Ce que j'en écrivais à l'époque:
Sympathique incursion française dans l'anticipation, Demain les mômes reprend un peu le thème du Survivant- à savoir une catastrophe ici inconnue responsable de la disparition de l'humanité à l'exception de quelques survivants. L'un d'entre eux, Philippe, passe le plus clair de son temps à essayer de capter un signe de vie grâce aux antennes radio entre deux attaques de voyous qui violeront et tueront sa femme.
De trés rares dialogues, une lenteur rigoureuse, il ne se passe rien dans cette première partie hormis l'attente, pesante, le silence, la vie au quotidien.
On pourra s'ennuyer ferme si on n'accroche pas un tant soit peu à ce climat qu'essaye avec plus ou moins de bonheur d'instaurer Pourtallé. Le problème est peut être là. A force de vouloir reproduire le silence et l'ennui, Pourtallé finit par... ennuyer.
Manque de force certes mais surtout cette indicible tension, propice à l'angoisse, est plutôt absente ici.
L'arrivée des enfants en deuxième partie devient plus interessante. Ils parviennent à créer ce qui manquait: l'angoisse et le malaise, le mystère.
D'où viennent ils, que veulent ils, que cherchent ils? Bande de gamins, sauvages, muets, au regard à la fois triste et cruel mais si bien organisés, véritable petite société parfaite, sans chef, sans heurt où chacun sait ce qu'il a à faire et ou le travail se confond avec le jeu.
Philippe pour qui ces enfants représente l'avenir va essayer de recréer un semblant de vie avec, les dompter, les accueillir, tenter d'en faire ses semblables et leur inculquer son monde, son héritage culturel. Mais ils demeurent lointains et desespérement muets, attitude qui fait perdre patience à Philippe, le rendant fou.
Tout les sépare et rien ne pourra rapprocher ces deux modes de sociétés.
Quand finalement il les dompte, c'est pour mieux arriver à sa perte, dompteur dompté, chasseur chassé dont la mort sera l'ultime étape lors d'un final assez cruel sur une plage nordique, ultime image terriblement ambigue qui n'est pas sans rappeler la fin de l'extraordinaire et inégalé Les révoltés de l'an 2000.
Demain les mômes est un film non dénué d'interet malgré ses défauts et son manque de ton, film au sujet inquiétant montrant simplement un mode de vie où la difference n'aurait plus sa place.
Dommage que Pourtallé n'ait pas eu l'audace ni le savoir faire de Ibanez.
Aux cotés de Niels Arestrup, on remarquera en effet une Béart toute adolescente, déjà salope et vicieuse, encore brune avant ses Premiers désirs!
