La disubbidienza est en fait l'adaptation libre du roman de Moravia que Lado transpose dans l'univers fasciste de Salo.
Oeuvre profondement sombre et pessimiste, La désobeissance traite de la rebellion et de la révolte de la jeunesse dans l'Italie d'aprés-guerre en pleine effervescence.
Le film est scindée en deux axes.
Le premier est l'itinéraire politique du jeune Luca, 15 ans, fils de la haute bourgeoisie.
Jeune militant antifasciste, Luca est desespéré de voir son pays sombrer dans le capitalisme et ses anciens amis de lutte sympathiser avec les vainqueurs et tomber dans les pièges de l'americanisme.
Il est l'archétype de l'adolescent desenchanté, perdu dans une Italie qu'il refuse. Il finit donc par se faire renvoyer de l'école et tombe malade.
Le 2eme axe du film est l'éducation sentimentale et sexuelle de Luca en proie aux premiers tourments de l'amour. Destabilisé par ce pays qu'il renie, troublé par les turpitudes du sexe, Luca est un enfant à fleur de nerf, en pleine crise, emporté par le tourbillon de ses idées et des affres de ses 1ers desirs.
Si Lado a parfois du mal à correctement relier ses deux axes, La désobeissance reste en tout point un film à la fois troublant et magnifique, desespéré et sensuel.
On y retrouve le thème cher au cinéma italien d'alors, cette bourgeosie hypocrite et décadente, infantuée, qui méne ses enfants à la révolte et l'anarchie.
C'est une fois encore à travers l'erotisme qu'elle est mise en évidence. Si l'éducation erotico-sentimentale de l'adolescent est ici le symbole de son aspiration à une vie nouvelle, elle est un des pivots centraux du film et la partie la plus soignée, la plus emouvante également.
Lado la traite comme un roman-photo d'où émane une absolue sensualité, une force incroyable à l'image des aspirations et exigences de l'enfant décu par tout et dont la vie devient dérisoire.
Là encore, la vie le decevra. Attiré par Angela son infirmière, c'est dans les bras de sa soeur Edith qu'il découvre les jeux interdits de l'amour avant qu'elle ne meurt et découvre qu'elle était la maitresse de son père, remplaçante d'une épouse absente trop absorbée par sa carrière. Amour incestueux qui tout scandaleux pourrait il paraitre est ici mis en beauté, prouvant la force des sentiments des deux partenaires qui s'aiment tendrement. ON ADOOOOORE!! Double inceste!


C'est avec Angela qu'il vivra un amour passionné avant une fois encore de découvrir à son renvoi pour attitude odieuse qu'elle a non seulement un amant mais qu'elle ne veut pas de lui.
Dernière désillusion qui menera Luca à la révolte finale, révolte armée puisqu'il menacera d'un revolver ses parents en clamant: "Je desobeirai vingt ans encore", geste hautement symbolique, avant de fuir vers un ultime espoir d'un renouveau: le referendum de 1946.
Lado pousse le pessimiste jusqu'à l'ultime image, la foule engloutissant Luca et Angela comme la vie a englouti leurs aspirations, séparés à jamais, fin d'un rêve, l'Italie sombrant lentement dans le chaos politique et social.
Magnifié par la bouleversante BO d'Ennio Morricone et les décors vénitiens, La désobeissance c'est avant tout l'érotisme, un érotisme d'une sensualité extrême, à fleur de peau, sublimé par la photograhie de Paolo Tassara, transcendé par ses 3 jeunes interprètes.
Aux cotés de Mario Adorf, Marie-José Nat, Jacques Perrin et l'apparition éclair d'un Marc Porel dont la mort avait déjà envahi le regard- il mourra l'année suivante



Le trio se laisse aller sous l'objectif et les caresses d'une caméra qui tout en restant pudique sait se faire osée.
La beauté nubile de notre eternelle et indecente adolescente, la Savoy, est ici sublimée par Lado et devient presque irréelle comme lors de l'etreinte avec l'enfant, un voile diaphane les séparant, épousant peu à peu les formes de leur corps alors qu'ils s'aiment tendrement, l'adolescent, son jeune frère, se faisant malaxer la bosse avec audace mais tendresse.

A leurs etreintes nubiles mais déjà passionnées s'opposent celles qui unissent l'adolescent et l'infirmière, la Sandrelli, une des cochonnes les plus gourmandes d'alors dont le corps de femme correspond à la maturité des sens et des relations charnelles cette fois passionnelles.
Leurs ébats se font torrides, Lado nous dévoile enfin le corps de l'adolescent se laissant aller aux joies de l'amour sous les mains et l'entre jambe experts de la Sandrelli.
Le jeune et dejà parfait Karl Zinny





La désobeissance même s'il n'égale pas certains chef d'oeuvres tel que Le mépris est en tous sens un magnifique film baroque et desespéré comme seul le cinéma italien sut nous en offrir.
Le corbeau desobeissant qui adore les deniaisages.