Les époux Knight et leur jeune fils Travis, âgé de 9 ans, doivent témoigner dans un procès mafieux. Ils ont été placés sous protection du FBI., dans une ferme de l’Oklahoma. Mais 2 tueurs professionnels, Cohen and Tate, parviennent à abattre les 2 parents. Seul survit Travis, qu’ils kidnappent dans le but de le livrer aux pontes de la Mafia de Houston, à quelques 355 miles de là.
Cohen and Tate est le première long métrage d’Eric Red, scénariste de
Hitcher,
Near dark et
Blue steel, ainsi que plus récemment réalisateur de l’excellent
100 Feet. Tourné principalement de nuit dans la région de Houston, Texas, cette histoire de kidnapping d’enfants et de tueurs à gages aux styles diamétralement opposés relève en premier lieu du genre neo-noir, même si – de la même façon qu’
Hitcher – le film flirte constamment avec l’épouvante, ne serait-ce que dans son atmosphère.
On n’aurait toutefois tort de considérer
Cohen and Tate comme une simple redite d’
Hitcher. Certes il y a un peu de ce dernier dans la façon qu’a Eric Red d’appréhender le cadre géographique de son récit, inquiétant défilé de paysages semi-urbains interchangeables dans lesquels se perdent, au propre comme au figuré, les protagonistes de son histoire. Cependant, dans son sujet, beaucoup plus classique que celui d’
Hitcher, et dans son esthétique, on est loin du film de Robert Harmon. Aux images léchées de John Seales et à la musique avant-gardiste de Mark Isham se substituent ici une photographie plus granuleuse, plus seventies (l’emploi de Victor J. Kemper, directeur de la photo d’
Un Après-midi de chien n’est pas innocent), et une imposante partition musicale orchestrale de Bill Conti.
Maintenant, aussi intéressant soit-il,
Cohen and Tate n’est pas non plus une œuvre parfaite. Si Eric Red montre, pour ses débuts de réalisateur, un incontestable talent à développer une atmosphère pesante, entre film à suspense et thriller horrifique, s’il impose incontestablement une patte à son travail, l’émaille de références bien digérées au film noir (le final dans le champ de derricks, avec son petit côté
Nightfall de Tourneur) avouons qu’il ne fait pas constamment preuve de la même rigueur au niveau de l’écriture. On savait déjà, à travers
Hitcher et
Blue Steel, qu’il ne s'attardait pas trop sur le paramètre cohérence dans la rédaction de ses scripts – ce qui contribuait d’ailleurs à l’aura particulière de ces films. Mais là, cela vire un peu à la négligence, dans la mesure où ce qui passait pour mystérieux dans les films d’Harmon et Bigelow devient ici tout simplement invraisemblable, voire absurde. Beaucoup plus appréciables en revanche sont les touches d’humour noir, relatives à l’affrontement des personnalités antagonistes des 2 tueurs, qu’injecte Eric Red dans son récit.
Très mal distribué en son temps (le film fut produit par une petite compagnie qui fut rachetée par une autre, laquelle fut ensuite rachetée par une autre, and so on…),
Cohen and Tate, en dépit de ses quelques scories, n’a cependant pas volé sa réputation de petit film culte acquise au fil des années.
Vu sur le DVD
manufactured on demand de chez MGM, qui annonce fièrement un DVD conçu à partir de la meilleure source disponible. Ce qui ne veut évidemment pas dire grand-chose et se traduit dans les faits par une copie juste correcte, un peu sale, en accord avec la patine seventies souhaitée par le réalisateur (vous diront les plus indulgents). Pas de chapitrage, mais possibilité d’avancer dans la lecture du film par tranche de 10 minutes. Seul bonus – qui fait presque plaisir étant donné les circonstances : une bande-annonce. Version originale uniquement.
Bref, c’est toujours mieux que ma VHS initial qui rebaptisait le film
Hitman, alors que son titre français premier - celui de la VHS Delta Video en tout cas - est
Profession tueur.