Toujours dans le coffret triple galette contenant trois films de Haneke, j'aborde aujourd'hui le cas de 71 fragments...
Ze Story :
Un jeune est exaspéré, il prend son flingue, sort dans la rue et tire. Plusieurs blessés, trois morts. Qu'est ce qui a poussé ce jeune blaireau à faire ça ? Pourquoi avoir tiré sur ces personnes en particulier ? Qu'avaient-elles de spécial ? Pourquoi tant de haine ? L'Autriche est-elle vraiment un pays de merde ?
Ze avis :
Hummm... Là j'ai un big souci avec ce film parce que ça me semble pousser le bouchon bien trop loin. A savoir que Haneke nous refait le coup de la vie quotidienne avec tout ce que cela comporte de tristesse et d'incompréhension, de futilité et de grisaille. Un peu comme dans "Le 7eme continent" sauf qu'ici, il s'attache non pas à 1 famille mais à plusieurs individus/couples/familles qui n'ont absolument aucun point commun si ce n'est "la routine" de leurs existences. Autre différence, Haneke fragmente ces vies de manière "arbitraire" pour nous en montrer des instants plus ou moins significatifs. Soit parce qu'ils sont "banales", soit parce qu'il s'agit de moments heureux ou, à l'inverse, tristes. Bref, des fragments pas tout à fait anodins qui font parfois sourire mais ennuient profondément durant 99% du temps. Et ces 99% du temps, ça représente quand même 1h30 de métrage !!! Les 5 dernières minutes étant consacrées à l'homme qui sort son flingue et tire...
L'homme qui fait feu, ça pourrait être n'importe lequel des protagonistes. Tout simplement parce qu'il pète un plomb et qu'il n'a pas plus de raison qu'un autre d'en arriver là. C'est gratuit, ponctuel, un moment de folie imprévisible et non calculé.
Haneke prend le parti pris de ne pas montrer ceux qui meurent. De sorte qu'on ne sait pas lesquels des protagonistes dont on a suivi la "vie" et mort. Une démarche intéressante mais qui mène à quoi ? Quel constat mener ? Que la violence est omniprésente et en chacun de nous ? Cette théorie est secondée par des images réelles d'informations de l'époque nous montrant Michael Jackson accusé de pédophilie ou les image d'une guerre... Au milieu de tout cela, l'acte du tireur impulsif prend une place "normale", celle un évènement violent parmi tant d'autres. Il est noyé dans la masse, le tueur est un homme lambda et les victimes sont anonymes. Tel est le constat que porte Haneke.
Et là, j'ai envie de dire : "Tout ça pour ça ?". Parce que oui, il y a quelques bonnes idées et oui, la mise en scène est parfois astucieuse. En revanche, le message est sans substance et le film ennui très fortement. De plus, sur le plan moral, c'est un peu douteux. On a l'impression que Haneke méprise tous ses personnages qui sont pourtant des gens « ordinaires ». L'impression que pour lui, tous méritent de mourir et que leur misérable existence ne vaut rien. Un message désespéré, conforme à l'oeuvre globale du monsieur mais qui n'en reste pas moins douteux...
Bref, un tel exercice méritait sans aucun doute un court métrage, mais certainement pas un long. Le film paye le prix de cette longueur et ennui fortement pour finalement nous délivrer un message plat et plutôt immoral. La lenteur du "7eme continent" s'avérait nécessaire au film, ici elle est fatale. Cette contemplation extrême pousse Haneke à se perdre et à perdre l'attention de spectateurs (ma copine et moi dans le cas présent) qui lui étaient pourtant acquis... Bien dommage.
71 fragments d'une chronologie au hazard (1994) M. Haneke
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team
Nous vivons dans un monde atroce parce qu'il y a des magazines de cul vendus en kiosque (dans les gares) et qu'un petit nenfant peut effleurer des yeux des photos de femmes nues. Voilà la mentalité de Haneke dans tout son simplisme et son hypocrisie. Du cinéma ennuyeux, sermoneur, plat, pompant à droite et à gauche (Bresson, Bergman)... Tout ce que je n'aime pas chez Haneke. Même s'il a fait pire !
-
- DeVilDead Team
- Messages : 12859
- Enregistré le : lun. mai 03, 2004 8:18 am
- Localisation : Sur la plage à latter des Ninjas rouges
Tu oublies que sur ce kiosque à journaux, il y a en plus du sexe de la violence avec un magasine montrant Hulk Hogan en train de hurler !Manolito a écrit :Nous vivons dans un monde atroce parce qu'il y a des magazines de cul vendus en kiosque (dans les gares) et qu'un petit nenfant peut effleurer des yeux des photos de femmes nues.
