Un justicier dans la ville ( Michael Winner , 1974 )

[drummonde]

Un architecte new yorkais prend les armes aprés le meurtre de sa femme et le viol de sa fille par trois voyous . Dorenavant les loubards devront regarder qui ils attaquent car dans les parcs , rues et couloirs de metro un justicier rode ...


Considéré comme le meilleur film de la serie , Death Wish premier du nom est le film qui mis Bronson en haut de l'affiche et le rendit populaire dans le monde entier . Un New York crepusculaire , une musique de Herbie Hancok memorable , des attaques nocturnes originales , nul doute que Un Justicier dans la ville est un trés bon polar . Voire un chef d'oeuvre . Bronson y est encore vulnerable ( pas comme dans le III ) , Michael Winner evite les poncifs racistes en tuant aussi des blancs , d'ailleurs les trois voyous du debut ( Dont Jeff Goldblum dans son premier role ) taguent une croix gammée sur un mur .

Outre l'excellent film qu'est Death Wish on peut reconnaitre qu'un telle oeuvre serait infaisable aujourd'hui . Un bourgeois de gauche ( Bronson est democrate au debut du film ) qui descend dans les rues flinguer du voyou de bas quartier ... Impensable .

Et pourtant c'est le seul film de la serie que les critiques d'aujourd'hui considerent comme un classique du polar et refusent de voir comme une oeuvre fascisante , alors que les 2 prochains episodes n'y echapperont pas . Alors qu'en y regardant de plus prés c'est l'episode le plus ambigue de la serie . Dans le II Bronson recherche seulement les assassins de sa fille , dans le III c'est un cartoon a la Cannon / Castellari , dans le IV il tue des barons de la drogue et dans le V des mafieux classiques . Le premier Deat Wish fait flinguer ( non pas des innocents faut pas deconner ) mais des voyous de rue , donc pas necessairement des assassins . D'autant que Winner joue sur cette ambiguité : qui sait ce qu'avait fait ce vieux chinois qui se fait battre dans une impasse ? Qui sait si les deux voyous de la rame de metro allez vraiment le saigner ?

Quoi qu'il en soit , Death Wish est l'episode le plus classe de la serie , le plus soigné ( ses relations avec le texan , le new York de 1974 ) , le plus ironique ( Bronson sort ses grosses coupures dans les rades minables , la fin dans la gare de Chicago ) et le plus ideologique ( le film prone un retour aux vieilles valeurs individualistes ricains ) .

[Manolito]

Effectivement, un film qui commence à avoir les faveurs d'une certaine critique, alors que bon, par bien des aspects, je trouve qu'il refoule quand même toujours un peu.

Une plongée de Kersey dans la folie ? Cela est vaguement évoqué par moment (ses premiers coups), puis cela passe un peu à l'as. Mais il est vrai que Kersey ne fait pas vraiment dans le détail : on montre bien qu'il abat des blessés à terre, tire dans le dos de ses proies... Le vigitanlisme inquiète par sa violence et ses méthodes, mais il se trouve finalement justifiée par les résultats et l'incompétence crasse de la police. Le retour aux valeurs individualistes des pionniers est aussi rendue de façon ambigue : certes, elles paraissent promues en fin de compte, mais il y a cette fausse ville de western en toc et sa violence que les touristes applaudissent stupidement.



Il faut reconnaître le savoir-faire de Winner : le film se met en place à toute vitesse et progresse à toute vitesse. Que du muscle et pas de gras dans le métrage ! Le style n'est pas très personnel, mais toujours solide, soigné, sans pour autant compromettre la touche "brute" très importante ici. On ne s'ennuie pas, mais l'ambiguité gène : Winner lâche dans la nature un produit ambigue, à mi-chemin entre la démagogie droitiste et, sous-jacente, une certaine étude du comportement psychopathe de Kersey. Une ambiguité bien pratique quand même...

