotilde s'oublie, urinant et déféquant sur lui lors d'un jeu, il ramasse les excrements, les porte à ses lèvres en les bénissant: Je t'aime Clotilde, j'aime tout de toi donc j'aime aussi ta merde!
Desormais, Clotilde ne peut se passer de lui, autant son corps que son coeur réclament l'avocat. Tant et si bien que lorsqu'il la rend à sa mère aprés qu'un affreux ayant découvert la cachette l'ait brutalement violée- difficile séquence vu son handicap
- Clotilde déperit, refuse de s'alimenter et demeure prostrée sous son berceau géant.Sa mère acceptera que l'avocat l'épouse à la grde joie de Clotilde.
Derrière ce scénario scabreux où Lattuada se permet une relation qu'on peut qualifier de pédophile avec une enfant attardée mentale mais sexuellement ardente, La bambina est avant tout une magnifique histoire d'amour d'une rare émotion et qui ne peut laisser personne indifferent.
Derrière la comédie se cache un drame terrible que Lattuada magnifie par des images sublimes et une interprétation parfaite de la part d'Irene Papas et Luigi Proietti.
Mais toute la force du film en revient à sa jeune interprète TERESA ANN SAVOY
- Caligula, Salon Kitty- dont c'était le 1er film. A 15 ans, Teresa irradie l'écran et possède un professionalisme rare. Drole, émouvante, Teresa parvient à attendrir et tirer au spectateur les larmes .
Mine de bébé boudeur, Teresa sourit, son visage s'illumine, Teresa hurle et pleure, elle vous touche en plein coeur, Teresa est heureuse, on a envie de l'aimer et la serrer contre soi.
Elle possède toutes les mimiques de son rôle, toute la justesse d'un rôle difficile qui aurait vite pu sombrer dans le ridicule fini. Teresa EST Clotilde.
Lattuada caresse son corps nubile de sa caméra, découvre son intimité sans pudeur et dans toute son insolence, sublimine l'érotisme post pubère- Teresa dormant nue dans son berceau tel un ange. TERESA JE T'AIME!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Devenu rarissime en Italie, La bambina, superbe histoire d'amour d'une rare intensité, est un pur joyau du teensploitation, brillament intelligent, tendrement émouvant et si joliment scandaleux!
, puis ses deux plus grds roles que Brass lui offrit: Salon Kitty et caligula!!
Director: Alberto Lattuada