Lila Green, qui a eu une enfance difficile, est belle et souhaite devenir une artiste. Avec le cabaret de madame Olga, elle ne fait que des petites tournées provinciales. L'une d'entre elles la fait revenir dans le village où elle a vu le jour. Mais Rick, son partenaire et fiancé, se sauve avec son bagage. Helen Baird, une voisine attendrie, lui offre l'hospitalité. Kenny, son fils, va s'intéresser à Lila...

Ce premier film de cinéma de Franklin J. Schaffner - Les Loups et l’agneau en VF - est adapté d’une pièce de théâtre de Broadway de William Inge (un flop en son temps). Il appartient à cette grosse vague de psychodrames intimistes produits par Hollywood entre la fin des années 50 et le milieu de la décennie suivante, généralement riches en personnages torturés, en destins brisés et en désirs, sexuels et autres, refoulés, films le plus souvent situés dans une Amérique de la bourgeoisie provinciale bien propre sur elle.
Pas vraiment de grosse surprise donc dans le contenu. La trame et le profil psychologique des principaux protagonistes restent assez convenus. Le film est évidemment un peu bavard et son dénouement s’avère relativement attendu. Néanmoins ça se laisse bien regarder. Déjà parce que le film est relativement court (95 mn) pour une production de ce type (cf les adaptations théâtrales et littéraires de Richard Brooks, parfois interminables). Ensuite parce que la réalisation de Schaffner, aérée, en mouvement constant, apporte un dynamisme salutaire à l’ensemble. Côté interprétation, Joanne Woodward s’en sort bien, arrivant presque à nous faire oublier sa sale coupe de cheveux. Elle est en outre très bien entourée (Carol Lynley, Robert Webber, Michael J. Pollard).
Par ailleurs, le film connu une gestation douloureuse. Son producteur Jerry Wald passa l’arme à gauche avant la sortie du film. Daryl F. Zanuck, patron de Fox, repris alors le contrôle des opérations et décida de retravailler le montage de Schaffner. Il vira quelques scènes importantes, comme la tentative de suicide de l’héroïne juste avant de quitter le domicile des Baird, et réinjecta dans l'intrigue le personnage de Carol Lynley, la petite amie de Kenny.
A noter que Curtis Harrington est crédité comme producteur exécutif du film.