Vu sur le dvd columbia français, pas mal sans plus, image un peu grossière quand même, un peu trop lissée peut-être, manquant un peu de finesse, mais ça resteb très potable...

[celia0]

Revu il y a peu. J'ai beaucoup plus apprécié cette revision. Le film montre qu'un homme confronté à la violence peut devenir un meurtrier. Aussi bien pacifique et objecteur de conscience qu'il soit, une fois victime de la violence, le désir de vengeance balaie tous ceux ses idéaux. Je le rapproche volontiers des chiens de paille.

[Manolito]

Holala, pas d'accord du tout avec la comparaison avec "Les chiens de paille" ! Dans "Les chiens de paille", le héros doit devenir violent ou crever, et il ne fait jamais que se défendre. Kersey bute des gens qui n'ont rien à voir avec son histoire, presque à l'aveuglette... Le fond est un peu le même (la contamination par la violence), mais le traitement n'a rien à voir. La fin des "Chiens de paille" est une défaite du personnage principal qui n'a pas pu concilier ses principes et la réalité à laquelle il est confronté ; celle du "Justicier dans la ville" est nettement plus ambigue...

[Haribo]

Comme le souligne Manolito, le film connaît un certain retour en grâce depuis quelques années ... mais c'est valable pour le cinéma de genre en général, donc automatiquement un titre étalon comme celui là en récolte les effets, ca parait assez logique. Le fond, lui, sera toujours discutable. C'est le genre qui veut ca.

Il n'en reste pas moins que c'est celui que j'aime le moins... trop sérieux, trop mou, on se fait un peu chier... même si sa patine nocturne a fait école.
Il ne verse pas dans la putasserie totale des séquelles (ce qui facilite sa réhabilitation d'ailleurs, et pis Winner a d'autres faits d'armes respectables et respectés) il pose encore quelques questions, là ou les suites ne s'embarassent mais alors plus de rien... pour le côté fun, décomplexé, BDesque, il faudra attendre le 3ème opus : le plus cinglé, le plus 80's, le plus Cannon! Il va sans dire mon préféré.

[manuma]

Moi, dans la série des Justicier ... j'ai toujours eu un petit faible pour le 2, plus grossier, plus provoc, sans non plus tomber dans le nawak. Celui-là, je l'ai vu il y a fort longtemps à la téloche. Ca ne m'avait pas impressionné ou troublé plus que ça, mais j'étais sans doute un peu jeune pour me poser des questions sur la teneur idéologique du message véhiculé par le film.

[celia0]

Holala, pas d'accord du tout avec la comparaison avec "Les chiens de paille" ! Dans "Les chiens de paille", le héros doit devenir violent ou crever, et il ne fait jamais que se défendre.

Pas d'accord sur 2 points:
1- Le personnage de Hoffman ne se défend que parce qu'il décide de tenir tête aux autres pour la 1ère fois.
2- Le personnage d'hoffman possède de nombreux points communs avec Kersey: ce sont des hommes posés, pacifiques et rationnels. Tous les 2 voient leur pacifisme s'effacer au profit d'un comportement guerrier.

[Fatalis rex]

Le film justifie clairement les actes de Kersey. Les mecs qu'il bute sont quand même des grosses raclures, la police inapte à protéger leurs victimes, donx Kersey devient la seule alternative.

En fait, le questionnement du film ne repose pas sur la justification des actes de Kersey, mais plutôt sur les répercussions qu'ils ont sur son état psychologique. Si par exemple il butait par erreur un innocent, là oui il y aurait questionnement, mais le film s'inquiète surtout de son sort à lui.

Bon cela dit j'aime beacoup le film, qui s'intéresse à une thématique intéressante ("Quiconque combat un monstre s'expose à devenir un monstre lui-même", je ne vous ferai pas l'offense de préciser qui a dit ça).

