
Un jeune professeur (Jacques Brel) se fait accuser de viol par plusieurs jeunes filles de sa classe. Les témoignages de Catherine, d'Hélène (Nathalie Nell), de Brigitte (Christine Simon), de Josette s'empilent... et ce sont attouchements, chemisiers déchirés, photos de lui qui auraient été remises aux jeunes filles.
Clamant son innocence, il est incarcéré. Commence alors le jeu de la suspicion. Même sa femme (Emmanuelle Riva) doute de la sincérité de son mari tant les témoignages des jeunes filles sont précis.
André cayatte et Armand Jammot adaptent un roman pour l'occasion. A la différence d'un Chabrol qui se fixait sur une certaine bourgeoisie provinciale, Cayatte effectue une plongée dans une petite bourgade où les filles de prolétaires croisent la fille du notable de la région. Celle-ci, Hélmène, règne sur ses amies et la chute est d'auatnt plus dure lorsqu'elle accuse le professeur d'avoir profité de son statut pour abuser d'elle.
C'est tout un village qui va se retrouver derrière les jeunes filles. Jusqu'au chef de chantier qui va protéger un mensonge afin d'avoir la paix dans le village. Que la mère de l'une des victimes va aller jusqu'à mettre en scène sa propre fille agressée pour des journalistes venus faire un reportage (NB : les amateurs des jeux de 20h auront tôt fait de reconnaitre l'illustre Christine Fabréga dans ce rôle de mère indigne).
Le scénario développe également un point intéressant, celui du racisme tranquille. Un jeune portugais parlant mal le français est "embauché" pour le travail de la pierre dans la carrière d'à côté. Il est "l'étranger", travaillant et logeant à l'écart du village... comme quoi, l'immigré de 1967 et celui de 2007 bénéficiaIt déjà d'un certain ostracisme considéré comme "normal" par le tout venant.
Le film, construit comme un suspense policier, réussit à ne pas faire passer l'ensemble des portagonistes villageois pour des demeurer, des racistes.
SPOILERS
Juste des gens défendant leurs enfants et les croyant avant tout.
END SPOILERS
C'est quand même une mentalité étriquée, un esprit Clochemerle, faite de petites rivalités et de jalousies qui vont secouer ce petit monde. Et ce n'est que vers la fin que les langues vont se délier et que le fin mot de l'affaire sera révélé.
On notera, pour une rare fois, que la photographie chez Cayatte est lumineuse, ici. Baignée de soleil (un peu comme dans Mourir d'aimer, dernier film à utiliser une lumière franche chez lui), elle contraste avec celle des scènes de prison, plus en demi-teinte.
La construction des scènes finales révèlent toutefois une certaine faiblesse, usant du flash back pour expliquer certaines actions. C'est un peu maladroit et ne contribue pas à la linéarité de l'ensemble.
Jacques Brel se sort avec tous les honneurs d'un rôle délicat, tout comme Emmanuelle Riva dans la rôle ingrat de la femme partagée. La révélation, c'est Nathalie Nell dans le role ambigu de la jeune Hélène par qui tout arrive.
En clair, un des plus gros succès d'André Cayatte (produit par Alain Poiré pour Gaumont), et qui demeure étrangement moderne après toutes ces années. Pas son meilleur, mais toujours une certaine sincérité dans le propos, même si les ficelles sont parfois très grosses.
Alors, Brel : coupable ou pas?
Pour le savoir, il va falloir chopper un enregistrement TV ou une vieille VHS.
Pour ma part, ce fut sur un enregistrment France 3 de 1993, 1.66:1 et 1H39.
NB après vérif sur ebay, les VHS sont à près de 50 €

AVP du film en 1967
http://www.ina.fr/archivespourtous/inde ... AF89016718