Les témoins - André Téchiné (2007)

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Zecreep
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Les témoins - André Téchiné (2007)

Message par Zecreep »

Errances charnelles, corps épris par le soleil, le désir et l'attirance à l'autre... Les années 80 de l'insouciance ont eu une fin précipitée avec l'apparition du sida. Téchiné témoigne avec un groupe de comédiens fébriles sur ce tournant dramatique qui eut lieu dans les ténébres de l'ignorance. Le cancer des homosexuels bon à tuer les pédés et les putes allait décimer des milliers d'individus dans la honte et la clandestinité. Les jeunes ont oublié ou méconaissent cette époque. Pas Téchiné, rescapé, qui livre un regard historique tout en profondeur sans recourir au militantisme primaire. De l'émotion pure mêlée à une rélexion sincère et jamais simple sur les relations humaines, bi/ hétéro/homo; mère/enfant; frère/soeur; homme/femme; flic/civil...
L'un des plus grands Téchiné. Douloureux mais pétillant d'espoir et d'intensité.

XXXX

Ma critique sur avoir-alire: http://www.avoir-alire.com/article.php3?id_article=9295
Mon édito sur le film et le sida au 7ème art: http://www.avoir-alire.com/article.php3?id_article=9311
Achab
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Message par Achab »

en tout cas, incontestablement le prix 2007 de l'affiche la plus originale...

http://www.allocine.fr/film/galerie_gen ... 27066.html

http://www.allocine.fr/film/galerie_gen ... 96300.html
DPG
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Message par DPG »

Ah oui qd meme ! :shock:

Je me disais que ça me rappelait qque chose qd j'ai vu l'affiche, mais j'avais pas tiqué plus que ça ! :o
"J'ai essayé de me suicider en sautant du haut de mon égo. J'ai pas encore atteri... "
The Wall
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Message par The Wall »

Téchiné nous revient en grande forme avec ce film sur l'amour sous toute ses formes. Amour filial, charnel, platonique ou encore de soi. Avec un grand sens de l'épure, il nous émeut profondément, sans jamais tomber dans le piège du mélo sirupeux. Un grand moment porté par l'interprétation sans faille de Johan Libéreau, Michel Blanc et Emmanuel Béart.

Un des meilleurs Téchiné.
Manolito
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Message par Manolito »

Une réussite effectivement. Les archétypes ne sont pas absents, mais le film les fait passer grâce à la qualité de la direction d'acteurs et aussi des dialogues. Tout cela est mené au pas de course, avec une forme évoquant un thriller - musique, concision des séquences et de l'emploi de la voix off - sans doute pour ne perdre le public en cours de route dans ctte réflexion très riche. Un peu trop sans doute, certaines choses semblant traités un peu en vitesse (tension homo-hétéro au sein d'une famille, le travail du flic et ses contradictions...), mais l'enseùmble tient remarquablement la route... Un flm français qui a des choses à dire mais qui pense à maintenir l'intérêt du public... Notre cinéma national serait-il sur la voix de la guérison ?
DPG
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Message par DPG »

C'est vrai que c'est un bon film. Le titre est d'ailleurs très bien trouvé, tant cela reste avant tout un "témoignage" d'une époque. J'avoue que certaines parties du film m'ont bien plus interessées que d'autres (tt ce qui touche la maladie me semble mieux traité que les histoires d'amour / de cul) mais l'un ne fonctionnerait pas sans l'autre non plus de toute façon. Voilà, un film utile, notamment pour les plus jeunes. Perso j'avais 9-10 ans quand on a vraiment parlé du Sida, quand Freddie Mercury est mort, que Magic Johnson l'a annoncé, etc... donc quand on a toujours vécu avec, un tel film est effectivement tout sauf inutile.
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mercredi
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Message par mercredi »

