L'acteur Arno Frisch que l'on retrouvera 5 ans plus tard dans Funny Game interprète ici le jeune Benny. Benny est le fils unique d'un couple entré dans une certaine routine. Les parents délaissent quelques peu l'enfant qui apprend à découvrir le monde par le biais de sa caméra. Peu à peu, Benny se détache via cet instrument de la réalité pour devenir un gamin étonnement froid. Un jour, il vole un pistolet d'abattoir au boulot de son père et invite une camarade de classe à venir jouer chez lui. Sur elle, il va tester le pistolet, à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'elle succombe devant la caméra. Les parents découvrent le drame et tentent de cacher le crime de leur fils. Pire, ils tentent de l'occulter totalement, de l'effacer aussi bien physiquement que mentalement en agissement tant que possible comme si de rien était. Benny pourrait être heureux de constater que ses parents s’occupent enfin de lui, mais c'est trop tard, le gamin a définitivement quitté le monde du concret, de la famille et de l'humanité pour celui du factice, de la froideur et de la cruauté...
Longtemps que j'ai vu ce film donc pas sûr d'être tip-top dans les détails mais ce qui est sûr, c'est qu'avec "Benny's Video", Haneke nous colle encore une bonne grosse claque. Un film tout simplement épouvantable dans lequel le monstre est un enfant victime de l'oubli de ses parents. Outre quelques séquences "choc" comme l'abattage d'un cheval en début de film ou celui de la fillette, ce qui choque avant tout dans "Benny's video", c'est l'acteur Arno Frisch. Alors âgé de 17ans (il est supposé en avoir 14 je crois dans le film mais ça passe sans mal), le jeune homme montre une vraie disposition pour l'odieux. La froideur de ses actes et surtout de son visage, impassible, terrifie. Le film entier repose sur ses épaules et le résultat est là : Sidérant. Impossible de sortir indemne d'un film qui joue encore une fois la carte du réalisme et de la simplicité.
Les parents se laissent dépasser par les évènements, tentent d'agir au mieux, comme le feraient n'importe quels parents mais y'a t'il une solution ? Pas vraiment. L'acte est si grave que l'enfant pousse ses parents au sacrifice. Doit-on voir cela comme une "punition" de leur relative absence (encore une fois, ce ne sont pas de mauvais parents, ils sont (pré-)occupés par d'autres soucis du quotidien) ? Sans aucun doute. Là encore, Haneke nous met face à une réalité qui dégénère tout en restant crédible et là encore, c'est bien de cela que naît le malaise...
Pour moi, un très bon film.
Benny's Video (1992) Michael Haneke
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team