[arioch]

Pas d'accord sur 2 points:
1- Le personnage de Hoffman ne se défend que parce qu'il décide de tenir tête aux autres pour la 1ère fois.
2- Le personnage d'hoffman possède de nombreux points communs avec Kersey: ce sont des hommes posés, pacifiques et rationnels. Tous les 2 voient leur pacifisme s'effacer au profit d'un comportement guerrier.

A vrai dire, le personnage des CHIENS DE PAILLE ne réagit pas. Sa réaction violente est contrainte et forcée. Il n'y a pas de temps de reflexion concernant ses actes. Dans UN JUSTICIER DANS LA VILLE, le personnage principal a plusieurs mois avant de commencer son entreprise d'élimination. Donc, oui, les deux hommes se ressemblent mais la facon de raconter leur histoire est très différente. Et au cinéma, on n'extrapole pas sur la psychologie possible des personnages, on nous montre une histoire. Et le traitement est tres different entre les deux.

[Fatalis rex]

Kersey a plusieurs mois pour digérer le tag sur le cul de sa fille, mais il est très influencé par le redneck texan qui le place sur la voie qu'il emprunte...

[Manolito]

Les mecs qu'il bute sont quand même des grosses raclures...

Alors ça, on n'en sait rien du tout ! Le type qui se prend les pièces dans la gueule, il n'a pas l'air bien redoutable par exemple? Kersey ne fait pas de détail et assimile tous les voyous aux agresseurs de sa famille, il ne fait pas de distinction et voit le crime comme un problème à traiter globalement. C'est vraiment toute la différence entre un "Justicier dans la ville" et des films de vengeances classiques ; jamais Kersey ne retrouve et punit les agresseurs de sa famille. Chaque fois qu'il est attaqué, c'est par des gens qu'il a délibérément provoqué, appaté...

[celia0]

le type qui se reçoit les pièces menace quand même Bronson avec un couteau. Un coup dans la figure c'est de bonne guerre.
Dans le 3 Bronson réplique par coup de 38

Et puis "appater", cela s'applique encore au numéro 3 où il achète une voiture et la gare sous leur yeux. Dans le 1, il se contente de se ballader dans la rue et de laisser le charme agir.

[drummonde]

Les mecs qu'il bute sont quand même des grosses raclures...

Alors ça, on n'en sait rien du tout ! Le type qui se prend les pièces dans la gueule, il n'a pas l'air bien redoutable par exemple? Kersey ne fait pas de détail et assimile tous les voyous aux agresseurs de sa famille, il ne fait pas de distinction et voit le crime comme un problème à traiter globalement. C'est vraiment toute la différence entre un "Justicier dans la ville" et des films de vengeances classiques ; jamais Kersey ne retrouve et punit les agresseurs de sa famille. Chaque fois qu'il est attaqué, c'est par des gens qu'il a délibérément provoqué, appaté...

Je suis assez d'accord. Dans le nouvel obs et autres on peut lire, de nos jours, que seul cet épîsode est bien foutu et moins "facho" que les autres ! Et pourtant c'est le plus hard de tous, au niveau de l'idéologie : les voyous ne meritent pas tous ici la peine capitale, Kersey s'en sort bien, couvert par les autorités et adulé par le public, c'est different de I spit on your grave ou Death Wish II qui sont des purs films de vengeance dans lesquels on se venge d'individues précis ... Le meritant amplement. Ici, comme le dit Manolito, on en sait rien !

Sinon comme Manuma, j'ai un gros faible pour le deux

[Manolito]

le type qui se reçoit les pièces menace quand même Bronson avec un couteau. Un coup dans la figure c'est de bonne guerre.

Non, justement, il n'a pas d'arme, c'est pour cela que je citais son cas...

Enfin, oui, il est très clairement expliqué dans "Un justicier dans la ville" que Kersey tend des pièges. Il sort son portefeuille bien en vue et plein de dollars dans un rade louche. Il passe des heures dans le métro avec un sac à provision en attendant d'être agressé...

[celia0]

J'ai vérifié à l'instant, l'agresseur tient un couteau dans la main droite.....