Pour faire “court, simple et sans verbiages”, je comprendrai le dernier film de Téchiné comme un superbe hommage à une Vie explicitement apparentée à un “Miracle”. “Miracle” que notre cinéaste renouvellera à chaque scènes, nourrissant et abreuvant ses protagonistes au sein de l’Univers, celui des éléments fondamentaux représentés par l’eau (très belle séquence aquatique), la terre (pique-niques; relations sexuelles), l’air (aviation) et le feu (de cheminée). Évidemment, la sexualité et son inévitable corollaire Éros et Thanatos, ordonnent et désordonnent un incroyable concert de perceptions et émotions humaines qui, en dépit de leur diversité (maternité, assaut du Temps, Art...), affichent une mécanique identique. Jouir, puiser en soi et en autrui le “flux vital” (Sarah s’assimile à une “ogresse”, Manu à un “vampire”) pour mieux se consumer dans un Désir ici poussé dans ses dernières extrémités; telle est la vocation, voire le destin, de nos héros. À ce titre, le Sida comme métaphore de cette dialectique (Plaisir/ Mort) équivaut à la terrible et fascinante Syphilis qui, chez Baudelaire, revêt une symbolique similaire. Témoins du drame dont pris conscience une génération (années 80) ainsi que certaines communautés (homosexuels...); Drame universel d’Icare, celui de notre irrémédiable aspiration à l’Absolu.
the masqué
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Message par the masqué »

déjà , un film que ce bilard de Zecreep aime.... :roll:
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Superwonderscope
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Message par Superwonderscope »

Un film qui sent l'urgence. Dès le générique de début (rapide, incisif) jusque dans la mise en scène. Un plan séquence initial rapide, une caméra ensuite qui n'arrete pas de bouger - beacoup de plans caméra à l'épaule. Se fixer sur les visages, les maisn, les corps... c'est en effet très charnel. De considérer le Sida comme une guerre, très peu l'ont fait, surtout en France.
Le film évite le pathos. Il peut l'effleurer mais jamais y glisser(l'enterrement, qu'on ne verra jamais). Le temps glisse pour chacun. On a pas le temps d'aller à un enterrement car on doit rentrer de suite travaller. le travail de deuil n'entre pas dans une logique de temps et d'humanité. Tout, trop vite, trop fort. Les échanges verbaux & corporels s'enchiannent à un rythme serré. Et pour une fois, le sens tragique chez Téchiné (qui m'a régulièrement ennuyé chez lui) donne naissance à un (presque) optimisme.
Julie Depardieu, la plus touchante de tous, la plus innocente, peut etre, la plus à fleur de peau, malgré tout.

Ceci dit, j'avoue ne pas avoir été totalement touché, émotionnellement. Etant ado à l'époque de l'explosion de cette pandémie, je me suis immanquablement retrouvé parmi beaucoup des personnages. Et cela a remonté des souvenirs douloureux, aussi. Mais cette évocation n'allant pas dans un sens du souvenir mais celui de la survivance, ceci explique cela?

Beaucoup d'erreurs techniques, aussi. Un tournage dans l'urgence (lui aussi) expliquant certainement les scories inhabituelles chez Téchiné. Malgré tout son film le plus abouti depuis pas mal de temps. Assez écorché.

SWS : XX
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
Haribo
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Message par Haribo »

Superwonderscope a écrit :Mais cette évocation n'allant pas dans un sens du souvenir mais celui de la survivance, ceci explique cela?
C'est un peu ce qu'incarne le personnage de Michel Blanc qui traverse ainsi la vie, les époques se succèdent, et les souvenirs sont, sinon effacés, mais occultés par ce principe de survivance, tout simplement, pour avancer.
La grande qualité du film est qu'il est débarassé des sempiternels larmoiements avec lesquels on nous bassine à longueur de films sur le sujet. Là encore le temps, le manque de temps, l'urgence le côté incisif du film est plutôt bien vu, bien rendu.
Admirable, mais un peu tardif je trouve. C'est un film que j'aurai aimé voir sortir dans les années 90.
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