Sorti mercredi en salles, le film du réalisateur islandais Dagur Kàri, “Dark Horse”, souhaite nous dépeindre les aventures et mésaventures de trois jeunes gens qui, complètement en marge de la société, devront faire face à "leurs responsabilités". Le parti pris comique, précisément burlesque, avait de quoi à susciter une curiosité notamment exacerbée par l’accroche publicitaire inscrivant la dite œuvre dans la veine de celles de Tati. “Curiosité” et “scepticisme”, eût égard au génie du prédécesseur ainsi qu’au présupposé dramatique (apprentissage) impliqué par le scénario. Le deuxième (pré)sentiment se justifie malheureusement. L’approche “burlesque” s’avère certes efficace dans les vingt premières minutes (êtres lunaires ou “neutres” confrontés aux mécanismes absurdes d’un système social adroitement transcrit ici): couloirs anonymes d’un centre administratif (cf “Le Château”, Kafka; “Play Time”), boulangère sous l’emprise de drogues (serveur ivre dans “Play Time, par exemple) ou problèmes de circulation (encore “Play Time”), soumettent le rapport entretenu par notre protagoniste avec le “monde extérieur”, au décalage incontournable des films du genre. Mauvaise décision que d’avoir absolument voulu combler ce dernier! La progressive “socialisation” du héros annihile (logiquement) l’arrière-plan burlesque au bénéfice d’un humour artificiel et très souvent horripilant. L’intrigue se fait alors “poussive”, défaut accru par certaines symboliques (brusque et bref passage du “noir et blanc” à la “couleur”) trop appuyées. Le Pierrot initial s’humanise, “prend chair”, bref devient “adulte” (?!), pour finalement rentrer dans le rang...
Sans confiner à l’ennui, la déception reste pourtant très grande.
Dark Horse, Dagur Kàri, 2005
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team