Shogun Ninja (1980) Norifumi Suzuki

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MadXav
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Shogun Ninja (1980) Norifumi Suzuki

Message par MadXav »

Shogun Ninja fait partie de la pseudo trilogie « Shogun » éditée en coffret zone 2 récemment par HK… Un coffret de bonne facture, joli et contenant un petit livret bref mais pertinent.

Bien que Shogun Ninja ne soit pas le premier chronologiquement parlant (mais on s’en fout), je commence par celui-là parce que c’est le plus :shock: des trois !

Scénario à base de Ninjas bondissants :
Shiranui (Sonny Chiba) est un brave salaud à la tête d’une armée de Ninja. Lui-même œuvre pour Hideyoshi, un haut dignitaire assoiffé de pouvoir… Cette quête de puissance passera par la destruction du clan Momochi. Shiranui est donc envoyé pour buter vilement le chef de clan et y parvient sans mal, justement parce qu’il est vil. Suite à ce crime atroce, l’épouse de Momochi de fait harakiri (c’est pas un autre homme, c’est une technique) et laisse son fils, Takamaru, aux bons soins d’un p’tit vieux sympa. Le p’tit vieux sympa saute dans l’eau avec l’enfant (pour qui les besoins de la scène est un magnifique mannequin) et rejoint la Chine à la nage. Là, l’enfant grandit et devient un Bruce Lee avec la coupe de cheveux de Jackie Chan jeune. Il décide alors de retourner au Japon en barque (ça va une fois de faire le trajet à la nage…) pour se venger…

Ce qu’il en dit le monsieur
Mine de rien, dans ce synopsis, je vous épargne pas mal de choses. Parce qu’en vérité, Shogun Ninja est un pur moment de portnawak scénaristique. Ichiro Otsu (scénariste aussi de Shogun’s Sadism) se lâche et nous livre en vrac : Une jeune fille aimante qui reconnaît Takamaru 15 ans après alors que nous même, on le reconnaît pas. Une jeune traîtresse aimante mais traîtresse quand même, des Ninjas qui jouent à Tarzan, d’autres préférant grimper aux arbres la tête en bas, des tortures à base d’eau bouillante, un p’tit vieux qui débarque de nulle part pour filer de bons conseils (même quand il meurt, il en donne encore, et encore, et encore) etc. On a là des interactions improbables, des coïncidences douteuses et autres situations abracabrantesques. Vraiment un gros bordel sur le plan de l’écriture donc…

Mais Shogun Ninja ne tire pas son intérêt de ce fatras scénaristique (quoiqu’il joue un rôle). Non, l’intérêt du film, c’est sa mise en scène totalement hallucinée de Norifumi Suzuki qui part ici totalement en youkou.
Six ans après le dernier Baby Cart, le Chambara se porte mal. Tous les excès ont été portés à l’écran et le genre s’est essoufflé. Gonflé par le succès du Shogun Samourai de Fukusaku, Norifumi Suzuki décide de se laisser aller au film de sabre à ambiance pop délirante. Tout le monde surjoue, les situations sont improbables, les sauts de 20 mètres sont monnaie courante, des aberrations de tous poils surgissent toutes les 5 minutes et les ninjas sont… couillus ! Qu’ils se balancent comme tarzan ou s’agrippent aux arbres la tête en bas, tous sont étonnants. Les déplacements d’arbre en arbre sont :shock: , de même que les déplacements sous le sol (façon histoire de fantôme chinois) et autres techniques de furtivité. Mais tout ça ne serait que très banal s’il n’y avait pas en plus des bruitages monstrueux ponctuant l’ensemble du film. Des « Piouiouiou ! » soutiennent chaque coup de pied (au ralenti bien sûr), de même que des « binginging ! » et autres « fiouiouiou… ». Trop fort. Des bruitages totalement synthétiques usant et abusant d’effet « écho » jusqu’à l’étouffement total du son. Une expérience à vivre ! Plus kitsch que X-Or, ces bruitages sont secondés par une bande originale elle aussi réalisée sous extasie. Limite on regrette l’absence d’une boule à facette dans un coin de l’écran !

Bref, Shogun Ninja est un film bordelique sous une influence Pop prononcée à l’extrême. Mais c’est aussi l’affrontement de deux styles : Celui du Ninja et celui du Kung Fu chinois. Une rencontre qui avait déjà eu lieu auparavant mais plutôt du côté du cinéma HK. Ici, c’est donc les Japonais qui se prêtent au jeu avec, surprise, le style Chinois qui l’emporte. Ce style est incarné par Hiroyuki Sanada, interprète du héros élevé en Chine. L’homme se débrouille plutôt bien dans son imitation cheap de Bruce Lee et convainc lorsqu’il plante un coup de pied (toujours au ralenti avec de l’écho, c’est important). Les chorégraphies sont plutôt correctes mais il est très manifeste, durant tout le métrage, qu’aucun coup ne porte. Au mieux, le pied passe à 30 cm du visage ! Bref, pas très sérieux tout ça !

De chine nous récupérons aussi l’aspect « kung fu comédie » très prononcé du métrage. Le combat mettant en scène « l’amoureuse » du héros est à ce titre très surprenant. Surprenant car le film passe d’une séquence dans laquelle une femme se fait Harakiri à une autre dans laquelle une minette fait la grimace en distribuant des coups de tatanes pour finir par craquer le fond de son pantalon ! Une alternance de ton déroutante, ajoutant encore une fois (mais jusqu’où iront-ils !?) à la folie de l’ensemble…

Shogun Ninja n’est donc pas un grand film. Mais il est tellement bordélique, fou et pop qu’on ne peut s’empêcher de l’apprécier et de se délecter de sa folie décomplexée. Tout est ici réuni pour nous livrer un film hors norme, divertissant et au final, très amusant… A voir donc, même si ce n’est pas là l’intérêt principal du coffret HK.
Dessin et sketching liés au cinéma, au voyage, etc. :
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Cosmodog
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Re: Shogun Ninja (1980) Norifumi Suzuki

Message par Cosmodog »

Je viens de découvrir cette perle du chambara sous LSD ! Pas grand chose à ajouter au texte pertinent de Madxav. C’est effectivement un concentré de film de sabre/kung-fu typique série B agrémenté de Portnawak que n’auraient pas renié les ninjas de la Canon ! On est au premier abord assez surpris (ah ces combats au sabre sur fond de musique lancinante au saxophone ! :D ), puis quand même atterré par une histoire qui part dans tous les sens et des bastons/compètes de gymnastique à la limite du ridicule bien souvent, qui plus est menées par ce cher Ayato échappé de San Ku Kaï ! Puis dans sa deuxième partie c’est franchement la rigolade qui prend le dessus et ça devient jouissif au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans le huitième degré de la chorégraphie martiale et de la logique scenaristique !
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