La Maitresse du Lieutenant Francais (1981) Karel Reisz

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arioch
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La Maitresse du Lieutenant Francais (1981) Karel Reisz

Message par arioch »

Une équipe est en train de tourner l'adaptation cinématographique de "La Maitresse du Lieutenant Francais" d'après le livre de John Fowles. Une grande partie du métrage étant en réalité l'adaptation du livre dont on sort parfois tres brievement pour dévoiler l'idylle entre les deux acteurs principaux...

En Angleterre, au XIXème siècle, Charles Smithson se rend à Lyme pour y faire des fouilles archéologique. C'est là qu'il demande la main d'Ernestina. Toutefois, après que le père ait donné sa bénédiction, bien que trouvant l'activité de scientifique saugrenue, Charles rencontre Sarah Woodruff un jour de tempête sur la jetée du port. Au premier regard, il est fasciné par la jeune femme. Malgré son engagement auprès de Ernestina, il va se rapprocher de cette jeune femme que tout le monde appelle la "Pute du Lieutenant français" (forcèment le titre du film et du livre évite de le dire ainsi !).

Apparemment, le livre proposerait deux fins, en tout cas, c'est ce qui est dit dans le film lorsque le mari de l'actrice s'entretient avec l'acteur qui a une liaison avec sa femme. Oui, là, vous êtes perdu, c'est normal ! Pour résumer, Jeremy Irons interprète Charles Smithson ainsi que l'acteur qui joue ce rôle dans le film. Meryl Streep interprete Sarah Woodruff et donc l'actrice qui joue ce rôle ! Les deux acteurs ont donc une liaison adultère alors qu'ils interprètent une histoire où justement un homme en vient à entreprendre une "liaison" avec une femme alors qu'il doit se marier avec une autre. Inconcevable à l'époque ! Les allers et retours entre fiction et réalité permettent de mettre en parallèle deux histoires passionnelles avec un siècle d'écart. Une façon aussi, probablement, de proposer deux fins opposées à ces deux histoires qui comportent donc des points communs.

Cela parle essentiellement de passion et de l'amour qui peut en venir à empoisonner les coeurs pour nous mettre dans des situations délicates pour ne pas dire embarassante. Sur ce point là, c'est plutôt bien réalisé et le film réussi a ménager quelques surprises par exemple en ne dévoilant pas tout de suite le statut des deux acteurs ce qui laisse planer un doute. De même, des revelations a propos de "La Maitresse du Lieutenant Francais" viendront en cours de route modifier ce que l'on pouvait penser de son récit ou encore sa réaction à un moment crucial de sa relation avec Charles s'avère de plus inattendu. Les personnages s'avèrent donc bien plus complexe, bien que finalement très commun, et c'est sans doute la force du film. Au delà de cette constatation, il faudra aussi reconnaître que par moment le film est un peu languissant et qu'il aurait peut etre mérité un peu plus nerf (mais bon, c'est pas un Steven Seagal, hein ?).

Pour faire le lien avec le fantastique, on notera donc la présence de Jeremy Irons dans un grand rôle a un moment de sa carriere ou il ne faisait pas encore le guignol dans DONJONS ET DRAGONS. Le directeur de la photo n'est autre qu'un certain Freddie Francis qui aura donc assumé le même poste sur LES INNOCENTS ou encore DUNE mais qui a aussi réalisé de nombreux films dont plusieurs au sein de la Hammer. Enfin, Leo McKern semble avoir un pendentif en forme de pentagramme alors qu'il danse sur du disco (etrange puisqu'il fut un ecclesiaste qui finira mal en essayant de contrer l'Antechrist, voir DAMIEN). J'en oubliais presqu'un tout petit rôle pour David Warner.

Vu sur le DVD americain qui commence a dater. Et il faudra aussi noter que le sous-titrage francais est par moment "suivre difficile à" et est bourré de fautes.

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Manolito
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Message par Manolito »

Pas de souvenirs très marquants de ce film ; de beaux acteurs, une bonne idée de départ (confronté deux façons d'appréhender la passion à un siècle d'écart), et puis, à l'arrivée, un film quand même bien sage, bien poli et sans grande surprise...
manuma
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Message par manuma »

J'aime beaucoup. Un peu plus classique certes que les deux exceptionnels précédents film de Karel Reisz, Le Flambeur et Les Guerriers de l'enfer, mais tout aussi intelligent. On retrouve bien dans ce récit ce qui me semble être l'un des thèmes majeurs du cinéma de Reisz, l'analyse des troubles obsessionnels de la personnnalité (liés au jeu dans Le Flambeur, à la jalousie dans Sweet Dreams ou à la passion amoureuse dans cette Maîtresse ...) passant par une description jamais démonstrative et souvent vertigineuse du basculement de l'individu dans la folie, que celle-ci soit seulement douce ou, à l'inverse, meurtrière comme dans La Force des ténêbres.

L'interprétation est excellente et la recontistution de l'Angleterre du XIXeme, riche de détails tranchants sur les moeurs de l'époque, passionnante.
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